[Lamarck] Ce qui est attendu de nous | Naerys
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Ce qui est
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Le calme du septuaire était une bénédiction pour elle. Ici, personne n’osait jamais la déranger. Ici, elle était seule, seule face aux dieux qu’elle aimait tant. A genoux devant les cierges qu’elle avait allumés, les yeux vides de son trop d’émotions, Rhaella avait en réalité fini de prier depuis bien longtemps. Mais comme elle aimait ce silence. Comme elle aimait cette paix. Même Monford savait qu’on ne pouvait troubler la quiétude du septuaire. Alors Rhaella, de plus en plus, se réfugiait ici. Tout particulièrement à l’approche du tournoi.
Et, indubitablement, de l’avenir que lui réservait son père. Il était venu la trouver, peut-être une lune plus tôt, et avait juré qu’il en était assez de sa période de deuil. Que sept années étaient amplement suffisantes pour pleurer Tregesso. Comme il faisait erreur.
Alors que Rhaella feignait de prier, des pas feutrés se glissèrent dans son dos. Elle savait que ce jour, ils devaient quitter Lamarck pour se rendre à Port-Réal. Et une chose était sûre, elle n’avait aucune envie de s’y rendre. Parce que Monford avait décidé qu’il la marierait bientôt. Que Rhaella devait rentrer dans le rang, qu’elle devait prendre un époux, rendre honneur à sa famille. Une part d’elle craignait cet avenir, une autre le rêvait.
Elle pouvait enfin échapper à l’enfer de cette famille.
— Rhaella, murmura une voix derrière elle.
La jeune femme se retourna pour découvrir Assadora. Sa belle-mère tentait par tous les moyens d’être douce, gentille, affable – mais rien n’y faisait. Rhaella était sûre, au fond d’elle, que son arrivée dans leur vie avait tué sa mère. Que Saera avait senti ce qui arrivait, l’amour de Monford pour cette braavienne. Et qu’elle y avait perdu ses dernières forces.
— Nous allons embarquer, reprit Assadora.
Rhaella ne chercha pas à lui répondre. Ses affaires étaient déjà empaquetées et avaient sans doute déjà été chargées depuis longtemps. Parmi elles, son trousseau déjà financé et réalisé sous les bons soins de son père – Monford ne perdait pas de temps et à chaque déplacement de sa cadette, celui-ci suivrait : elle était déjà toute prête au mariage. Elle se demandait s’il haïssait réellement ses enfants ou s’il souhaitait simplement se débarrasser d’eux pour faire place à sa nouvelle progéniture. Rhaella jeta un vague regard au ventre saillant d’Assadora avant de quitter le septuaire.
Toute la procession des Velaryon, têtes argentées et serviteurs ainsi que l’intruse braavienne, descendaient le chemin qui courait jusqu’au port de Carène. Rhaella s’y joignit, et ses yeux passèrent rapidement sur Aurane, l’esquivant comme elle le faisait depuis presque deux années. Deux années passées à éviter sa propre fratrie, son propre sang. La rancœur s’accrochait à elle et son cœur comme une sangsue qui pompait son énergie vitale.
Elle leva ses yeux vairons sur le port en bas. L’Amer de Myr y flottait paisiblement et elle eut un demi-sourire amer. Comme tout aurait pu être différent. Un soupir triste entre les lèvres, Rhaella se mit à marcher à quelques pas des autres, embrassant la solitude à laquelle elle s’était accrochée depuis des lustres maintenant. C’était tout ce qui lui restait, elle-même.
Et, indubitablement, de l’avenir que lui réservait son père. Il était venu la trouver, peut-être une lune plus tôt, et avait juré qu’il en était assez de sa période de deuil. Que sept années étaient amplement suffisantes pour pleurer Tregesso. Comme il faisait erreur.
Alors que Rhaella feignait de prier, des pas feutrés se glissèrent dans son dos. Elle savait que ce jour, ils devaient quitter Lamarck pour se rendre à Port-Réal. Et une chose était sûre, elle n’avait aucune envie de s’y rendre. Parce que Monford avait décidé qu’il la marierait bientôt. Que Rhaella devait rentrer dans le rang, qu’elle devait prendre un époux, rendre honneur à sa famille. Une part d’elle craignait cet avenir, une autre le rêvait.
Elle pouvait enfin échapper à l’enfer de cette famille.
— Rhaella, murmura une voix derrière elle.
La jeune femme se retourna pour découvrir Assadora. Sa belle-mère tentait par tous les moyens d’être douce, gentille, affable – mais rien n’y faisait. Rhaella était sûre, au fond d’elle, que son arrivée dans leur vie avait tué sa mère. Que Saera avait senti ce qui arrivait, l’amour de Monford pour cette braavienne. Et qu’elle y avait perdu ses dernières forces.
— Nous allons embarquer, reprit Assadora.
Rhaella ne chercha pas à lui répondre. Ses affaires étaient déjà empaquetées et avaient sans doute déjà été chargées depuis longtemps. Parmi elles, son trousseau déjà financé et réalisé sous les bons soins de son père – Monford ne perdait pas de temps et à chaque déplacement de sa cadette, celui-ci suivrait : elle était déjà toute prête au mariage. Elle se demandait s’il haïssait réellement ses enfants ou s’il souhaitait simplement se débarrasser d’eux pour faire place à sa nouvelle progéniture. Rhaella jeta un vague regard au ventre saillant d’Assadora avant de quitter le septuaire.
