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Cersei & Elowen — Little flower in the lion's hands

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Cersei Lannister

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little flower in the lion's hands
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« Tu seras fort et digne comme un lion », les yeux de jade de Cersei se posèrent avec une intensité possessive sur Tommen, qui gambadait innocemment dans l'ampleur luxueuse de la chambre royale. Il était rare que le petit prince soit invité dans ces appartements privés. Mais en cet instant, Cersei avait désiré sa présence, un caprice de mère. Ce n'était pas qu'elle fût distante avec lui par choix, mais sa position dans l’ordre de succession le reléguait inévitablement à l'ombre du trône réservait à Joffrey. Préparer son aîné à régner, à affronter les rigueurs du pouvoir, exigeait des sacrifices. Et parmi ceux-ci, l'abandon inévitable du temps précieux qu'elle aurait pu consacrer à ses autres enfants. Un regret qu’elle dissimulait sous les voiles de la résignation, mais qui laissait parfois transparaître une ombre furtive dans son regard impérieux.

Tommen, les joues rosies par le jeu, s'arrêta un instant, son esprit enfantin agité par une question qui trahissait encore son innocence. « Mère, pourrais-je être un cerf, comme père ? » Ces mots faillirent lui arracher un sursaut, une brûlure d’indignation qu’elle réprima aussitôt, l’étouffant dans les tréfonds de son gosier. Mais ses lèvres demeurèrent fermes, laissant échapper un sourire mesuré tandis que ses doigts fins se glissaient dans la crinière dorée du garçon. Cersei s'abaissa lentement, ses jupons céruléens glissant comme une vague apaisante sur le sol de marbre. « Mon soleil, tu pourras être tout ce que tu désires, et bien plus encore », murmura-t-elle, ses paroles enveloppant l'enfant de toute la tendresse d'une mère.

Son regard devint alors plus perçant, presque félin, alors qu’elle caressait la joue douce de son fils, tentant de lui insuffler une once de l’ambition froide qui brûlait en elle. « Mais souviens-toi toujours des forces respectives de chacun. Le lion peut aisément dévorer la biche, à condition de savoir la prendre au piège. Et tu dois veiller, mon soleil, à ce que personne ne te dévore ». Les yeux candides de Tommen s’élevèrent vers elle, emplis de questions enfantines qui effleuraient encore la surface de ce monde si complexe qu’elle ne pouvait lui révéler tout entier. Il répondit avec la simplicité désarmante de l’enfance : « Alors, je serai un oiseau, et je volerai haut dans le ciel pour que personne ne m’attrape, mère ».

Un sourire se dessina sur les lèvres de Cersei, mais il portait en lui la saveur amère de l’ironie. Le destin cruel qui liait sa maison au Val résonnait douloureusement dans ces paroles innocentes, un écho involontaire des tensions qui couvaient sous la surface des relations avec le Faucon du Val. Elle acquiesça, d'un geste qui semblait presque absent, avant de se redresser dans toute la dignité de sa stature. « Va donc retrouver tes précepteurs, mon soleil. Tu as encore tant à apprendre ». Le petit prince, obéissant, salua sa mère avec la déférence apprise, puis s’élança dans le couloir, ses pas résonnant faiblement sous la voûte des corridors, suivi de près par une servante au visage humble. Alors que la silhouette de l’enfant s’évanouissait, Cersei laissa une dernière directive, son ton impérieux ne laissant place à aucune hésitation. « Faites venir Lady Elowen Cendregué. Il est grand temps que nous ayons une entrevue, cela fait trop longtemps que nous n’avons échangé ». La servante, le regard baissé, s’inclina profondément avant de s’exécuter, accompagnant Tommen hors des lieux sacrés de la Reine pour accomplir la volonté de celle-ci. Les ordres de Cersei n’étaient jamais des suggestions, mais des édits, et chacun dans ce palais savait que la désobéissance, même minime, pouvait avoir des conséquences funestes.

☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Le silence imprégnait la vaste chambre royale depuis le départ de Tommen, un silence seulement troublé par le murmure discret des servantes s’affairant à préparer l'arrivée de l'invitée de Cersei. Sur une table finement sculptée, ornée de délicates arabesques aux teintes d'or, de pourpre et d'émeraude, étaient disposés quelques mets raffinés, alignés avec une précision quasi militaire, tandis que deux chaises, habillées des armoiries royales, attendaient d’être occupées. Les fenêtres, grandes ouvertes, laissaient l'air tiède et parfumé pénétrer la pièce, rafraîchissant l'atmosphère.

Un bouquet somptueux dominait la scène, composé de fleurs d’acanthe, de consoude et de delphinium, mêlées à d’autres variétés plus exotiques. L’ensemble formait un tableau vivant, symbole à la fois de la richesse du royaume et du goût impeccable de sa souveraine. La Reine, drapée dans une robe céruléenne, dorée et blanche, se tenait debout près de la table. Cette parure, loin des teintes écarlates et or auxquelles la cour s'était habituée, semblait paradoxalement tempérer la chaleur de son tempérament. Son vêtement, aussi léger qu’une brise d’été, lui permettait de se mouvoir avec aisance, chaque pas résonnant avec l’autorité innée de celle qui régnait sans partage sur son domaine.

La dernière fois qu’elle avait croisé le chemin de Lady Elowen Cendregué, c’était lors du tournoi grandiose de Castral Roc en l’an 295, où la jeune femme avait enduré la perte tragique de son frère, ce qui l'avait propulsée, presque malgré elle, à la tête de sa maison, désormais orpheline de ses parents. Lorsque la porte massive s’ouvrit lentement, laissant pénétrer la silhouette gracieuse d’Elowen, les lèvres de Cersei s’étirèrent en un sourire apparemment sincère, une rareté soigneusement réservée à ceux qui avaient su capter son intérêt ou sa sympathie. Elle s'avança avec une majesté calculée, ses doigts effleurant les arabesques de la table comme pour en éprouver la solidité, avant de venir saluer son invitée de son propre chef, geste rarissime dont l’importance ne pouvait échapper à l’œil averti. « Ma douce et tendre fleur », murmura-t-elle d’une voix veloutée, son intonation modulée avec une tendresse qui semblait presque maternelle. « Je n’ai guère eu l’opportunité d’échanger avec vous depuis votre arrivée à Port-Réal. On m’a dit que vous aviez été fort occupée... »

