Vieux frères | Gerold
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Vieux
frères
Le Guet avait été appelé. Quelle idée, tout de même, pour un pauvre coup de poing. Il y avait certaines castes de personnes que Belarro n’aimait vraiment pas, et parmi eux, ceux qui le surprenaient en train de tricher à un jeu. Comme il le faisait souvent, le braavien de naissance avait parié quelques sous à un jeu de dés, et avait raflé toutes les mises en utilisant ses dés pipés. Son adversaire, une sorte de bœuf imposant doublé d’un mauvais perdant, l’avait finalement agrippé avec fermeté et lui avait arraché ses instruments de tricherie. Et si le capitaine avait tenté d’abord de se défendre de ces viles accusations, il lui avait finalement envoyé son poing dans la figure. L’autre avait rétorqué de la même manière, contraignant Belarro à fuir la taverne.
Dans sa fuite, Belarro avait entendu le bœuf beugler, et un autre s’était précipité en quête des manteaux d’or. Pressant le pas dans les ruelles nauséabondes de la capitale ouestrienne, il songea que les gens d’ici étaient des abrutis bien susceptibles. Ou bien était-ce l’approche du tournoi princier qui les rendait tous paranoïaques.
Une chose était sûre, Belarro traînait dans son sillage bon nombre de méfaits, et il préférait être suffisamment loin de la garde lorsque celle-ci interviendrait.
Lorsqu’il revint au niveau du port, il ralentit enfin le pas, coulant tout de même un regard suspect derrière lui. Personne ne le suivait. Ses yeux bleus passèrent sur les navires qui occupaient la quelque centaine de quais. Voilà longtemps qu’il n’avait connu un lieu si agité : même dans la nuit, les chahuts des voix résonnaient tout autour de lui, l’eau répercutant d’autant plus les exclamations et autres chants enjoués. Déjà, Port-Réal était en fête.
Massant sa mâchoire endolorie tout en scrutant les navires à la recherche du sien, Belarro lançait autour de lui des regards incertains – entre mauvaise humeur et envie de suivre la complexion festive de cette cité de malheur. C’est alors qu’il entrevit dans les ombres des cheveux à l’argent pâle et surtout une gueule qu’il ne connaissait que trop bien. C'est pas vrai, songea-t-il tant le hasard était fou.
Il eut un large sourire ensanglanté, la pulpe de sa lèvre éclatée sous le coup qu’il avait reçu, et dégaina sa rapière pour la tendre vers son vieil ami, dans une fausse menace mais espérant bien le prendre par surprise.
— En garde, blondinet !
Son accent hachait toujours sa maîtrise très relative du commun, mais cet idiot de Gerold devrait au moins le reconnaître à cela. Belarro éclata de rire en s’approchant, finalement pas si surpris que cela de croiser ce vieux frère ici et maintenant – après tout, ils avaient tous deux un goût prononcé pour la fête et le fait de se faire remarquer.
Dans sa fuite, Belarro avait entendu le bœuf beugler, et un autre s’était précipité en quête des manteaux d’or. Pressant le pas dans les ruelles nauséabondes de la capitale ouestrienne, il songea que les gens d’ici étaient des abrutis bien susceptibles. Ou bien était-ce l’approche du tournoi princier qui les rendait tous paranoïaques.
Une chose était sûre, Belarro traînait dans son sillage bon nombre de méfaits, et il préférait être suffisamment loin de la garde lorsque celle-ci interviendrait.
Lorsqu’il revint au niveau du port, il ralentit enfin le pas, coulant tout de même un regard suspect derrière lui. Personne ne le suivait. Ses yeux bleus passèrent sur les navires qui occupaient la quelque centaine de quais. Voilà longtemps qu’il n’avait connu un lieu si agité : même dans la nuit, les chahuts des voix résonnaient tout autour de lui, l’eau répercutant d’autant plus les exclamations et autres chants enjoués. Déjà, Port-Réal était en fête.
Massant sa mâchoire endolorie tout en scrutant les navires à la recherche du sien, Belarro lançait autour de lui des regards incertains – entre mauvaise humeur et envie de suivre la complexion festive de cette cité de malheur. C’est alors qu’il entrevit dans les ombres des cheveux à l’argent pâle et surtout une gueule qu’il ne connaissait que trop bien. C'est pas vrai, songea-t-il tant le hasard était fou.
