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Quand le faucon bleu rencontre le faucon d'or | Lews

Jon Arryn

Jon Arryn

Personnage
Messages : 13
Localisation : Sur la route des Eyrié
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Quand le faucon bleu
rencontre le faucon d'or

 
Le vieillard se leva avant même que la lueur timide de l’aube ne passe le jour de sa porte. La plante de ses pieds nus rencontra le plancher, glacé, faisant remonter une courbature le long de ses mollets. Paresseusement, Jon se pencha vers l’avant, massa les muscles atrophiés. Un soupir franchit la barrière de ses lippes. L’âge. Il y pensa avant même de se rendre compte que ces douleurs étaient quotidiennes, loin du confort de la cour. J’ai passé l’âge de ces voyages. Il se faisait la réflexion avec amertume. Quand il était à Port-Réal, rien ne savait l’épuiser ou l’alanguir, pas même l’inconfort douloureux du Trône de Fer sur lequel il devait s’asseoir – et ce plus souvent qu’il ne l’aurait cru, des années plus tôt.

Jon s’était fourvoyé quant à la nature profonde de Robert : quoi qu’il fasse, il n’était rien qui puisse attirer celui-ci dans l’exercice du pouvoir. Son fils de cœur, comme il se plaisait à le voir, avait aimé conquérir. Il avait soulevé son marteau de guerre avec ferveur, avait combattu avec passion. Mais au premier jour de son règne, le cerf avait fait peser sur les ailes du faucon tout le poids de la couronne. Comment voler en de pareilles conditions ?

On toqua à la porte de la cabine, trois pauvres coups pour signifier au vieux seigneur que quelque chose d’intéressant se passait, là dehors. Il lâcha ses mollets endoloris. Leva ses yeux que l’âge fatiguait vers le vantail.

Lord Jon, Goëville est en vue.
J’arrive, Hugh.

Le seigneur quitta totalement sa couche, pressant ses vieux os vers le secrétaire sur lequel trônaient livres ouverts et nécessaires d’écriture et d’étude, comme un stigmate de la nuit passée : Jon dormait mal, sur ce navire. Et sa fatigue qui grignotait son corps vieillard ne faisait qu’empirer le mal tordant ses muscles. Dans la petite pièce flottait une odeur de bougie, la faute à celle qu’il avait laissé se consumer jusqu’à la fin, au plus noir de la nuit.

Les gestes sûrs, tout ordonnés, le seigneur vallois ouvrit d’une main la grosse malle de bois ouvragé pour y ranger tout à la hâte ses effets. En une poignée de secondes, tout y fut remisé et Jon prit un peu de temps à se laver, toujours en vitesse, comme on le faisait de son temps, à l’aide d’un linge humide. Puis, alors qu’au dehors il entendait sonner les cloches du port, le seigneur Main finit d’enfiler des vêtements plus adaptés au climat comme à la situation.

Enfin, il sortit de sa cabine.

Dehors, le vent était froid et il sifflait fort comme une gifle. En le sentant, un sourire appréciateur passa sur les lippes du vieillard. Je suis à la maison. La pensée lui vint, rapide comme la bise mais douce comme la venue du printemps. Voilà longtemps qu’il n’avait plus trop de maison. La cour et ses maniganceurs, le trône et ses mille épées, cela, n’était pas chez lui. Jamais ne le serait.

Mais le Val… Son Val sauvage et libre, frais et tout vivant. Voilà ce que son cœur nommait sa maison.

Hugh vint à lui en trottant, son air de petit coq jurant avec la cadence à laquelle il venait le servir. Les mains dans le dos et le menton tout haut, l’écuyer récita comme s’il avait s’agi d’une poésie :

Puis-je faire quelque chose pour vous servir, monseigneur ?

Jon n’attarda son regard sur lui qu’une seconde, le reportant presqu’aussitôt sur l’horizon qui lui avait tant manqué. Leur navire, qu’on appelait le Tout-Doré, s’infiltrait déjà à travers les autres qui dormaient aux quais de Goëville, jusqu’à ce qu’on l’immobilise. Ce n’est qu’une fois à l’arrêt que Jon répondit à son écuyer.

Dis aux autres que nous passerons la journée et la nuit à Goëville. Nul besoin de nous presser. Et j’ai besoin d’un peu de repos.

Et ces mots prononcés, Jon s’avança sur le pont. Déjà on hissait une passerelle du Tout-Doré aux quais, et entouré de dix hommes de la Couronne, le seigneur Main quitta son navire. Alors que l’ombre d’un sourire planait à ses lèvres en redécouvrant son Val natal, son escorte sécurisait les environs, s’assurant que nulle personne armée ne pouvait l’approcher.

Lord Main, préféreriez-vous être hébergé auprès de la maison Grafton ? Ou la maison Shett ? La maison Grafton est plus honorable mais…

Jon n’écoutait plus : ses yeux s’étaient portés sur un emblème tout particulier, qu’il discernait au loin – comme un secret mal dissimulé, le faucon doré paraissait l’appeler.

La maison Arryn, répondit-il presque abruptement, tant il était dans ses pensées. Trouve-moi quelqu’un parmi les Arryn de Goëville.

Enfin il regarda de nouveau son écuyer. Et Hugh, sans demander son reste, fila à travers la foule qui grouillait à travers les rues de Goëville, en quête de servir son maître. En quête de ses cousins si lointains qu'il n'était pas sûr d'en connaître le nom. Et pourtant, Jon se le répétait au fond de lui : je suis à la maison.


Jon Arryn & Lews Arryn
An 297; lune 05; semaine 03; jour 06; Goëville


Home is behind The world ahead And there are many paths to tread Through shadow To the edge of night Until the stars are all alight Mist and shadow Cloud and shade All shall fade