Toute la procession des Velaryon, têtes argentées et serviteurs ainsi que l’intruse braavienne, descendaient le chemin qui courait jusqu’au port de Carène. Rhaella s’y joignit, et ses yeux passèrent rapidement sur Aurane, l’esquivant comme elle le faisait depuis presque deux années. Deux années passées à éviter sa propre fratrie, son propre sang. La rancœur s’accrochait à elle et son cœur comme une sangsue qui pompait son énergie vitale.
Elle leva ses yeux vairons sur le port en bas. L’Amer de Myr y flottait paisiblement et elle eut un demi-sourire amer. Comme tout aurait pu être différent. Un soupir triste entre les lèvres, Rhaella se mit à marcher à quelques pas des autres, embrassant la solitude à laquelle elle s’était accrochée depuis des lustres maintenant. C’était tout ce qui lui restait, elle-même.
Rhaella Velaryon & Naerys Velaryon
An 298; lune 03; semaine 03; jour 06; Lamarck
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Rhaella & Naerys
Jour 6, Semaine 3, Lune 3, An 298, Lamarck
Faisant face à la mer ondulant calmement en bas de Marée Haute et inspirant à pleins poumons le délicieux embrun salé de sa maison, Naerys ne put s'empêcher de ressentir un pincement au cœur. Il était fort probable qu'elle ne revienne plus ici avant longtemps, de gré ou de force, et elle savait pertinemment que Lamarck allait lui manquer. C'est la raison pour laquelle elle s'était levée à l'aube, ce matin là, congédiant sa servante dès que cette dernière avait fini de la préparer, afin de pouvoir s'installer sur l'une des terrasses du fief pour observer les vagues. Evidemment, elle savait que Ser Ormund n'était pas bien loin derrière elle : elle sentait ses yeux de fouine la fixer depuis qu'elle était arrivée. A croire qu'il ne détachait jamais son regard de sa silhouette, même durant quelques secondes. Faisant fi de sa présence, elle passa doucement une main sur son ventre qui, quelques jours plus tôt, avait abrité une petite vie. Mitigée à propos de cet enfant, elle ne savait pas réellement quoi en penser, mais elle sentait une vague de tristesse et de regret s'emparer d'elle lorsqu'elle y songeait. Si elle n'avait pas fait l'erreur de paniquer et d'en parler au mestre, rien ne serait arrivé et aujourd'hui, elle vivrait toujours son idylle avec Aurane et ne serait pas obligée de se marier au premier venu.
Lorsque son épée-lige apparut à ses côtés, quelques minutes plus tard, elle sut qu'il était temps de partir : aujourd'hui était le jour du grand départ pour Port-Réal, et surtout celui des derniers adieux à Lamarck, son île chérie, qui l'avait vue grandir et devenir une jeune femme. Emettant un léger soupir, elle finit par le suivre pour rejoindre les siens à l'intérieur du château. Elle en profita pour ébouriffer affectueusement les cheveux de Visenya avant d'attraper Monterys pour le porter, ne souhaitant pas se détacher de lui. Malgré tout ce qu'elle pouvait en penser, malgré les sacrifices que cela lui avait demandé, elle était reconnaissante d'avoir élevé son petit frère comme elle l'entendait. Nul doute qu'il deviendrait un homme bon, dans le futur, et qu'il saura restaurer l'honneur des Velaryon entaché par le vieil hippocampe. En passant devant lui, elle l'ignora simplement, suivant la marche tout en resserrant ses bras autour du petit garçon pour le tenir plus fermement. Très vite, elle remarqua que Rhaella se glissait parmi eux, et elle ne put s'empêcher d'à nouveau ressentir un pincement au cœur. Ses mensonges les avaient éloignées, et Naerys s'en voulait terriblement. Après tout, sa petite sœur était une partie d'elle, et la savoir mal à l'aise à ses côtés lui faisait plus de mal qu'elle n'aurait pu le penser.
C'est la raison pour laquelle elle finit par ralentir le pas jusqu'à s'arrêter, déposant Monterys au sol pour que celui-ci se mette à marcher. Entre temps, Rhaella les rejoignit et l'aînée de la famille attendit qu'elle soit à son niveau avant de reprendre son chemin, d'abord silencieusement. Les récents événements les avaient tant éloignées qu'elle ne savait plus quoi lui dire, ou comment lui dire. Finalement, elle ralentit encore et attrapa délicatement la fine main de sa sœur avant de lui offrir un léger sourire, serrant ses doigts autour des siens. A ses yeux, il fallait faire fi du passé, d'autant plus que Monford avait de grandes ambitions, que ce soit pour l'une ou pour l'autre. Et, plus vite qu'elles pouvaient le penser, elles seraient séparées, Naerys en avait cruellement conscience. « Skorkydoso glaesā, Rhaella ? » lui demanda-t-elle, usant de ce langage qu'elles avaient créé et qu'elles seules étaient en mesure de comprendre. Elle ajouta à ses mots un sourire rassurant, celui que toutes les grandes sœurs utilisaient pour réconforter leur cadette face aux événements parfois dérangeants qui pouvaient se produire dans une vie.