La mention à demi voilée de ses récentes interactions avec Varys, l’ombrageux maître des chuchoteurs, était volontairement laissée en suspens, comme un appât délicat que Cersei espérait voir mordre. Elle désigna ensuite d’un geste fluide la table abondamment garnie. « J’ai fait préparer quelques mets délicats par nos cuisines, accompagnés de fruits et de rafraîchissements soigneusement choisis. Je vous en prie, installez-vous. » Cersei s’avança alors vers sa propre chaise, s’y assit avec la grâce souveraine qu’on lui connaissait, ses yeux d’un vert perçant ne quittant pas un instant ceux d’Elowen, comme une lionne observant sa proie, prête à déceler le moindre signe de faiblesse.
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Elowen Cendregué

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Je laissai la servante m’aider à passer ma robe. Une belle robe d’un doux vert, une jupe fluide autour de mes jambes ainsi que des broderies orange reprenant des motifs de soleil sur le bord de mes manches, de mon corsage, et de ma jupe, avec de la dentelle blanche. C’était très doux, très joli. Je rajustais mon collier, où le soleil des Cendregué pendait. Comme toujours. Je fis un tour sur moi-même pour m’admirer dans le miroir. C’était magnifique, très doux. Je m’assis ensuite devant la coiffeuse pour que la servante puisse coiffer ma lourde cascade de boucle châtain. À la capitale il fallait toujours paraître parfait, n’est-ce pas ? Alors je me laissai coiffer, un chignon complexe avec des rubans à mes couleurs ainsi que des épingles avec des têtes de soleil. Je me relevai, remerciant la servante qui disparut rapidement.

Je m’installai sur la causeuse, laissant Dandelion se glisser dans la pièce en silence. Je lui offris un sourire et, après sa ronde habituelle pour s’assurer que tout allait bien dans mes appartements, il ôta son casque et le posa sur un guéridon.

« Tout va bien ?
- Oui. Il fait beau aujourd’hui.
- Voudrez-vous sortir vous promener dans les jardins ? »

J’inclinai la tête avec douceur. Il faudrait ensuite que j’aille sans doute découvrir un peu plus la ville ? Cela serait bien que je puisse la découvrir… Mais seule ? Je me mordis les joues pendant quelques secondes avant de détourner le regard et commencer à rajuster les bords de mes manches. Dandelion plissa légèrement le nez et ouvrit un des petits coffrets que j’avais soigneusement rangé à l’abri des regards et attrapa une coupe. Je le laissai faire, il avait parfaitement l’habitude et moi je lui faisais une confiance aveugle. Il versa quelques gouttes du mélange dans une coupe avant de la remplir d’eau et de me la tendre. Je la saisis, mécaniquement, pour la porter à mes lèvres et boire une longue gorgée. Depuis que j’étais à Port Réal, j’avais mes vomissements d’angoisse de manière beaucoup plus récurrents, sans parler des migraines. Mais je le savais,c et endroit était plus qu’une source de stress pour moi. Et je n’avais que les quelques potions du Mestre pour m’aider, à utiliser avec parcimonie car je ne pourrais pas en refaire faire avant mon retour. Et cela malgré les réserves.

On frappa à la porte et Dandelion s’y dirigea aussitôt pour l’ouvrir et revient après quelques secondes.

« Sa Majesté Cersei Lannister veut vous voir. »

Je me sentis pâlir aussitôt et me levai dans le même temps.

« Je viens. »


Ce n’était pas comme-ci je pouvais dire non, n’est-ce pas ? Dandelion posa simplement sa main sur mon épaule et je sortis de mes appartements pour suivre la servante dans les couloirs jusqu’à ces appartements, Dandelion toujours dans mon ombre, il ne me quitterait pas de toute manière ! J’inspirais profondément, carrant légèrement mes épaules dans ma robe avant qu’on ne m’ouvre la porte. J’entrais dans ces appartements, sublimes et richement ornés. J’avais l’impression que j’avais les paumes moites et que mon cœur battait fort. Je fis une profonde révérence devant la lionne de reine.

« Votre majesté. »

Douce et tendre fleur… Je rougis jusqu’au bout de mes oreilles. Mon regard tomba sur le bouquet déposé sur la table. Consoude : fleur médicinale. Acanthe, symbolise l’immortalité, la renaissance et la longévité. Accompagné de Delphinium, la joie, le bonheur et la bonne volonté. C’était aussi une représentation de la communication et des interactions positive. On pouvait aussi s’en servir pour repousser les mauvaises ondes et les mauvais esprits. Était-ce un message pour moi ? Ou était-ce juste un bouquet qu’elle trouvait joli ? J’offris un sourire à la lionne, masquant mon anxiété avec mon talent habituel. Fort occupé… Je secouais légèrement la tête.

« Je vous en prie majesté, vous avez bien d’autre chose à faire que venir parler à une simple seigneuresse. Quant à une occupation, j’ai pu discuter de quelques banalités avec le Maître des Chuchoteurs, mais c’est tout. »

La table était chargée de nourriture, de mets et de boissons de qualité, mais j’avais le ventre noué. Mais s’li le faudrait, je me forcerais. Je m’assis en face d’elle lorsqu’elle m’y autorisa.

« Vous êtes trop bonne majesté, et je vous remercie de votre invitation. C’est un honneur pour moi d’être ici. »


Notre dernière rencontre datait du tournoi, j’étais à l’époque une enfant et c’était surtout mon père qui lui avait parlé, moi j’étais restée en arrière. Je maîtrisais chacun de mes gestes pour m’asseoir en face d’elle.

« J’espère que vous vous portez bien votre majesté. »

Je n’allais clairement pas l’interroger sur quoi que ce soit. Dandelion était derrière moi, à part si les gardes lui avaient demandé de rester à la porte. Mais s’il était avec moi, je savais qu’il s’était incliné bien bas et avait prit un peu de distance.
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Elowen avait toujours éveillé la curiosité de Cersei, depuis leur première rencontre lors du tournoi qui scella le destin funeste de son frère. Elle n'était alors qu'une frêle enfant, à peine âgée de douze ans, mais déjà empreinte d'une éducation rigoureuse et d’une réserve qui dissimulait mal l'acuité de son regard. Son maintien, parfait, dénotait une déférence scrupuleuse envers la Reine. Mais cet âge d’innocence fut rapidement balayé, emporté par les vents cruels du destin qui s’abattirent sur la maison Cendregué. Le décès brutal de son père précipita Elowen dans une position qu’elle n’aurait jamais imaginée occuper si tôt. La douce fleur qu’elle était aurait dû éclore sous la protection vigilante d’un père aimant, mais le trépas soudain de celui-ci la força à se transformer en une seigneuresse avant même d’avoir quitté l’enfance.

Cersei, dont l’esprit calculateur ne laissait rien au hasard, ne pouvait s’empêcher de contempler l’ironie de la situation. Elle-même avait connu la pression de devoir grandir trop vite, mais contrairement à Elowen, elle avait été armée, préparée à l’exercice du pouvoir par un père qui ne laissait rien au hasard et souhaitait avant tout la réussite de sa lignée. Cette jeune fille, en revanche, devait naviguer seule dans les eaux troubles de la politique et de la gestion d’un domaine aussi vaste que Cendregué, sans guide ni mentor. Et, surtout, elle portait en elle la faiblesse inhérente à son sexe, dans un monde où les hommes n’attendaient que l’opportunité de s’emparer de son héritage par le biais d’un mariage. Cersei voyait déjà les vautours rôder autour de la jeune seigneuresse, prêts à fondre sur elle à la première occasion.

La Reine, impassible, observa Elowen avec la froideur analytique d'un prédateur évaluant une proie. Lorsque ses lèvres s’entrouvrirent pour ordonner aux servantes : « Servez-nous, je vous prie, puis quittez immédiatement les lieux », son ton ne laissait aucune place à l'interprétation. L’autorité qui imprégnait ses paroles se traduisit en une promptitude exemplaire de la part des petites mains, qui s'activèrent sans un mot, craignant de provoquer la colère de leur maîtresse. En un clin d'œil, des assiettes furent dressées, et les verres, remplis d’un vin carmin aux reflets chatoyants, furent déposés avec une précision cérémoniale. Cersei saisit sa coupe avec une élégance naturelle, portant la boisson à ses lèvres tout en laissant ses yeux scruter Elowen, délectant chaque instant du silence pesant qui s’installa une fois les portes refermées. Ce silence n'était pas le fruit du hasard ; c'était une tactique, une manière de jauger les réactions de son invitée, de sonder la profondeur de son caractère. La Reine, savourant autant le vin que l’attente, laissa la pression monter.

Cersei, avec une maîtrise des apparences qui frôlait l'art, se pencha légèrement en avant, posant une main délicate sur celle Elowen. Le contact, à la fois tendre et calculé, servait à renforcer l’illusion d’une affection presque maternelle. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire chaleureux, un masque derrière lequel se dissimulaient ses véritables intentions. « Je n’ai pas encore eu l’opportunité de vous présenter mes sincères condoléances pour le décès de votre cher père. Ce doit être un fardeau insoutenable de perdre si tôt un homme d’une telle stature, et de devoir endosser un héritage aussi lourd ». Tandis qu’elle prononçait ces paroles, Cersei reporta son attention sur son verre, observant avec une précision presque absurde les quelques gouttes de vin qui glissaient le long des parois dorées du gobelet avant de s’abîmer dans l’obscurité liquide.

Cette attention minutieuse ne laissait rien transparaître de l’agitation intérieure qui bouillonnait sous son masque de sérénité. « Je trouve toujours du temps pour ceux que j’apprécie, ma chère fleur. Mais rassurez-vous, je me porte à merveille en ces jours de réjouissances, où nous nous apprêtons à célébrer l’anniversaire de notre héritier bien-aimé ». Les paroles de la Reine flottaient dans l’air, empreintes d'une douceur aussi trompeuse que la mer avant la tempête. Son regard perçant, dissimulé derrière une bienveillance feinte, ne quittait pas celui de son interlocutrice, guettant la moindre fissure dans la façade d'Elowen, la moindre émotion susceptible de la trahir.

Mais Cersei n'était pas dupe. Les jeux de pouvoir à Port-Réal, bien que souvent voilés, n’échappaient jamais à son attention. Ses échanges avec le Maître des Chuchoteurs, éveillaient en elle une curiosité aiguisée. Varys, le tisseur de toiles, avait toujours un but caché, et l’idée qu’il puisse trouver un quelconque intérêt dans cette jeune seigneuresse attisait les soupçons de la Reine. « Dites-moi, quel vent vous a donc poussée dans les bras de cet intrigant Maître des Chuchoteurs ? Est-il en quête d’un époux à vous glisser dans les bras, ou son ambition serait-elle de vous lier à lui-même ? » La question, bien que drapée  de curiosité, se fit plus tranchante que la lame d’une épée. Cersei savait que les terres de la maison Cendregué, si stratégiquement situées, faisaient l'objet de convoitises. Le domaine, riche en ressources, attisait les appétits de ceux qui voyaient au-delà des frontières, et Varys, avec son esprit retors, n'aurait certainement pas négligé cette opportunité.

Elle plissa légèrement les yeux, son regard devenant une mer calme mais profonde, où se reflétaient mille intrigues. « Je suis toute ouïe, ma douce fleur. Racontez-moi tout, n’épargnez aucun détail. Mon oreille est vôtre ». Les mots, faussement bienveillants, étaient en réalité un ordre déguisé. Cersei attendait, patiente comme un félin guettant sa proie, prête à décortiquer chaque réponse, à en extraire la moindre information utile, tout en veillant à maintenir Elowen sous l’emprise de son regard impérieux.

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Elowen Cendregué

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Je savais que j’étais en face de la dame la plus puissante des sept couronnes, et l’impression que mon âme était fouillée et mise à nu par ses yeux émeraude. J’avais eu la naïveté de croire que la dernière fois où nous nous étions vu j’avais été plus qu’impressionnée parce que j’étais une enfant à l’époque. Que nenni. Elle était impressionnante même avec trois ans de plus et l’enfance jetée dans un brasero par mon père. Il fallait que je tienne mon rang et ma composition. J’étais une seigneuresse, celle de Cendregué, je ne devais pas faiblir. Même si Dandelion n’était pas là, il n’avait pu rentrer, la reine n’avait pas de garde après tout, pourquoi moi aurais-je le mien. Mais qu’importe. Je devais l’imaginer derrière moi. Tout irait bien. Les yeux de la lionne étaient des chaînes plus sûres que certaines qui pourraient être forgées en acier valyrien. Les servantes nous servirent et, imitant son geste, je pris ma coupe de vin pour la porter à mes lèvres, buvant une petite gorgée, à peine de quoi avoir le goût en bouche. Le mestre n’aimait pas que je mélange plante et alcool. Il valait mieux que je mange quelque chose… Mais mon estomac était plus que solidement noué. Le silence était pesant, mais je l’apprivoisais, je le connaissais ce silence, écho à mes questions hurlés dans les ténèbres. Dernières voix avec laquelle ma famille me répondait. Alors un silence était un silence.

La lionne se pencha et je baissai les yeux sur sa main déposée sur la mienne. Elle avait le bout des doigts froid, mais sa main me semblait peser aussi lourd que la patte d’un fauve. Je relevai les yeux vers elle et son sourire était très doux. Était-ce celui d’une mère envers son enfant ? Je ne savais pas si ma mère avait un jour souri de cette manière. Les rares portraits d’elle la montraient la mine fière et le menton relevé avec un sourire heureux. Je baissai encore une fois les yeux devant la reine lorsqu’elle évoqua mon père et machinalement, je frottai deux doigts l’un contre l’autre pour m’ancrer dans la réalité et ne pas retourner dans la chambre où je l’avais trouvé.

« Je vous remercie. Le fardeau est lourd, je ne vous mentirais point, seulement, c’est pour honorer sa stature et son souvenir que je me dois de le supporter ainsi que mon héritage sans flancher et sans montrer la douleur. Je ne peux me laisser vaincre par le chagrin. »

Notre soleil brille fort… Je devais tenir, je devais le faire resplendir. Encore et encore. Pas par choix, mais parce que c’était mon devoir. Je lui offris un sourire triste, la plaie était plus que béante dans mon cœur.

« Il fait toujours beau au-dessus des nuages, disait Garreth. Le soleil continue de briller et les nuages passeront… »

Elle m’appréciait ? Une reine m’appréciait ? Pourtant nous nous connaissions que peu, et j’avais l’impression que son regard continuait de fouiller, de vouloir creuser mon crâne. Est-ce qu’elle faisait toujours cet effet ? Je baissai à nouveau les yeux, rougissant légèrement malgré moi à ses compliments. J’inclinai la tête.

« Je vous remercie Majesté, oui, les réjouissances promettent d’être superbes, bien que je ne fusse pas sûre d’être la mieux placée pour apprécier un tournoi à sa juste valeur. Est-ce que le Prince Joffrey nous fera l’honneur d’une démonstration de ses talents martiaux ? »

Depuis Garreth, je fuyais légèrement les tournois, de toute façon personne ne prenait jamais la peine de réellement inviter les Cendregué, ou mon père refusait toutes invitations, et moi je refusais que mes chevaliers aillent à la joute… Et personne ne portait jamais mes couleurs. J’évoquai Varys sans trop insister et je vis un éclat passer dans le regard de la reine qui voulait tout savoir. Je déniais d’un signe de tête.

« Il est venu de lui-même majesté, je me promenais pour profiter du Donjon rouge et il est venu faire quelques pas à mes côtés. Je crains que même s’il le voulait il ne pourrait être mon époux, j’ai besoin d’héritiers après tout. Il m’a en effet proposé son concours pour trouver un époux. »

Avais-je raison de tout lui dire ? En même temps, des parties de notre conversation pouvaient lui être rapportées, alors si je lui mentais maintenant… Elle pourrait vite se renseigner.

« Il n’avait aucun nom à me proposer, et je crains que je n’aie de nom avant un petit moment, même si je sais très bien que des seigneurs seraient… Ravis de m’épouser. »

Et de faire plus que main basse sur mes terres. Je ferais brûler Cendregué que de le voir tomber dans d’autres mains que celles de ma famille.

« Mais je crains de ne pas être très intéressante pour Maître Varys, il aime les secrets, et je n’en ai aucun. »

Il n’avait pas non plus dit que cette conversation était sous le sceau du secret. Et si cela était le cas, il ne l’aurait pas fait à portée d’oreille.

« Je crains qu’il ne soit l’un des rares avec vous à vouloir vraiment échanger quelques mots avec moi. »

Je devais porter malheur, puisque personne ne voulait s’approcher trop longtemps de moi. Le Triste Soleil. N’était-ce pas mon surnom ? Garreth les aurait tous séduit, c’est moi qui aurait dû mourir ce jour là.
Cersei Lannister

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Cersei contemplait avec une attention acérée la frêle et délicate jeune femme assise en face d’elle, cette fragile créature qui semblait appartenir davantage au monde des rêves qu'à celui de leur réalité. Elowen ressemblait à une rose centifolia, cette fleur précieuse que l’on cueille avec soin dans les terres ensoleillées du Bief, là où la chaleur intense favorise sa floraison éphémère. Cette rose, toute en délicatesse, exige qu’on la récolte à l'instant même de son éclosion, sans quoi elle s’étiole et se flétrit, victime de sa propre fragilité. Elowen, hélas, n'avait pas bénéficié d'une telle cueillette précoce. L'abandon avait marqué son parcours, laissant sa nature vulnérable s’exposer aux intempéries d’un monde impitoyable.

Elle n’était pas née pour gouverner. Rien en elle ne trahissait l’autorité nécessaire à une véritable seigneuresse. Elle manquait de cette force intérieure qui forge les leaders et façonne les âmes indomptables. Non, Elowen était bien moins que cela : une fleur née pour s'épanouir dans l’ombre protectrice, rêvant, comme tant d’autres jeunes filles, à des contes où un prince viendrait l’arracher à l'insignifiance de son existence. Elle aspirait simplement à l’ordinaire, à un mariage convenable, à la douce routine de la vie domestique, à la chaleur d’un foyer où elle pourrait élever des enfants et nourrir des héritiers.

Mais cette jeune pousse, si elle avait su quoi que ce soit de la dureté du pouvoir, n’en avait certainement jamais éprouvé l’âpre saveur. Elle n'était pas une guerrière, ni une lionne prête à déchirer ses rivaux pour conserver sa place. Non, Elowen avait l’âme soumise, assujettie aux volontés des hommes qui, eux, façonnent le monde à leur guise. Sa vie n’avait été qu’un galop impuissant, une course désespérée pour rattraper ceux qui la précédaient, sans jamais saisir les rênes de son propre destin. Le monde, pour elle, n'était qu'une vaste scène où elle n'avait jamais eu le rôle principal, condamnée à observer sans vraiment comprendre, à suivre sans jamais vraiment apprendre.

Cersei, en d'autres circonstances, aurait pu éprouver quelque indulgence pour cette jeune créature à peine sortie de l’enfance, une jeune femme de moitié son âge, frémissante d'incertitude et d’inexpérience, exhibant maladroitement les signes d'un commandement encore mal assumée. Elowen, en effet, ne possédait ni la hardiesse ni l’assurance nécessaires pour soutenir une conversation d’égal à égal avec la reine. Mais plutôt que de céder à une quelconque pitié, Cersei se complaisait à savourer la situation, laissant libre cours à une langue acérée et experte dans l’art de manipuler. « En ce jour, nous rendrons hommage à la mémoire de votre père et de votre frère», déclara-t-elle d’un ton faussement solennel, ses yeux perçants décryptant chaque frémissement sur le visage de la jeune femme. « Que notre Dieu aux Sept Visages veille sur leurs âmes », ajouta-t-elle avec une ironie subtile, car elle connaissait bien les subtilités de la théologie qui fascinait tant de croyants égarés. Cette religion, avec ses sept facettes représentant un unique Dieu, renfermait une complexité que peu comprenaient réellement, une mystique dont les véritables enjeux échappaient aux esprits simples.

Cersei, toujours maîtresse de son jeu, poursuivit d’un ton doucereux : « Joffrey ne prendra pas part à la joute, mais il observera avec la plus grande vigilance. Un prince héritier n’a nul besoin de se salir les mains, ni de se risquer dans l'arène lorsqu’un royaume tout entier se dresse pour le protéger, à l’image de la valeureuse garnison des Cendregué sous votre commandement. Ce tournoi a pour noble dessein de lui rendre hommage ; ces vaillants guerriers combattront en son nom, non point contre lui. Il conserve ses talents martiaux pour lui-même, car sa simple présence suffit à inspirer la crainte, et c’est là toute la grâce de son rang ». Il était hors de question pour la reine de permettre à Joffrey de se compromettre en se mesurant aux autres devant tout le royaume. Un roi ne doit pas se rabaisser à devenir un simple acteur dans un spectacle. Non, sa fonction est d’être redouté, de gouverner par la crainte, non par l'exhibition de ses forces. Cersei le savait mieux que quiconque : le pouvoir se conquiert par l'apparence, par cette distance imprenable qui transforme un homme en monarque et fait d'un enfant un futur souverain.

Après avoir subtilement détourné la conversation du tournoi imminent à la capitale, Cersei sentit avec une certaine satisfaction la langue d’Elowen se délier, révélant une candeur et une naïveté auxquelles elle ne s’attendait guère. Ce qu’elle redoutait concernant les intentions insidieuses de Varys se confirmait : ce Maître des Chuchoteurs, cette ombre calculatrice et omniprésente, préparait le terrain pour livrer cette jeune héritière sans défense entre les mains d’un homme avide, prêt à s’emparer de son héritage. Naître femme à Westeros, c’était déjà naître inférieure, diminuée, vouée à n’être qu’un rouage au service des ambitions masculines. Peu importait l’éclat du rang auquel une femme pouvait s’élever, elle restait aux yeux de tous un simple instrument de reproduction, un ventre à fertiliser, rien de plus. Cersei, par la force de son caractère et la fermeté de sa volonté, avait su transcender ce rôle réducteur. Elle s’était battue pour ne pas être reléguée à l’arrière-plan, pour devenir plus qu’une épouse docile ou qu'une mère soumise. Mais même ainsi, son rôle de femme continuait de peser plus lourd que sa couronne de reine, et tous, hommes ou femmes, s’empressaient de le lui rappeler. Elle avait dû apprendre à se faire craindre, à renvoyer les ambitions masculines dans leurs goussets, à briser les langues de ceux qui osaient prétendre la dominer.

« Varys prend le relais de ce que votre père aurait dû accomplir », commença-t-elle d’un ton mesuré, chaque mot pesé avec soin. « Vous trouver un époux digne de votre nom, de votre rang ». Un instant de silence, comme pour laisser à la jeune femme le temps de comprendre la gravité de sa situation. « En tant que femme, votre statut vous condamne à cette quête, cela va sans dire », ajouta-t-elle, sa voix s’infusant d’une légère excitation. « Mais n’oubliez jamais, avant toute chose, que vous portez sur vos frêles épaules le destin d’une maison influente du Bief. Vous ne pouvez permettre qu’un autre prenne possession de vos terres, que les Cendregué disparaissent dans l’ombre d’un nom étranger ». C’est là le fardeau de toute héritière : voir sa lignée s’éteindre, victime des hommes qui, sous prétexte de protection, cherchent à tout lui dérober. « Vous devrez choisir un époux qui accepte de tout céder, de se soumettre entièrement à vous. Un homme qui sera vôtre et non l’inverse, car c’est seulement ainsi que votre nom perdurera après votre règne… Sinon, il s’éteindra, oublié comme tant d’autres ». Le regard que Cersei jeta à Elowen se fit plus doux, mais il était alourdi par le poids terrible de l’avertissement qu’il portait.

« Varys est un homme habile, et comme tout homme, il ne sert que ses propres intérêts. Vous devez d’abord penser aux vôtres, car je ne crois pas qu’il soit celui qui vous trouvera un époux capable de préserver ce qui est vôtre ». Elle marqua une pause, laissant la gravité de ses paroles s’imprimer sur l’esprit vulnérable de la jeune femme. « Les hommes n’ont jamais agi que pour eux-mêmes, jamais par pure altruisme. Leur accorder votre confiance, c’est signer votre perte. Aucun homme ne viendra secourir une femme sans en tirer un bénéfice pour lui-même, et je crains que l’influence que Varys tirerait de cette alliance ne soit bien plus profitable à lui qu’à vous ». Le sourire de Cersei se fit presque maternel alors qu’elle posait une main légère sur celle d’Elowen. « Ce dont vous avez besoin, ma douce fleur, c’est de pouvoir compter sur une femme. Une femme qui comprenne vos craintes, vos désirs, et qui vous écoute avec une véritable attention ». Cersei se présenta ainsi non seulement comme une alliée potentielle, mais aussi comme une conseillère avisée, offrant à Elowen une bouée de sauvetage dans un océan de prédateurs.

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Je savais que je n’étais pas de la trempe de la reine, ou même des femmes de Dorne. Je n’avais jamais voulu cette place, et pourtant, j’y étais. Et maintenant que je l’avais, je ne lâcherais rien. Ma maison, mon devoir, ma vie. Mes frères n’auraient jamais rien laissé passer, je tiendrais, parce qu’eux l’auraient fait. Parce que je n’avais pas le choix. Ma famille avait tenu le siège de Robert, je tiendrais le siège que le destin faisait. Je hochai la tête. Que les Sept veillent sur eux…

« Qu’ils puissent avoir retrouvé Brynden et Mère. »

Au moins, tous les quatre réunis, père serait en paix et ils pourraient veiller sur moi autant que possible. Parce que j’avais besoin d’eux… Même si je ne pourrais jamais plus rien leur demander. Mais je préférais questionner sur le tournoi, que je détestais par avance, je devrais ne rien montrer, ne pas frémir face aux coups et aux joutes, ne pas fermer les yeux au moment de l’impact. Non. Rien de tout cela… Je devrais tenir. Alors, je demandais à la Lionne si son jeune cerf de fils jouterait également, ou ferait une démonstration. Visiblement, elle n’était pas de l’avis de Garreth pour qui on devait participer avec ses hommes, montrer qu’on savait se battre, pour avoir leur respect. Garreth, aurait-il jouté ? Sans aucun doute, il aurait porté mes couleurs, rit aux éclats et cherché vaguement une fiancée. Il aurait illuminé le monde de sa présence. Et il l’aurait fait, même pour son anniversaire. Inspirer la crainte ? Il n’avait que treize ans… Je n’étais pas sûre que beaucoup de jeune de treize ans inspiraient la crainte mais soit. La garnison de Cendregué qui me protège… J’eus un sourire.

« J’aurais aimé le voir combattre. On dit qu’il possède un talent naturel pour la lame. Quant à ma garnison… Je crains ne leur avoir interdit, du moins à mes chevaliers, de participer à la joute. »

La garnison de Cendregué, j’aimerais tant pouvoir m’entraîner avec eux, apprendre et justement ne pas être celle qu’on protège, même d’elle-même. Je détournai légèrement les yeux avant de parler de Varys sans aucune hésitation. J’eus un rire amer aux mots de la reine en secouant la tête.

« Père n’a jamais cherché le moindre époux pour moi. Il ne l’aurait jamais fait. »

J’aurais dû me débrouiller seule, même s’il était encore en vie. Maintenant, je devais me débrouiller seule, parce que même si on me présentait quelqu’un, c’était mon choix. Mon choix. Quinze ans. C’était ce que j’étais une fillette de quinze ans qui ne devait pas se laisser diriger par les autres et qui ne devait pas sombrer, qui devait choisir. Une quête, j’inclinai la tête.

« Ardue en réalité. »

Bien plus qu’on ne le pensait. Je soutiens le regard de la reine quand elle me rappela qui j’étais, je ne pouvais pas l’oublier, c’était hors de question. Je hochais la tête à ses mots. Elle disait ce que je me répétais chaque jour. Je posai une faim fine sur celle qu’elle m’avait déjà déposé pour la serrer légèrement.

« C’est ce que je me dis chaque jour majesté. À chaque fois que je me regarde dans une glace, à chaque décision que je prends, je n’oublie pas que je suis le seul futur des Cendregué. Et je préférerais le passer aux flammes mon propre domaine, ainsi que ma propre personne, que de laisser une autre maison s’en emparer. Il est de mon devoir de protéger mon nom, mes terres et mes gens. C’est mon devoir. Et ce qu’auraient fait Garreth et Brynden. Je ne peux faiblir. »

J’étais une Cendregué, nous brillerons à nouveau pour montrer que nous existions. J’inclinai la tête à ses mots. Trouver un époux qui me conviendrait semblerait mission impossible… Et pourtant je n’avais que très peu de critères, mais ces critères pour notre époque semblaient irréalistes.

« Les hommes, même loin de la succession, sont toujours brusquement très attachés à leur nom quand il s’agit de le perdre et de ne pas le transmettre. Et pourtant c’est ce qu’on nous demande à nous femme. Qui a plus de force morale ? »

Les hommes étaient égoïstes, certes, pas tous, mais ils avaient besoin de montrer leur force, leur fierté. Alors qu’aux femmes on demandait de se taire et de subir. J’inclinai la tête à ses mots. Varys ou elle. C’était la politique qu’elle décrivait. Personne n’aidait personne sans rien n’attendre en retour. Compter sur une femme. Elle voulait que je compte sur elle pour trouver un époux ? Je souris doucement en l’observant avec attention. Elle parlait de Varys, mais elle lui ressemblait bien plus que ce qu’elle ne voulait bien le dire.

« Vous avez déjà fort à faire majesté, je ne puis vous contraindre à devoir m’épauler. Je ne souhaite pas vous causer ennuis. Même si j’aimerais vraiment pouvoir accepter votre aide, ne serait-ce pas indigne de vous, un gaspillage de votre temps si précieux que d’aider une simple seigneuresse ? »

Je pourrais épouser un Hightower rapidement, seulement ils avaient la sale manie d’être des tournes-casaques de premier ordre et surtout de vouloir tout contrôler. Et je finirais comme un chien à leur botte. Et ça je ne le pouvais pas. Malgré le nombre de fils et d’enfants.
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Cersei saisit avec une grâce feinte une assiette délicatement ciselée où se dessinaient les armoiries de Robert, ce Cerf trônant avec arrogance en tant qu'emblême des Baratheon. Un rictus menaçait de déformer les traits parfaits de son visage, mais elle parvint à maîtriser ce réflexe de dégoût, dissimulant son aversion sous une apparente sérénité. Ses doigts se posèrent ensuite sur une pâtisserie subtilement dorée : un gâteau au citron, délicatement préparé dans les cuisines du Donjon Rouge. Cersei avait toujours chéri ce met raffiné dont l’acidité éveillait son palais avec une vigueur particulière. Dans un geste mesuré, elle en déposa un devant la jeune femme qui lui faisait face, observant avec un intérêt étudié la réaction qu’elle susciterait.

« Lorsqu’on est appelé à régner, lorsqu’on porte sur ses épaules le poids des Sept Couronnes et de tous les peuples qui les composent, il n’est nul besoin de se soumettre aux divertissements futiles auxquels les hommes s’adonnent pour flatter leur vanité ». Sa voix, bien que douce en apparence, vibrait d’une autorité intransigeante. « Joffrey mènera ses propres joutes aux côtés de son père, certes, mais de loin, comme il sied à un futur roi. Car un souverain, un véritable souverain, ne s’abaisse pas à ces pitreries chevaleresques où l’on s’entre-tue pour la gloire éphémère d’un tournoi. Vous le savez aussi bien que moi ». Les paroles d’Elowen, bien qu’exprimées avec une certaine candeur, commençaient à agacer Cersei, comme si cette jeune fille osait remettre en question la virilité de son fils, et par extension, sa capacité à régner. Pourtant, Joffrey, bien qu’encore jeune, savait manier l’épée. Nul doute à ce sujet. Et c’était précisément parce qu’il maîtrisait cet art qu’il n’avait nul besoin de se compromettre dans les frivolités de la Cour, ces mascarades où se pavanent ceux qui ne sont que chevaliers. Il était appelé à régner, à écraser sous son joug le royaume tout entier, non à se complaire dans ces jeux pour la foule, ces distractions pour les âmes faibles et insouciantes.

Cersei se pencha légèrement en avant, ses yeux brillant d’une intensité froide. « Joffrey ne sera jamais un simple chevalier », murmura-t-elle avec une assurance glaciale. « Il est destiné à régner, à porter la couronne, à écraser ceux qui oseraient se dresser sur son chemin. L’épée qu’il manie, il ne la brandira que lorsque ce sera nécessaire, non pour divertir la Cour ». Le ton était sans équivoque, une mise en garde à peine voilée. Cersei, sous des dehors courtois, rappelait à Elowen la place qui devait être la sienne : celle d’une observatrice docile, soumise aux volontés de ceux qui tenaient réellement les rênes du pouvoir.

« Votre père, s’il avait eu l’acuité nécessaire, aurait sans doute dû prévoir ce qui vous adviendrait et s’empresser de vous trouver un époux digne de ce nom. Sa présence à vos côtés aurait suffi à écarter les prétendants les plus audacieux, ceux-là même qui, en se parant d’un masque de vaillance, auraient espéré s’emparer de vos terres ». Les paroles de Cersei glissèrent avec une froideur calculée, chaque syllabe frappant comme une lame bien affûtée. Son propre père, Tywin Lannister, n’avait pas attendu pour la mettre sur l’étal des alliances politiques, prête à être vendue au plus offrant. D’abord promise au prince Rhaegar Targaryen, elle avait vu cette union avortée par la folie du roi Aerys II, qui avait repoussé la proposition avec le mépris qui lui était coutumier. Ensuite, Viserys Targaryen avait été envisagé, mais la guerre éclata, ravageant les certitudes et les espoirs. Le Sac de Port-Réal fut conclu sous la férule implacable des troupes de Tywin Lannister, et lorsque Robert Baratheon entra en vainqueur dans la capitale, Cersei fut présentée au nouveau roi, non pas comme une femme, mais comme une monnaie d’échange, une carte à jouer sur l’échiquier du pouvoir. Depuis toujours, elle n’avait été qu’un pion à marier, un joyau à troquer, sacrifié sur l’autel des intérêts de son pater.

Elle observa Elowen avec une froide lucidité, pesant chacun de ses mots avant de reprendre, « Le temps vous a endurcie, les épreuves vous ont forgée. Ne perdez jamais de vue que vous portez sur vos frêles épaules le poids d’un héritage, un héritage qui ne saurait être abandonné aux mains de n’importe quel opportuniste. Une femme, même de noble naissance, ne sera jamais traitée à l’égal d’un homme. Pourtant, c’est à nous de poser nos conditions, d’ériger nos propres barrières face aux sangsues qui rôdent, prêtes à sucer jusqu’à la dernière goutte de notre pouvoir ». Les mots de Cersei, acérés comme des lames, étaient imprégnés d’une amertume profonde, cette amertume qui l’avait façonnée, qui l’avait conduite à se battre pour chaque parcelle de pouvoir, chaque fragment de respect dans un monde dominé par les hommes. Elle se délecta d’une bouchée de la tarte au citron, le goût acide éveillant ses sens avec une intensité qui lui plaisait. La pâtisserie, fine et délicate, glissait entre ses doigts d’ivoire, contraste saisissant avec la dureté de ses propos.

Cersei savait que le jeu des alliances, des mariages arrangés, n’était qu’une autre forme de guerre, une guerre silencieuse, mais tout aussi brutale. Et dans cette arène-là, il fallait savoir manipuler, trahir, imposer sa volonté pour ne pas se voir réduite à une simple marionnette. Elle fixait Elowen de ses yeux perçants, pesant le poids des attentes placées sur la jeune femme, la responsabilité qui l’attendait, cette tâche inévitable de protéger l’héritage qui lui avait été confié. « Souvenez-vous », dit-t-elle d’une voix plus basse, presque murmurante, mais non moins impérieuse, « les hommes tenteront toujours de vous déposséder. À vous de ne jamais leur laisser cette satisfaction ». Cersei savourait chaque fragment de la délicate tarte au citron, attentive à ne laisser aucune miette ternir la pureté de sa robe de soie aérienne, qui flottait autour d’elle comme un nuage. Lorsque la dernière bouchée fondit sur son palais, elle posa son regard perçant sur Elowen, une lueur calculatrice brillant dans ses yeux éméraudes. Son sourire était doux, presque maternel, mais une dureté intransigeante en émanait, révélant la force de caractère qui se dissimulait sous la surface polie de son visage de marbre.

« Ma chère et tendre fleur, je ne serai point toujours là pour vous tirer des griffes du danger, mais en tant que Reine, il est de mon devoir de veiller sur ceux qui me sont chers. Je vous demande donc de me tenir informée de chaque proposition de mariage que l’on vous fera parvenir, afin que je puisse vous guider ». Sa voix, douce mais tranchante comme une lame bien aiguisée, trahissait l’impérieux besoin de contrôle qui la caractérisait. Cersei savait qu’Elowen, avec sa candeur juvénile et son ignorance des intrigues de la cour, était une proie facile pour les prédateurs déguisés en prétendants. Si elle voulait s’assurer de l’allégeance d’Elowen, elle devait se positionner en conseillère avisée, en mentor providentielle, guidant la jeune seigneuresse sur un chemin semé d’embûches.

« Votre père, s’il était encore parmi nous, aurait dû jouer ce rôle, vous éclairer de sa sagesse, vous protéger de ces forces qui nous dépassent. Hélas, il n’est plus, et c’est à moi qu’il incombe désormais de veiller sur vous ». Les mots de Cersei se firent plus graves, teintés d’une solennité calculée. Elle se leva avec une grâce innée, celle d’une femme qui a appris à régner par l’apparence et le pouvoir. Sa robe, un flot de soie chatoyante, se déployait autour d’elle, magnifiant chacun de ses mouvements. Elle porta à ses lèvres un verre de vin d’un rouge profond, en prit une gorgée avec élégance, avant de se diriger lentement vers la fenêtre, ses pas à peine audibles sur le marbre glacé.

Le regard de Cersei se perdit un instant dans la vue majestueuse qui s’offrait à elle, une partie de la capitale s’étendait sous ses yeux comme une mer de toits bruns et de tours dorées, tandis que l'autre laissait place à une mer azur où les navires voguaient au rythme des vagues. Le soleil déclinait à l’horizon, baignant Port-Réal dans une lumière d’ambre et de pourpre, une lueur qui semblait faire écho à la splendeur mais aussi à la cruauté du monde qu’elle dominait. Elle tendit une main délicate vers Elowen, l’invitant à la rejoindre d’un geste qui se voulait presque affectueux, mais qui dissimulait une intention plus obscure. « Avez-vous déjà eu l’opportunité d’admirer une vue aussi belle de notre capitale ? » demanda-t-elle d’un ton feutré, ses yeux de fauve ne quittant pas ceux de la jeune femme. Elle savait qu’en s’appuyant sur la naïveté d’Elowen, en lui offrant un semblant de protection, elle pourrait en faire une alliée précieuse, une pièce de plus sur l’échiquier complexe où se jouait sa propre survie.

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Elowen Cendregué

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Mon attention restait entièrement tendue vers Cersei Lannister, mais j’aurais rêvé que Dandelion soit derrière moi, dans mon ombre, pilier rassurant et invisible. Je m’obligeai à continuer de contrôler chacun de mes gestes, chacune de mes expressions, ne pas laisser la moindre angoisse glisser sur ma peau, c’était hors de question, je m’empêchais même toucher à mon pendentif, limiter mes gestes, mes mains sur la table, mes doigts posés sagement sur la coupe de vin. J’inclinai silencieusement la tête aux mots de la reine sans rien dire. Je ne verrais donc son fils qu’assit car trop bien pour montrer ses talents. Malgré moi, je pâlis à l’évocation des morts en tournoi et le souvenir de Garreth sous son cheval explosa devant mes rétines. Je cillais plusieurs fois pour la faire disparaître. La Lionne venait métaphoriquement de m’attraper par la nuque, un mouvement de trop et je finirais morte, brisée et bientôt dévorée.

« Je comprends bien majesté. »


Fis-je d’un ton bas sans insister. Cela ne servait à rien, le sujet de son fils était chasse gardée. La famille des Cendregués. Garreth avait été téméraire, toujours, rien n’est plus téméraire que celui dont l’âme sait déjà qu’elle est éternelle… Puis un battement d’aile et tout disparaît. Il ne me reste que le poids de la cendre à modeler, à transformer, pour la transformer en or… Et le tout alors que la mort rodait toujours proche de mon oreille, souffle glacé qui me répétait sans cesse « Souviens-toi que tu vas mourir ». Nous mourrons tous… Tous autant que nous étions, simples mortels qui jouaient une pièce de théâtre pour survivre, pour donner un sens à une triste comédie. Je relevai les yeux vers la reine lorsqu’elle reprit la parole sur mon père. S’empresser… J’eus un rire triste.

« Quelle présence, Majesté ? Après la mort de Garreth… il n’était plus qu’une ombre errante. Il était présent, mais son âme s’était déjà envolée, il administrait Cendregué comme un fantôme le fait. Il se refusait de se montrer en public ou de sortir de nos terres. Il serait encore vivant que je ne serais point devant vous, mais toujours derrière les murs de Cendregué. Je l’aime de tout mon cœur, mais en réalité, il est mort il y a trois années de cela… »

Je n’avais jamais connu mon père heureux, jamais, il avait toujours été plus ou moins une ombre, se perdant dans sa tristesse, jusqu’à la laisser gagner, la laisser le dévorer… Jusqu’à me laisser le trouver mort au matin dans son lit… Mes doigts me picotèrent, douloureux souvenir de la froideur de son corps quand j’avais posé ma main sur lui. Désagréable raideur, odeur qui m’avait ensuite prise à la gorge. Et pourtant, j’étais ressortie, terriblement calme, pour dire aux gardes que mon père était mort. Cela ne remontait pas à assez loin pour que je puisse en parler. Endurcir… Sans doute aurais-je préféré rester tendre, rien qu’un peu. Je soutiens à nouveau le regard émeraude de la lionne. Elle voulait toujours me déchirer, fouiller dans ma cervelle. Comment un regard pouvait autant trancher sur un visage ? Elle ne me lâchait pas des yeux. J’inclinai la tête à ses mots. Nous ne serions pas traitées comme des égales ? Très bien. Je les obligerais à me reconnaître comme égale d’une manière ou d’une autre. Je ne céderais pas.

« J’entends bien. »

Sans doute détesterait-elle Dandelion, toujours dans mon ombre, à s’interposer quand il le fallait sans que je ne semble demander rien… Qu’importe. Dandelion m’était essentiel et je ne souhaitais pas expliquer pourquoi. J’inclinai la tête aux mots de la reine à nouveau. Ne pas laisser les hommes toucher mon cœur…

« Rien n’est plus dangereux qu’une femme protégeant ce qu’elle a de plus cher. »

Je n’avais plus que Cendregué, et je le défendrais coûte que coûte. Il fallait que je tienne, j’aimais ces terres et les élèverais autant que possible. Si sa majesté avait mangé, je n’avais pas touché quoi que ce soit de la table, mon estomac ne laisserait absolument rien passer et vomir devant elle ? Très peu pour moi. Toujours cette dissonance entre son regard et son expression douce et aimante, comme… celle d’une mère ? Peut-être. Je hochais la tête à ses mots.

« Oui majesté, il en sera fait selon vos désirs. »

Voulait-elle s’assurer que j’épouse un de ses alliés ? Sans aucun doute. Chacun avait ses envies concernant mon futur. Et avoir une reine en ennemie ce n’était jamais bon. Je n’avais pas voulu attirer l’attention d’une telle personne, mais visiblement c’était le cas. Double tranchant. Alliée ou ennemie selon ce que je ferais.

« Ceux qui m’inquiètent le plus sont les familles très puissantes aux nombreux fils… Il serait facile pour eux d’accepter un mariage matrilinéaire, en mettant un ambitieux qui prendrait d’une manière ou d’une autre le contrôle. »

Les hommes avaient toujours des moyens bien primitifs de rendre silencieuses les femmes. Elle n’aimait pas mon père. Sans doute lui avait-elle demandé quelque chose et lui avait-il refusé ? Ma présence à la capitale ? Sans doute. Elle a veillé sur moi ? Je l’observai toujours. Avait-elle passé un pacte avec mon père ? Non, ce n’était pas son genre. Se sentait-elle redevable de Garreth ? J’en doutais. J’inclinai la tête.

« Je vous remercie de votre sollicitude majesté. »

Je me levai lorsqu’elle m’invita à la rejoindre, posant ma main sur la sienne avant de m’approcher de la fenêtre pour admirer la vue. Je secouai la tête à ses mots.

« Nullement majesté, la vue que j’ai de mes appartements est très agréable, mais en rien elle ne vaut celle-ci. »

Je ne savais pas encore si j’aimais Port Réal ou non, si je ne préférais pas Cendregué. Était-ce trop de demander quelle vue elle préférait ? Celle-ci ou celle de son foyer d’origine ?

« La vue de vos fenêtres de Castral Roc ne vous manque-t-elle pas parfois ? Je garde un souvenir vivace de la mer s’écrasant sur les falaises… »

Je ne voyais pas souvent la mer… Alors je profitais toujours. