Tide is full and moon lies fair | Tori

‡ I'm startin' to crave it, I'm startin' to need it. I'm not gonna fake what I know I believe in because you are my-y-y holy water. I'm dyin' of thirst, no, I'm not gonna make it, ohh. I'd sell you my soul if all it bought was another day, I'd give you my love if all I got was a heartbreak. Please save me from hell 'cause I've got one foot in the grave.

ft. @Belarro
An 298, lune 03, semaine 04, jour 07.

Yohn était parti. Se coucher, boire ailleurs, se taper une pute, elle n'en savait rien. Pour ce qu'elle en avait à foutre... Un fer-né ne craignait rien à Culpucier, surtout qu'il était parti avec quelques hommes. Quand à elle, elle était également bien entourée. Quatre hommes étaient attablés avec elle, d'autres traînaient au bar ou sur d'autres tables, les fer-nés avaient envahi la taverne. A leur arrivée les regards s'étaient évidemment tournés vers eux mais après quelques minutes de consommation ils s'étaient fondus sans mal dans la masse. Ce n'était pas la soirée la plus trépidante que Tori avait vécu jusque là, mais ça restait une nouvelle expérience dans cette merveilleuse ville qui la changeait tant de son île. Elle était juste heureuse d'être là.

Le regard fixé sur le gobelet, elle attendait, comme si le simple fait de fixer l'inévitable allait changer le sens des dés. "Bon tu te lances ?" « La ferme. » L'homme en face d'elle leva les yeux au ciel, croisant les bras en attendant que la demoiselle lève enfin son verre. Ce qu'elle fit. Devant elle, un fiasco complet, et elle se projeta en arrière sur sa chaise avec un air dramatique. « C'est pas vrai ! » La table mélangea ricanements et éclats de rire avant qu'elle attrape le petit verre devant elle, grimaçant en regardant le liquide ambré qui y était logé. C'était le quatrième et elle était déjà écœurée mais autour d'elle les mains avaient commencé à taper sur la table pour l'encourager et elle l'avala cul sec, tirant une nouvelle grimace. "Encore un et t'es bonne pour payer la tournée." se moqua l'un des fer-né près d'elle. Elle lui lança un faux regard mauvais, plissant son nez avec provocation « Tsch... » lorsque la porte s'ouvrit. Tous les regards se tournèrent vers l'intru qui venait de pénétrer dans la taverne et le silence se fit pendant quelques secondes. Il faisait tâche et c'était pas rien de le dire. Un sourire se dessina sur le coin des lèvres de Tori qui balaya la silhouette d'un regard intéressé.

— La tournée générale pour mes… amis ! Autour de lui, quelques ordures s'étaient déjà levées, qui n'avaient pas manqué de remarquer les richesses qu'il exhibait, l'un derrière lui pour bloquer la porte, l'autre en face et le dernier sur le côté. Techniquement, Belarro se retrouvait encerclé à cause du comptoir. Un premier coup partit, maladroit et pas bien efficace, touchant à peine sa mâchoire, ce qui démarra une bagarre entre les quatre hommes tandis que le tavernier soupirait de lassitude. Et si au début Tori s'était contentée de l'observer, elle commença à se relever lorsqu'elle vit le groupe commencer à prendre le dessus. Une main ferme lui attrapa le poignet et elle lança un regard noir au fer-né à ses côtés. "Ton frère va me tuer." « Et qu'est-ce que tu crois qu'il va faire si tu fais pas ce que je veux ? » Le guerrier grogna et se leva, puis il glissa deux doigts dans sa bouche pour siffler. Aussitôt, plusieurs hommes se détachèrent des coins dans lesquels ils étaient repliés pour intervenir, séparant les quatre hommes. Quelques crapules firent mine de vouloir s'interposer mais les quelques lames tirées les dissuadèrent et bientôt le silence fut complet dans la taverne, tous les yeux tournés vers eux. Tori s'avança alors vers l'inconnu, glissant à nouveau son regard sur lui avec un air clairement moqueur. Elle s'arrêta à un mètre de lui et planta ses yeux verts rieurs dans les siens avant de les redescendre sur son collier. Elle s'avança encore un peu, tendit la main pour le prendre entre ses doigts et le laissa retomber. « Tu nous dois une tournée. » Elle s'écarta et ouvrit le bras pour l'inviter à la table à laquelle elle jouait avec ses comparses.

La présence de fer-nés à Port-Réal en cette période était tout aussi improbable que surprenante et si le doute pouvait être permis, il disparaissait avec l'amoncellement de petits détails qui pullulaient dans la pièce. Les tenues insulaires, les armes entretenues et à n'en pas douter efficaces, mais surtout le blason gravé sur les armures, que probablement personne ne connaissait mais qui restait la marque d'une maison noble. Et puis il y avait Tori, qui montrait tout et son contraire. Des cheveux propres mais avec quelques dreads que le sel n'avait pas manqué d'abîmer, une robe trop chère pour être celle d'une pute mais absolument pas assez travaillée pour être celle d'une grosse bourgeoise de la capitale, mais surtout quelques bijoux discrets mais qui détonnaient avec le reste de la clientèle du coin.

D'un geste de la main elle congédia les hommes qui jouaient avec elle pour se retrouver seule à la table avec l'inconnu, devant qui elle posa le dernier petit verre de l'alcool ambrée qu'elle avait sifflé à mesure qu'elle perdait. Les preuves de son échec aux dés n'avaient pas bougé. « Tu joues ? » Les fer-nés s'étaient dispersés dans la taverne, gardant un oeil sur elle.

‡ I'm startin' to crave it, I'm startin' to need it. I'm not gonna fake what I know I believe in because you are my-y-y holy water. I'm dyin' of thirst, no, I'm not gonna make it, ohh. I'd sell you my soul if all it bought was another day, I'd give you my love if all I got was a heartbreak. Please save me from hell 'cause I've got one foot in the grave.

ft. @Belarro
An 298, lune 03, semaine 04, jour 07.

Bien qu'ils gardaient un oeil sur eux, les fer-nés ne présentaient aucune animosité contre le petit bourgeois assis en face de leur dame. Leur attention était maintenant plus tournée vers les gueules renfrognées qui avaient tenté d'agresser l'inconnu, prêt à intervenir au moindre pas de travers. Il semblait cependant qu'ils aient compris qu'ils n'avaient pas l'avantage puisqu'ils détournèrent bien vite leur regard de Belarro et Tori, maugréant des trucs dans leur barbe que personne n'avait envie d'entendre.

Une main levée vers l'une des serveuses, avec trois doigts levés, Tori signala qu'elle demandait une nouvelle rangée de cet alcool si fort qu'elle avait pourtant du mal à finir. Elle était prête à passer outre le mauvais goût pour cette gueule d'ange assise en face d'elle. « Un gobelet, cinq dés chacun. » Elle commença à expliquer les règles, grosse partie de hasard et un peu de calculs pour compter les points, et le temps de terminer sa clarification du jeu, la serveuse disposait six nouveaux petits verres pleins sur la table, trois pour Tori, trois pour Belarro, et remportait les autres. « Trois chacun. Le premier qui a terminé ses verres a perdu. Et si je gagne... » Son regard lorgna à nouveau sur le collier qu'il avait autour du cou tandis qu'un nouveau sourire se dessinait sur le coin de ses lèvres. Elle releva un regard malicieux sur lui, ses yeux verts scintillant à la lueur des bougies. « Je veux ça. » Elle passa ses mains dans ses cheveux, repoussant mèches ondulées et locks dans son dos, puis s'adossa à son siège en croisant les bras sans se départir de ce petit sourire joueur. « Et toi ? » Elle n'avait pas grand chose sur elle, ses bijoux étaient peu nombreux et discrets, mais fins et délicats. Il fallait vraiment attarder son regard sur les détails de sa tenue, très modeste, pour le remarquer, et à la voir comme ça personne ne se serait dit qu'elle était noble. Il y avait juste les blasons de la maison Vendeloyn attachés aux cuirasses des fer-nés aux armes impeccables qui rappelaient que la petite troupe qui remplissait la taverne n'était pas juste une bande de bandits en pause. Ceci dit, encore fallait-il que quiconque connaisse cette maison perdue aux confins du monde connu.