Il eut un large sourire ensanglanté, la pulpe de sa lèvre éclatée sous le coup qu’il avait reçu, et dégaina sa rapière pour la tendre vers son vieil ami, dans une fausse menace mais espérant bien le prendre par surprise.
— En garde, blondinet !
Son accent hachait toujours sa maîtrise très relative du commun, mais cet idiot de Gerold devrait au moins le reconnaître à cela. Belarro éclata de rire en s’approchant, finalement pas si surpris que cela de croiser ce vieux frère ici et maintenant – après tout, ils avaient tous deux un goût prononcé pour la fête et le fait de se faire remarquer.
Belarro & Gerold Dayne;
An 298; lune 04; semaine 01; jour 04;
Port-Réal, port;
An 298; lune 04; semaine 01; jour 04;
Port-Réal, port;
« Regarde donc, père, si je suis ta ruine. Il n’y a pas d’homme plus riche que moi en cette terre, personne qui n’ait ni ma puissance, ni ma gloire. Si une personne ici fait honte à l’autre, c’est toi – car je suis un cadeau des dieux et que tu me jalouses depuis toujours. »
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The dawn of hell
Naerys & Gerold
An 298; lune 04; semaine 01; jour 04;
"Hue et dia ! Hue mon beau"
L'imposant destrier s'ébroua et ses lourds sabots vinrent frapper le sol avec une cadence soudainement accrue. Les muscles roulèrent sous le large poitrail de la monture et son souffle se fit plus intense et bruyant au fur et à mesure qu'il atteignait sa vitesse maximale. Un véritable fracas retentit dans la clairière alors qu'une dizaine d'autres montures, de tailles et de puissances variées, prenaient à leur tour leur élan. Le cri des chiens accompagne le tumulte alors que venaient l'halali. Les hurlements stridents furent bientôt couverts par le lourd galop des chevaux alors que la troupe s'avançaient.
La majestueux cerf jeta un coup d'oeil en arrière, son regard affolé trahissant douleur et panique. Trois lourdes flèches à l'empennage doré et noir étaient profondément ancrées dans le haut de sa patte arrière. Ce n'était qu'une question de temps avant que la chasse ne s'achève. Le regard brillant de l'excitation de la traque, Gerold se leva sur ses étriers et porta son cor à la bouche. La vibration basse résonna sous les bois alentour et les chiens répondirent par de longs hurlements, excités par l'odeur du sang. Avec un soupir de plaisir, le seigneur de Haut Hermitage cala soigneusement son épieu contre sa hanche et lâcha le cor. Ne prêtant guère attention à la corne frappant contre son flanc, le chasseur fit sauter habilement son arme dans sa main et lança l'épieu à la manière d'un javelot.
L'arme d'hast fit une volée presque parfaite avant de se planter en travers de la gorge du cerf. L'animal trébucha, s'effondra au sol. Il essaya de se relever, cabra avant d'à nouveau mordre la poussière, les pattes tremblantes et les pupilles roulant au fond ses yeux devenus fous. Les cavaliers ralentirent aussitôt et mirent rapidement pied à terre, se regroupant autour de l'animal. Gerold s'approcha le premier de l'animal, suivi de près par Jaekar. Ce dernier lui tendit un nouvel épieu, à la lame plus longue et affutée de près. Le baron inspecta le fil de l'arme d'un coup d'oeil plus en plaça la pointe droit au dessus du coeur de la bête. Il la regarde une longue seconde et adressa une prière silencieuse à la Mère pour la remercier de son don avant d'enfoncer son arme droit dans le coeur du cerf, mettant fin à ses souffrances.
Les autres participants à la chasse parurent les uns après les autres et se félicitèrent de la belle prise. Gerold eut son compte de claques dans le dos et de rugissements de joie. Leur équipée s'était faite une mission presque divine de ramener de belles bêtes. Outre un sanglier, une dizaine de perdrix et une biche, le cerf était l'apothéose de cette traque. Ils burent du vin à même les outres tandis que les serviteurs s'occupaient de découper la viande. Coeur et abats allèrent au chien et l'on offrit à Gerold une magnifique tranche. Il souleva avec un cri de triomphe avant de la ranger dans sa besace. Le soleil brillait encore haut et fort mais après de nombreuses heures de traque dans le Bois du Roi, il était plus que temps de rentrer à Port Réal.
Port-Réal... Voilà de qui rappelait de doux souvenirs, une époque révolue de paix, de retour à la normal avant d'être seigneur. Ce moment de répit passé réchauffait le cœur de Gerold alors que sa monture s'engageait sur la longue route sinueuse qui menait jusqu'à la capitale des Sept Couronnes. Juché sur un solide destrier de guerre, au poitrail épais et au caractère fougueux, le seigneur admirait la beauté des plaines alluviales de la Néera. Il y'avait un aspect reposant à voir les bosquets d'arbres, les champs où les derniers blés dansaient paresseusement. Après les terres rocailleuses mais arrosées de l'Orage, Gerold se sentait las de l'humus humide, des plaines et vallons fumants, des villages confinés entre deux rocs ou deux forêts, aussi isolés que les derniers Targaryen par delà le Détroit.
Mais si la vue de Port Réal et sa paisible nonchalance rappelait à Gerold de doux souvenirs et un repos au cœur, il lui manquait la sauvagerie de Dorne et des Montagnes Rouges, la beauté indomptable des monts, la fraîcheur prenante des vallons. Il n'était pas un habitant des plus féroces des hautes terres Velterienne mais sa pittoresque beauté lui manquait. Si il n'aimait pas autant la vie sociale de Lancehélion, il éprouverait presque quelque plaisir à retrouver Haut Hermitage et ses pics pelés. A l'exception peut être de l'idée de devoir vivre sous le joug de sa soeur dont la haine choquait encore Gerold.
Un hennissement le fit sortir de sa rêverie et le seigneur notifia qu'ils avaient atteint les portes de la ville. Gerold hocha la tête en direction d'un des quatre chevaliers qui l'accompagnaient. L'homme se chargea de le présenter aux gardes moins d'une minute plus tard, les dix hommes - Gerold, les chevaliers et leurs écuyers - s'engageaient dans la principale artère de la ville. Dominant la foule, le seigneur leva les yeux vers le Donjon Rouge. Difficile de le rater. Pourtant, les pas de leurs montures ne les menèrent non pas vers le château mais plutôt vers les quelques rues peuplées par la minuscule diaspora dornienne. C'était ici que Gerold avait su trouvé un logement acceptable. Dès qu'il pût mettre pied à terre, il marcha droit vers le puit de la cour et fit signe au page de lui remonter un seau. Il renversa ce dernier sur son crâne en poussant un long gémissement de plaisir alors que l'eau froide ruisselait sur ses cheveux et ses épaules. C'était un véritable plaisir, plus jouissant qu'un nard pur accompagné d'encens. S'ébouriffant sa tignasse, Gerold laissa l'eau sécher sur sa peau puis se dirigea à grand pas vers une taverne. Avant d'être interrompu par une rapière.
Le chevalier, interdit, laissa filer son regard le long de la lame, de la garde finement ouvragée et surtout de son propriétaire. Ses yeux s'écarquillèrent l'espace d'un instant en reconnaissant ces bouclettes et ce sourire insolent. Il nota le sang et la boursouflure caractéristique de Bellaro. Il se demandait s'il verrait jamais le galbe ourlé des lèvres du braavien exemptes de toute souillure. Un sourire déchira la bouche de Gerold qui se contenta de repousser la lame d'une pichenette. Puant la sueur, le cheval et le sang, il attrapa Bellaro par les épaules et le serra contre lui avant de lui donner une grande claque dans le dos.
Fripouille et manant des Cités Libres ! Que fais tu ici ? Je vois que tu es déjà dans de sacrés troubles. Qui as tu essayé de voler cette fois ?
(c) DΛNDELION
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Vieux
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Belarro embrassa du regard son vieil ami. Celui-ci resta tout d’abord calme quand il se retrouva nez à nez avec la rapière, son regard d’acier longeant celle-ci jusqu’à s’illuminer à la vue du braavien. Après que Gerold eut écarté l’arme pointée sur lui, la puanteur de son étreinte et la claque virile dans le dos firent éclater Belarro d’un rire sonore. Celui-ci se recula, son sourire douloureux du coup reçu plus tôt.
— Le tournoi, mon ami ! Tu sais que le Magistral se trouve jamais loin des grands événements.