Skorkydoso glaesā, Rhaella ? dans le texte signifie Tout va bien, Rhaella ?
@Rhaella Velaryon
Lorsque son épée-lige apparut à ses côtés, quelques minutes plus tard, elle sut qu'il était temps de partir : aujourd'hui était le jour du grand départ pour Port-Réal, et surtout celui des derniers adieux à Lamarck, son île chérie, qui l'avait vue grandir et devenir une jeune femme. Emettant un léger soupir, elle finit par le suivre pour rejoindre les siens à l'intérieur du château. Elle en profita pour ébouriffer affectueusement les cheveux de Visenya avant d'attraper Monterys pour le porter, ne souhaitant pas se détacher de lui. Malgré tout ce qu'elle pouvait en penser, malgré les sacrifices que cela lui avait demandé, elle était reconnaissante d'avoir élevé son petit frère comme elle l'entendait. Nul doute qu'il deviendrait un homme bon, dans le futur, et qu'il saura restaurer l'honneur des Velaryon entaché par le vieil hippocampe. En passant devant lui, elle l'ignora simplement, suivant la marche tout en resserrant ses bras autour du petit garçon pour le tenir plus fermement. Très vite, elle remarqua que Rhaella se glissait parmi eux, et elle ne put s'empêcher d'à nouveau ressentir un pincement au cœur. Ses mensonges les avaient éloignées, et Naerys s'en voulait terriblement. Après tout, sa petite sœur était une partie d'elle, et la savoir mal à l'aise à ses côtés lui faisait plus de mal qu'elle n'aurait pu le penser.
C'est la raison pour laquelle elle finit par ralentir le pas jusqu'à s'arrêter, déposant Monterys au sol pour que celui-ci se mette à marcher. Entre temps, Rhaella les rejoignit et l'aînée de la famille attendit qu'elle soit à son niveau avant de reprendre son chemin, d'abord silencieusement. Les récents événements les avaient tant éloignées qu'elle ne savait plus quoi lui dire, ou comment lui dire. Finalement, elle ralentit encore et attrapa délicatement la fine main de sa sœur avant de lui offrir un léger sourire, serrant ses doigts autour des siens. A ses yeux, il fallait faire fi du passé, d'autant plus que Monford avait de grandes ambitions, que ce soit pour l'une ou pour l'autre. Et, plus vite qu'elles pouvaient le penser, elles seraient séparées, Naerys en avait cruellement conscience. « Skorkydoso glaesā, Rhaella ? » lui demanda-t-elle, usant de ce langage qu'elles avaient créé et qu'elles seules étaient en mesure de comprendre. Elle ajouta à ses mots un sourire rassurant, celui que toutes les grandes sœurs utilisaient pour réconforter leur cadette face aux événements parfois dérangeants qui pouvaient se produire dans une vie.
Skorkydoso glaesā, Rhaella ? dans le texte signifie Tout va bien, Rhaella ?
@Rhaella Velaryon
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Sa pensive solitude fut vite troublée. Pas par un intrus, du moins pas complètement, puisque c’était Naerys qui s’approcha de Rhaella. Elle apprécia le silence de sa sœur, priant qu’il se poursuive. Fut un temps, elles avaient été proches. Une seule âme, un seul cœur. Du moins l’avait-elle cru avant d’aimer de tout son être Tregesso, de perdre sa mère et son aimé, et avant que Monford ne perde tout affect pour ses enfants. Les yeux de Rhaella coururent le long du sentier, descendant vers la silhouette minuscule de Monterys. Elle ne pouvait s’en empêcher – une part d’elle maudissait le petit garçon. N’était-ce pas lui qui avait arraché à leur mère toute vitalité, n’était-ce pas lui l’enfant tant espéré par lord Monford ?
Brûlée par sa vision, elle détourna vivement le regard. Il y avait un morceau de sa personne qui haïssait l’enfantelet – cette même part que Rhaella refoulait toujours comme un mauvais rêve dont elle tentait de se détacher, comme une des cents ombres qui hantaient le triste tableau de sa vie, cette partie d’elle abhorrait Monterys, Assadora, Monford et presque aussi Naerys et Aurane. Elle cilla pour chasser ses tourments.
Ils lui revinrent presque aussitôt au visage, portés par la voix de Naerys.
Ne pouvais-tu pas te taire encore ? songea silencieusement Rhaella. Comme le silence lui était devenu rassurant. Son seul allié ici, à Marée Haute. Elle se prenait à aimer ses tristes soirs passés à fixer l’horizon, espérant que revienne son fiancé victorieux et surtout vivant. Au moins, quand le vent fouettait son visage et que ses poumons s’emplissaient d’air iodé, au moins quand Rhaella était seule face à la mer qui avait dévoré maman, elle oubliait une seconde tout son mal-être. Elle s’emprisonnait dans ce rêve fragile – oui ces soirs seule au bord de l’eau, elle rêvait que Tregesso revenait et qu’elle pouvait sourire à son père et dire, « je vais me marier, père ».
Pas épouser un inconnu ou un bel offrant mais bien celui que son cœur n’avait oublié.
La langue employée par Naerys, elle était seule à la comprendre. Et même si son aînée n’avait employé son prénom, elle n’aurait pu esquiver la question. Personne d’autre ici ne savait ce qu’elle avait dit. Rhaella battit lentement des cils, prit de longues secondes à répondre. Elle cherchait ses mots et avec eux, un moyen de se débarrasser de cette conversation qu’elle ne cessait de repousser.
Mais tous les navires devaient bien prendre la mer un jour et les non-dits qui se bousculaient dans sa bouche résolument close, ils devraient bien sortir un jour. Elle fuyait ce moment comme la peste.
— Iksan sȳz. Hae sȳrī hae nyke should sagon.
Je vais bien. Aussi bien que je dois aller.
Une réponse fermée, appelant au sacré silence. Ses mots amers se teintaient de son timbre de voix plat, désespérément vide de tout ce qu’elle avait trop ressenti. Les années à pleurer et à souffrir avaient sculpté à son visage une sainte indifférence, masque terrible à porter pour une jeune fille. Et ce simulacre de froideur, elle l’offrait même à celle qui avait le plus compté à ses yeux. Car alors, rien ne comptait plus que se préserver.
Brûlée par sa vision, elle détourna vivement le regard. Il y avait un morceau de sa personne qui haïssait l’enfantelet – cette même part que Rhaella refoulait toujours comme un mauvais rêve dont elle tentait de se détacher, comme une des cents ombres qui hantaient le triste tableau de sa vie, cette partie d’elle abhorrait Monterys, Assadora, Monford et presque aussi Naerys et Aurane. Elle cilla pour chasser ses tourments.
Ils lui revinrent presque aussitôt au visage, portés par la voix de Naerys.
Ne pouvais-tu pas te taire encore ? songea silencieusement Rhaella. Comme le silence lui était devenu rassurant. Son seul allié ici, à Marée Haute. Elle se prenait à aimer ses tristes soirs passés à fixer l’horizon, espérant que revienne son fiancé victorieux et surtout vivant. Au moins, quand le vent fouettait son visage et que ses poumons s’emplissaient d’air iodé, au moins quand Rhaella était seule face à la mer qui avait dévoré maman, elle oubliait une seconde tout son mal-être. Elle s’emprisonnait dans ce rêve fragile – oui ces soirs seule au bord de l’eau, elle rêvait que Tregesso revenait et qu’elle pouvait sourire à son père et dire, « je vais me marier, père ».
Pas épouser un inconnu ou un bel offrant mais bien celui que son cœur n’avait oublié.
La langue employée par Naerys, elle était seule à la comprendre. Et même si son aînée n’avait employé son prénom, elle n’aurait pu esquiver la question. Personne d’autre ici ne savait ce qu’elle avait dit. Rhaella battit lentement des cils, prit de longues secondes à répondre. Elle cherchait ses mots et avec eux, un moyen de se débarrasser de cette conversation qu’elle ne cessait de repousser.
Mais tous les navires devaient bien prendre la mer un jour et les non-dits qui se bousculaient dans sa bouche résolument close, ils devraient bien sortir un jour. Elle fuyait ce moment comme la peste.
— Iksan sȳz. Hae sȳrī hae nyke should sagon.
Je vais bien. Aussi bien que je dois aller.
Une réponse fermée, appelant au sacré silence. Ses mots amers se teintaient de son timbre de voix plat, désespérément vide de tout ce qu’elle avait trop ressenti. Les années à pleurer et à souffrir avaient sculpté à son visage une sainte indifférence, masque terrible à porter pour une jeune fille. Et ce simulacre de froideur, elle l’offrait même à celle qui avait le plus compté à ses yeux. Car alors, rien ne comptait plus que se préserver.
Rhaella Velaryon & Naerys Velaryon
An 298; lune 03; semaine 03; jour 06; Lamarck
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Rhaella & Naerys
Jour 6, Semaine 3, Lune 3, An 298, Lamarck
A peine Naerys ouvrit la bouche qu'elle sentit sa sœur se raidir à ses côtés. Pouvait-elle même encore la considérer comme telle, lorsque cette dernière ne semblait plus supporter sa présence ? La valyrienne savait que c'était en partie de sa faute, mais elle ne pouvait s'empêcher de se dire que Rhaella exagérait un peu. Que devait-elle faire, pour qu'elle lui pardonne ? Se prosterner à ses pieds ? Jamais elle ne pourrait se résoudre à le faire : Naerys ne s'agenouillait devant personne, pas même son père. Et ce n'était pas parce que sa sœur était décidée à bouder comme une enfant depuis plusieurs lunes que la plus âgée allait lui faciliter la tâche. C'était bien mal la connaître, que de croire qu'elle allait calmer son tempérament de feu. Le silence entre elles s'étira après sa question, et Naerys finit par tourner la tête vers sa cadette, les sourcils légèrement froncés par l'agacement. Elle savait parfaitement ce que Rhaella était en train de faire. Elle cherchait à fuir la conversation, encore et toujours. Depuis qu'elle les avait découvert, Aurane et elle, elles n'avaient pas dû passer plus de cinq minutes ensemble et leurs conversations étaient toujours froides.
La réponse de sa sœur ne lui convint pas, et cela dû se lire sur son visage qui se crispa alors que ses dents se serraient. Elle fuyait, encore et toujours. « Rhaella. » insista-t-elle d'un ton impérieux, refusant une telle réponse et surtout, un tel manque de considération. Elle n'en pouvait plus, des non-dits et des secrets. Encore moins maintenant que leurs destins prenaient une tournure imprévue et qu'elle sentait qu'elles allaient finir séparées sous peu. « Ziry iksos tolī olvie sir. Ao kostagon't rēbagon toliot issa ry aōha glaeson ! » siffla-t-elle, frustrée par l'indifférence dont elle faisait preuve face à elle. (Il suffit maintenant. Tu ne peux pas m'ignorer toute ta vie !) Aussitôt, le feu monta dans son sang, la brûlant vivement et d'un geste plus brusque que ce qu'elle aurait voulu, elle saisit le bras de Rhaella pour l'arrêter. « Skori jāhor ao ȳzaldrīzes naejot issa ? » ajouta-t-elle en rivant son regard dans le sien, furieuse d'être ignorée de la sorte, surtout par celle avec qui elle ne formait qu'une seule âme. (Quand vas-tu enfin me parler ?) Son regard partit quelques secondes vers le reste des Velaryon, qui continuait d'avancer sans se soucier d'elles, mais elle croisa tout de même le regard de Visenya, qui les observait d'un air inquiet. Lui offrant un léger sourire pour la rassurer, elle finit par se tourner à nouveau vers Rhaella, son visage trahissant son inquiétude grandissante. « Ao sagon nykeā riñnykeā hae iksi nūmāzma naejot sagon henujagon mēre hen se tolie ! » gronda-t-elle ensuite entre ses dents serrées. (Tu agis comme une enfant alors que nous sommes sur le point d'être séparées l'une de l'autre !)
@Rhaella Velaryon
La réponse de sa sœur ne lui convint pas, et cela dû se lire sur son visage qui se crispa alors que ses dents se serraient. Elle fuyait, encore et toujours. « Rhaella. » insista-t-elle d'un ton impérieux, refusant une telle réponse et surtout, un tel manque de considération. Elle n'en pouvait plus, des non-dits et des secrets. Encore moins maintenant que leurs destins prenaient une tournure imprévue et qu'elle sentait qu'elles allaient finir séparées sous peu. « Ziry iksos tolī olvie sir. Ao kostagon't rēbagon toliot issa ry aōha glaeson ! » siffla-t-elle, frustrée par l'indifférence dont elle faisait preuve face à elle. (Il suffit maintenant. Tu ne peux pas m'ignorer toute ta vie !) Aussitôt, le feu monta dans son sang, la brûlant vivement et d'un geste plus brusque que ce qu'elle aurait voulu, elle saisit le bras de Rhaella pour l'arrêter. « Skori jāhor ao ȳzaldrīzes naejot issa ? » ajouta-t-elle en rivant son regard dans le sien, furieuse d'être ignorée de la sorte, surtout par celle avec qui elle ne formait qu'une seule âme. (Quand vas-tu enfin me parler ?) Son regard partit quelques secondes vers le reste des Velaryon, qui continuait d'avancer sans se soucier d'elles, mais elle croisa tout de même le regard de Visenya, qui les observait d'un air inquiet. Lui offrant un léger sourire pour la rassurer, elle finit par se tourner à nouveau vers Rhaella, son visage trahissant son inquiétude grandissante. « Ao sagon nykeā riñnykeā hae iksi nūmāzma naejot sagon henujagon mēre hen se tolie ! » gronda-t-elle ensuite entre ses dents serrées. (Tu agis comme une enfant alors que nous sommes sur le point d'être séparées l'une de l'autre !)
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Le ton de Naerys se fit plus sec, son nom sur sa langue n’avait plus la caresse de la sœur mais l’abrupt de la mère. Ou était-ce l’inverse ? Instinctivement, Rhaella se tendit. Ses yeux ne dévièrent qu’un instant pour fixer son aînée, dont l’image lui paraissait si trouble, comme un reflet dans une eau bourbeuse. Presqu’aussitôt, Rhaella rabaissa son regard. Sa sœur n’était plus sa sœur, en tout cas plus comme elle l’avait été auparavant. Un fossé s’était créé entre elles. Et les efforts à sens unique de Naerys n’avaient été bien utiles, elle n’avait su le reboucher.
Rhaella se savait avoir sa part de responsabilité dans tout cela. Bien sûr, elle avait failli à ses propres fonctions de sœur, elle ne pouvait le nier. Elle s’enfermait derrière mutisme et prières, solitude et pâles sourires. La situation s’était envenimée sans qu’elle ne cherche à l’arranger. Et ç’aurait été stupide de prétendre le contraire.
Naerys siffla à son côté, saisissant même son bras comme pour la secouer. Enfin, Rhaella la regarda. Plutôt, elle tourna sur elle un air non pas moins réprobateur qu’outré. Ses yeux s’allumèrent d’une flamme injuste, ses lèvres se barrèrent d’une ire silencieuse. Voilà qui elle voyait dans l’attitude soudain si hostile de Naerys, leur père. Leur serpent de père.
Rhaella encaissa sans plus frémir. Une enfant ? Le sang se glaça dans ses veines sur ces ultimes mots de sa sœur. Elle s’immobilisa, les yeux se rivant sur ses pieds. Le front plissé, la frustration avait fait ralentir les battements de son cœur sourd. La jeune femme ne releva son visage vers sa sœur qu’une fois toute la procession les ayant dépassées, ne laissant qu’elles sur ce chemin.
— Ao yne brōzā iā riña ? Ao, qilōni zūgagon naejot sagon mērī hen nyke ? Ao, qilōni zūgagon naejot henujagon se lenton ? Kirimves, daor?
| Tu me traites d’enfant ? Toi, qui crains plus que tout d’être séparée de moi ? Toi, qui crains de quitter la maison ? N’est-ce pas ironique ? |
L’insolence s’était logée au fond de ses prunelles comme marquée là au fer rouge. Immuable et née de la peine. Plus que jamais, la valyrienne se sentait seule au monde. Car même sa sœur la couvrait de reproches quand Rhaella peinait seulement à exister.
Elle abandonna cette langue, leur langue, pour le commun qu’elle vouait à les séparer. Cette distance, importante et qu’elle se sentait devoir maintenir, Rhaella l’infligea à sa sœur en lui répondant d’un ton froid, dénué de sentiment.
— Tu es ma sœur et ce lien restera inchangé. Mais tout ne peut être oublié, juste balayé sous le tapis pour arranger tes petits secrets, Naerys.
Sans plus de mot, Rhaella reprit son chemin, s’arrachant à la poigne de sa sœur et reprenant la descente de la route. Bien des mètres devant elles, les autres avaient progressé sans les attendre. Comme des milliers de fourmis noires, ils grouillaient au loin sur le port de Carène. Et si entourée, la demoiselle se sentait pourtant seule – un état qui lui seyait plus qu’aucun autre quand même sa sœur devenait traîtresse.
Rhaella se savait avoir sa part de responsabilité dans tout cela. Bien sûr, elle avait failli à ses propres fonctions de sœur, elle ne pouvait le nier. Elle s’enfermait derrière mutisme et prières, solitude et pâles sourires. La situation s’était envenimée sans qu’elle ne cherche à l’arranger. Et ç’aurait été stupide de prétendre le contraire.
Naerys siffla à son côté, saisissant même son bras comme pour la secouer. Enfin, Rhaella la regarda. Plutôt, elle tourna sur elle un air non pas moins réprobateur qu’outré. Ses yeux s’allumèrent d’une flamme injuste, ses lèvres se barrèrent d’une ire silencieuse. Voilà qui elle voyait dans l’attitude soudain si hostile de Naerys, leur père. Leur serpent de père.
Rhaella encaissa sans plus frémir. Une enfant ? Le sang se glaça dans ses veines sur ces ultimes mots de sa sœur. Elle s’immobilisa, les yeux se rivant sur ses pieds. Le front plissé, la frustration avait fait ralentir les battements de son cœur sourd. La jeune femme ne releva son visage vers sa sœur qu’une fois toute la procession les ayant dépassées, ne laissant qu’elles sur ce chemin.
— Ao yne brōzā iā riña ? Ao, qilōni zūgagon naejot sagon mērī hen nyke ? Ao, qilōni zūgagon naejot henujagon se lenton ? Kirimves, daor?
| Tu me traites d’enfant ? Toi, qui crains plus que tout d’être séparée de moi ? Toi, qui crains de quitter la maison ? N’est-ce pas ironique ? |
L’insolence s’était logée au fond de ses prunelles comme marquée là au fer rouge. Immuable et née de la peine. Plus que jamais, la valyrienne se sentait seule au monde. Car même sa sœur la couvrait de reproches quand Rhaella peinait seulement à exister.
Elle abandonna cette langue, leur langue, pour le commun qu’elle vouait à les séparer. Cette distance, importante et qu’elle se sentait devoir maintenir, Rhaella l’infligea à sa sœur en lui répondant d’un ton froid, dénué de sentiment.
— Tu es ma sœur et ce lien restera inchangé. Mais tout ne peut être oublié, juste balayé sous le tapis pour arranger tes petits secrets, Naerys.
Sans plus de mot, Rhaella reprit son chemin, s’arrachant à la poigne de sa sœur et reprenant la descente de la route. Bien des mètres devant elles, les autres avaient progressé sans les attendre. Comme des milliers de fourmis noires, ils grouillaient au loin sur le port de Carène. Et si entourée, la demoiselle se sentait pourtant seule – un état qui lui seyait plus qu’aucun autre quand même sa sœur devenait traîtresse.
Rhaella Velaryon & Naerys Velaryon
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Rhaella & Naerys
Jour 6, Semaine 3, Lune 3, An 298, Lamarck
Sans le vouloir, Naerys devenait bien plus incisive qu'à son habitude. Le mutisme de Rhaella l'agaçait : elle l'avait comprise, autrefois, lorsqu'elle pleurait son amour perdu. Mais aujourd'hui... s'en était trop, et elle ne pouvait plus se résoudre à rester silencieuse. Encore moins lorsque chacun de ses efforts pour les rapprocher tombait à l'eau : malgré tout ce qu'elle pouvait dire ou faire, sa sœur y restait insensible. Et il n'y avait rien de plus frustrant à ses yeux que ce simple fait. Elle était fatiguée de toujours faire un pas vers les autres, chose qu'ils ne lui rendaient jamais. Mais en voyant le regard de Rhaella, elle comprit qu'elle était allée trop loin et aussitôt, elle relâcha son bras comme si elle s'était brûlée. Car elle savait ce qu'elle pensait : elle devenait comme leur père. Le vieil hippocampe n'avait rien d'un exemple et elle ne pouvait penser qu'à une chose : plutôt mourir que de lui ressembler.
Pourtant, au fond d'elle, elle fut heureuse que sa sœur lui offre un minimum d'attention, même si ce n'était pas celle tant désirée. Son regard violacé se balada sur son visage baissé, à la recherche de la moindre réaction de Rhaella. Comme si, au fond d'elle, elle tentait encore de se persuader que leur lien n'avait pas changé. Immobile, le vent fouettant son visage, elle resta silencieuse durant la tirade de la blonde, sa mâchoire se crispant de plus en plus au fil des secondes qui passaient. Tout ceci était injuste. Rhaella était injuste. A la façon d'une lame aiguisée par la tristesse, elle la poignarda dans le dos. Naerys ne put que frémir et sentir les miettes de son cœur finir de se briser sous le poids des paroles assénées par son sang. La peine la drapa, alourdissant ses épaules et la faisant se courber légèrement. N'avait-elle pas assez donné pour cette famille ? N'avait-elle pas pris un rôle qui ne lui était pas destiné ? Et voilà comment on la remerciait : en critiquant ses tentatives d'apaisement, en crachant sur ce qu'elle était et ce qu'elle avait fait pour survivre dans ce monde injuste.
Seul le silence répondit aux derniers mots de Rhaella alors qu'elle fixait le vide devant elle. Elle remarqua alors que cette dernière s'éloignait d'elle à grand pas, et aussitôt, la peine se transforma en fureur. De quel droit pouvait-elle se permettre de la juger, puis de l'ignorer comme si elle ne valait rien ? Brusquement, Naerys fit volte-face et la regarda descendre, ses poings serrés glissant le long de son corps. Et, sans se retenir, sa langue imita le serpent alors qu'elle sifflait. « J'aurai préféré que tu sois morte, toi aussi ! » cracha-t-elle avec une telle rage qu'elle sentit son corps en trembler. Plus que la colère, c'était surtout la tristesse et la détresse qui parlaient à sa place. Et à peine les mots eurent ils franchi ses lèvres qu'elle les regretta. Mais il était trop tard et ne se tenait plus à ses pieds que les restes de leur relation brisée.
@Rhaella Velaryon
Pourtant, au fond d'elle, elle fut heureuse que sa sœur lui offre un minimum d'attention, même si ce n'était pas celle tant désirée. Son regard violacé se balada sur son visage baissé, à la recherche de la moindre réaction de Rhaella. Comme si, au fond d'elle, elle tentait encore de se persuader que leur lien n'avait pas changé. Immobile, le vent fouettant son visage, elle resta silencieuse durant la tirade de la blonde, sa mâchoire se crispant de plus en plus au fil des secondes qui passaient. Tout ceci était injuste. Rhaella était injuste. A la façon d'une lame aiguisée par la tristesse, elle la poignarda dans le dos. Naerys ne put que frémir et sentir les miettes de son cœur finir de se briser sous le poids des paroles assénées par son sang. La peine la drapa, alourdissant ses épaules et la faisant se courber légèrement. N'avait-elle pas assez donné pour cette famille ? N'avait-elle pas pris un rôle qui ne lui était pas destiné ? Et voilà comment on la remerciait : en critiquant ses tentatives d'apaisement, en crachant sur ce qu'elle était et ce qu'elle avait fait pour survivre dans ce monde injuste.
Seul le silence répondit aux derniers mots de Rhaella alors qu'elle fixait le vide devant elle. Elle remarqua alors que cette dernière s'éloignait d'elle à grand pas, et aussitôt, la peine se transforma en fureur. De quel droit pouvait-elle se permettre de la juger, puis de l'ignorer comme si elle ne valait rien ? Brusquement, Naerys fit volte-face et la regarda descendre, ses poings serrés glissant le long de son corps. Et, sans se retenir, sa langue imita le serpent alors qu'elle sifflait. « J'aurai préféré que tu sois morte, toi aussi ! » cracha-t-elle avec une telle rage qu'elle sentit son corps en trembler. Plus que la colère, c'était surtout la tristesse et la détresse qui parlaient à sa place. Et à peine les mots eurent ils franchi ses lèvres qu'elle les regretta. Mais il était trop tard et ne se tenait plus à ses pieds que les restes de leur relation brisée.
@Rhaella Velaryon
(c) DΛNDELION
salt & sea
may the winds be as strong as your back, your seas as calm as your spirit and your nets be as full as your heart. from the sea we came, to the sea we shall return. + aeairiel.
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Elles étaient tout à coup comme deux étrangères. Deux bêtes sauvages qui se faisaient face, figées dans l’expectative – qui d’elles fuirait ? mordrait ? La main de Naerys brûlait son bras de son étreinte cruelle, jusqu’à ce que Rhaella s’y arrache, à l’instant même où son aînée la lâchait. La cadette l’observa longuement, son regard si triste se peignant de dédain, ses lippes barrées frémissant de cris haineux muselés. Elle se détourna de Naerys et descendit le chemin, des mètres derrière la procession familiale.
Si elle crut d’abord se sentir allégée d’un poids, il n’en fut rien – sur ses épaules maintenant pesèrent tourments de haine et de rancœur mêlées. L’amour sororal, en une fraction de seconde, s’était changé en amertume chorale. Dans sa cage thoracique remuaient de noirs flots d’émotions, son cœur accélérait en démesure. Ses pas claudiquèrent sur l’allée, son corps entier frémissant de rage. Le sang battait follement ses tempes, Rhaella croyait sa tête prête à exploser tandis que des cornements bourdonnaient à ses oreilles.
Un son seul lui parvint. Les mots savaient être douloureux – ceux de Naerys étaient pires encore. J’aurais préféré que tu sois morte, toi aussi !
Rhaella se figea. Dans son dos, des mètres derrière elle, sa sœur aînée avait piétiné ce qu’il restait de leur relation. Leur amour, jeté à la mer. Sa haine, crachée dans le vent – jusqu’à ses oreilles. La cadette se sentit trembler brusquement, les mots la balayèrent avec autant de force qu’une bourrasque. Elle faisait dos à Naerys, immobilisée par la douleur lancinante qui la traversait. Elle porta même une main à son cœur, comme pour s’assurer qu’il savait toujours battre.
Les doigts se crispèrent contre sa poitrine jusqu’à serrer le poing. Rhaella se retourna lentement, les yeux luisants d’une ire étonnamment impassible.
— Nyke vaoresagon naejot sagon morghe tolī issare aōha mandia mēre tolī tubis.
| Je préférerais encore être morte qu’être ta sœur un jour de plus. |
Rhaella fixa encore Naerys de longues secondes, une rage incisive au fond de son regard. C’étaient comme des adieux à cette aînée qu’elle avait tant idéalisée et aimée, comme si jamais elles n’allaient se retrouver. La terrible peine, cachée derrière la colère, creusait à pleines mains une brèche à l’intérieur de son cœur. Les lacérations faisaient aussi mal qu’elle se sentait soulagée d’avoir su exprimer quelque chose, pour une fois – mais il ne restait dans sa poitrine qu’un trou béant que rien n’aurait su combler sinon l’amour d’une sœur.
Après un long échange de regard qui ne laissait nulle place au pardon, Rhaella fit volte-face et s’enferma dans ses pensées en reprenant le chemin vers le port. Alors qu’elle y était seule, elle se fit violence pour ne pas pleurer. Elle avait la douloureuse sensation qu’il manquait la moitié de son âme. Et rien, rien n’aurait su apaiser cette souffrance.
Si elle crut d’abord se sentir allégée d’un poids, il n’en fut rien – sur ses épaules maintenant pesèrent tourments de haine et de rancœur mêlées. L’amour sororal, en une fraction de seconde, s’était changé en amertume chorale. Dans sa cage thoracique remuaient de noirs flots d’émotions, son cœur accélérait en démesure. Ses pas claudiquèrent sur l’allée, son corps entier frémissant de rage. Le sang battait follement ses tempes, Rhaella croyait sa tête prête à exploser tandis que des cornements bourdonnaient à ses oreilles.
Un son seul lui parvint. Les mots savaient être douloureux – ceux de Naerys étaient pires encore. J’aurais préféré que tu sois morte, toi aussi !
Rhaella se figea. Dans son dos, des mètres derrière elle, sa sœur aînée avait piétiné ce qu’il restait de leur relation. Leur amour, jeté à la mer. Sa haine, crachée dans le vent – jusqu’à ses oreilles. La cadette se sentit trembler brusquement, les mots la balayèrent avec autant de force qu’une bourrasque. Elle faisait dos à Naerys, immobilisée par la douleur lancinante qui la traversait. Elle porta même une main à son cœur, comme pour s’assurer qu’il savait toujours battre.
Les doigts se crispèrent contre sa poitrine jusqu’à serrer le poing. Rhaella se retourna lentement, les yeux luisants d’une ire étonnamment impassible.
— Nyke vaoresagon naejot sagon morghe tolī issare aōha mandia mēre tolī tubis.
| Je préférerais encore être morte qu’être ta sœur un jour de plus. |
Rhaella fixa encore Naerys de longues secondes, une rage incisive au fond de son regard. C’étaient comme des adieux à cette aînée qu’elle avait tant idéalisée et aimée, comme si jamais elles n’allaient se retrouver. La terrible peine, cachée derrière la colère, creusait à pleines mains une brèche à l’intérieur de son cœur. Les lacérations faisaient aussi mal qu’elle se sentait soulagée d’avoir su exprimer quelque chose, pour une fois – mais il ne restait dans sa poitrine qu’un trou béant que rien n’aurait su combler sinon l’amour d’une sœur.
Après un long échange de regard qui ne laissait nulle place au pardon, Rhaella fit volte-face et s’enferma dans ses pensées en reprenant le chemin vers le port. Alors qu’elle y était seule, elle se fit violence pour ne pas pleurer. Elle avait la douloureuse sensation qu’il manquait la moitié de son âme. Et rien, rien n’aurait su apaiser cette souffrance.
Rhaella Velaryon & Naerys Velaryon
An 298; lune 03; semaine 03; jour 06; Lamarck
An 298; lune 03; semaine 03; jour 06; Lamarck
The ones who'd been gone for so very long She couldn't remember their names They spun her around on the damp old stones Spun away all her sorrow and pain