Il ponctua ses mots de l’ébauche d’une révérence. Fier comme un paon, il avait le geste théâtral et la parole plus encore, fait amplifié par l’accent qui hachait sa prononciation. Il massa sa mâchoire en haussant les épaules. Plutôt que de raconter ses mésaventures avec les dés pipés, il balaya la conversation d’un geste et éluda :
— Bah, le travail ! Mais toi, pouah ! Tu pues comme le rat crevé ! Qu’est-ce que t’as fait ?
Disant cela, Belarro ne se gêna pas de plisser le nez avec écœurement, et il épousseta avec soin son épaule, craignant que son crotté ami ne l’ait sali. Il était certes un fieffé fripon, il s’assurait de toujours bien présenter. Et cela passait par l’odeur, un détail que Gerold avait visiblement négligé.
Les yeux de Belarro explorèrent les quais qu’ils longeaient, trouvant enfin L’Arrogant, plus loin. Même sous les ombres de la nuit, la coque peinte couleur or ne passait pas inaperçue, pas plus que la figure de proue taillée en renard. Le braavien fit un signe dans cette direction.
— Mon navire est là, je dois avoir une bonne bouteille quelque part, si tu veux.
Il leva un sourcil railleur vers Gerold.
— Tu pourras me raconter tes derniers prouesses ! Et te laver, pour le bien de tout le monde.
Dans sa voix, derrière son accent chantant, l’on pouvait déceler un trait moqueur. Mais si Belarro restait un éternel taquin, il mettait moins d’efforts à humilier ses rares amis – parmi lesquels comptait Gerold. Le braavien, appuyant ses dires d’un clin d’œil, fit un pas en direction des quais.
— Le tournoi, mon ami ! Tu sais que le Magistral se trouve jamais loin des grands événements.
Il ponctua ses mots de l’ébauche d’une révérence. Fier comme un paon, il avait le geste théâtral et la parole plus encore, fait amplifié par l’accent qui hachait sa prononciation. Il massa sa mâchoire en haussant les épaules. Plutôt que de raconter ses mésaventures avec les dés pipés, il balaya la conversation d’un geste et éluda :
— Bah, le travail ! Mais toi, pouah ! Tu pues comme le rat crevé ! Qu’est-ce que t’as fait ?
Disant cela, Belarro ne se gêna pas de plisser le nez avec écœurement, et il épousseta avec soin son épaule, craignant que son crotté ami ne l’ait sali. Il était certes un fieffé fripon, il s’assurait de toujours bien présenter. Et cela passait par l’odeur, un détail que Gerold avait visiblement négligé.
Les yeux de Belarro explorèrent les quais qu’ils longeaient, trouvant enfin L’Arrogant, plus loin. Même sous les ombres de la nuit, la coque peinte couleur or ne passait pas inaperçue, pas plus que la figure de proue taillée en renard. Le braavien fit un signe dans cette direction.
— Mon navire est là, je dois avoir une bonne bouteille quelque part, si tu veux.
Il leva un sourcil railleur vers Gerold.
— Tu pourras me raconter tes derniers prouesses ! Et te laver, pour le bien de tout le monde.
Dans sa voix, derrière son accent chantant, l’on pouvait déceler un trait moqueur. Mais si Belarro restait un éternel taquin, il mettait moins d’efforts à humilier ses rares amis – parmi lesquels comptait Gerold. Le braavien, appuyant ses dires d’un clin d’œil, fit un pas en direction des quais.
Belarro & Gerold Dayne;
An 298; lune 04; semaine 01; jour 04;
Port-Réal, port;
An 298; lune 04; semaine 01; jour 04;
Port-Réal, port;
« Regarde donc, père, si je suis ta ruine. Il n’y a pas d’homme plus riche que moi en cette terre, personne qui n’ait ni ma puissance, ni ma gloire. Si une personne ici fait honte à l’autre, c’est toi – car je suis un cadeau des dieux et que tu me jalouses depuis toujours. »
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The dawn of hell
Naerys & Gerold
An 298; lune 04; semaine 01; jour 04;
Belarro ne connaissait pas les affres du temps et des excès. Si Gerold ne le connaissait pas depuis vingt ans, ils se croisaient de temps à autre dans des retrouvailles gargantuesques. Et là où le chevalier dornien n'était que pure provocation contrôlée et vie ascétique, le brigand des cités libres incarnaient l'hédonisme et l'hubris. Il était curieux qu'un natif des Montagnes Rouges juge ainsi un camarade de débauche. Pour tout les peuples de Westeros, ceux qui venaient de la Principauté l'était tout autant. Malgré tout, Belarro ne semblait pas changer. Aucune ride, aucun ventre d'ivrogne et surtout il ne montrait même pas le moindre signe de la couperose. Gerold avait vu des soldats et des chevaliers ravagés par les méfaits d'une vie sans limite et pourtant son ami les évitait autant qu'il commettait. Cela n'empêchait pas le chevalier d'être sincèrement ravi de le croiser. Il ne comptait pas beaucoup d'ami véritable, et soupçonnait Belarro de même, et les voir était toujours source de félicité. En particulier dans cette ville damnée, où Gerold attendait une seule chose : pouvoir en partir.
Gerold revint à la réalité et se contenta d'hausser les épaules pour toute réponse aux commentaires salés de Bellaro sur sa mise et son odeur. Son ami restait un rustre qui n'était pas chevalier et encore moins noble. Il ne comprenait probablement pas l'idée derrière la chasse et de se salir les mains. Ses proies, il les traquait pour l'or et non pas pour exercer la main du Guerrier et se tenir prêt à son devoir. Qui plus est, il ne pouvait pas nier dégager un fumet indélicat, mélange de sueur, de sang et d'excrément. Le chevalier avait bien conscience de tout cela et ne cracherait certes pas sur un bon bain. Il suivit le regard de Bellaro et repéra à son tour le navire du braavien. Il n'y était jamais monté mais le connaissait de vue mais aussi pare que son ami lui rebattait volontiers les oreilles sur les performances de l'Arrogant. Il était probablement aussi rapide que Bellaro l'était au lit : un exploit.
Très bien je t'accompagne. Mais pas sur ton navire damné. J'ai besoin d'une toilette, pas de me brosser dans un baquet avec tes femmes pour admirer ce qui te manque ! Allons trouver des bains humides pour s'y poser.
Avant tout, Gerold alla trouver ses camarades de chasse pour les rassurer sur cet incongru qui l'avait menacé de son épée. L'affaire conclue, avec quelques rires sur les manières des spadassins braaviens, il retourna à son ami et ils s'enfoncèrent dans les méandres des ruelles de Port Réal. Ils trouvèrent difficilement un bain de vapeur. La plupart des tavernes proposaient des baquets de bois, plus rarement des baignoires en céramique ou cuivre. La culture dornienne et des cités libres ne semblaient presque pas exister. Heureusement, ils trouvèrent une étuve, misérable cabane de bois vermoulu par des années d'humidité constante. Seuls dans l'épais nuage vaguement aromatisé avec du chanvre et quelques herbes récoltées ici et là, ils se partagèrent une bouteille de vin ainsi que des victuailles payés sur l'ongle. Rassasié, passablement éméché, Gerold se laissa aller en arrière sur le banc, les bras et jambes vulgairement écartés.
Bon alors... Dis moi tout sur ta vie. Je me demande bien ce que tu fais ici et ce que tu comptes en tirer.
(c) DΛNDELION
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Retrouver Gerold était toujours un plaisir. Belarro s’y était fait, ses piques, ses mots plus gorgés de sel que la coque de l’Arrogant lui-même. Il appréciait cela. On n’avait peu de chances, dans la vie, de rencontrer personne si franche et entièrement elle-même, sans honte aucune. C’était ce qu’il appréciait chez le dornien. Et peut-être était-ce la raison pour laquelle Belarro s’était lié, de tous les ouestriens, avec un dornien des Montagnes Rouges. Ceux-ci avaient particulièrement mauvaise réputation ici. Et ailleurs aussi.
Belarro avait cela en commun. Quiconque aux cités libres entendait son surnom de Magistral savait en général qu’il valait mieux ne pas trainer dans le coin. Quant à son prénom… Rares étaient ceux à connaître son nom réel, le premier de sa vie, et s’il avait admis auprès de Gerold être braavien de naissance, il n’avait jamais trahi son identité première. Obelarr Antaryon était un secret bien gardé. Il le fallait, autrement il craignait que son père n’envoie encore d’autres assassins sans talent après lui.
Gerold accepta l’invitation mais pas de monter sur le navire. Belarro lui donna une claque dans le dos en riant, le suivant en quête de bains publics. Alors qu’ils s’engageaient dans les rues crasses de Port-Réal, là où même le fumet du dornien pouvait se fondre, le voyou de l’orient se fendit d’un grand rire en tâchant bien de lui faire regretter d’avoir manqué une énième occasion de voir l’Arrogant.
— Ah, idiot, j’aurais aimé te montrer mon nouvel animal ! Tu aurais aimé. Il vient de vos terres vertes. De Vieilleville.
Un sourire fier, tout en dents, déchira son visage. Son petit chevalier de compagnie avait gagné les faveurs de Belarro à force de brasser du vent à propos de choses abstraites comme l’honneur, la dignité et tout ce qui touchait à la chevalerie. Il était devenu de son geôlier l’attraction favorite et le vaniteux capitaine adorait l’exhiber comme une bête de foire à qui voulait bien l’écouter.
Les deux vieux amis trouvèrent, à force de recherches, une sorte de four dans lequel s’installer pour suer. Armés d’une bonne bouteille, ils burent jusqu’à l’ivresse. Comme au bon vieux temps.
— Ma vie… Tu n’as donc pas entendu parler de mes exploits ? rit-il. Je vais là où le vent me pousse et venir ici, c’était une idée de Nilissa. Je t’ai déjà parlé d’elle ? Elle a essayé de me tuer et puis elle a rejoint l’équipage.
Affalé dans le sauna, Belarro s’étira mollement, éternel indolent, avant de lancer un sourire railleur vers Gerold.
— Et toi, ami ? Toujours à te faire chier dans tes montagnes perdues ? Et tu es venu ici pour faire le tournant ? Avec les chevaliers ?
Son commun était toujours aussi mauvais. Surtout quand il s’agissait d’arrêter les insultes pour entretenir une véritable conversation. Et surtout après avoir bu une bouteille de vin.
Belarro avait cela en commun. Quiconque aux cités libres entendait son surnom de Magistral savait en général qu’il valait mieux ne pas trainer dans le coin. Quant à son prénom… Rares étaient ceux à connaître son nom réel, le premier de sa vie, et s’il avait admis auprès de Gerold être braavien de naissance, il n’avait jamais trahi son identité première. Obelarr Antaryon était un secret bien gardé. Il le fallait, autrement il craignait que son père n’envoie encore d’autres assassins sans talent après lui.
Gerold accepta l’invitation mais pas de monter sur le navire. Belarro lui donna une claque dans le dos en riant, le suivant en quête de bains publics. Alors qu’ils s’engageaient dans les rues crasses de Port-Réal, là où même le fumet du dornien pouvait se fondre, le voyou de l’orient se fendit d’un grand rire en tâchant bien de lui faire regretter d’avoir manqué une énième occasion de voir l’Arrogant.
— Ah, idiot, j’aurais aimé te montrer mon nouvel animal ! Tu aurais aimé. Il vient de vos terres vertes. De Vieilleville.
Un sourire fier, tout en dents, déchira son visage. Son petit chevalier de compagnie avait gagné les faveurs de Belarro à force de brasser du vent à propos de choses abstraites comme l’honneur, la dignité et tout ce qui touchait à la chevalerie. Il était devenu de son geôlier l’attraction favorite et le vaniteux capitaine adorait l’exhiber comme une bête de foire à qui voulait bien l’écouter.
Les deux vieux amis trouvèrent, à force de recherches, une sorte de four dans lequel s’installer pour suer. Armés d’une bonne bouteille, ils burent jusqu’à l’ivresse. Comme au bon vieux temps.
— Ma vie… Tu n’as donc pas entendu parler de mes exploits ? rit-il. Je vais là où le vent me pousse et venir ici, c’était une idée de Nilissa. Je t’ai déjà parlé d’elle ? Elle a essayé de me tuer et puis elle a rejoint l’équipage.
Affalé dans le sauna, Belarro s’étira mollement, éternel indolent, avant de lancer un sourire railleur vers Gerold.
— Et toi, ami ? Toujours à te faire chier dans tes montagnes perdues ? Et tu es venu ici pour faire le tournant ? Avec les chevaliers ?
Son commun était toujours aussi mauvais. Surtout quand il s’agissait d’arrêter les insultes pour entretenir une véritable conversation. Et surtout après avoir bu une bouteille de vin.
Belarro & Gerold Dayne;
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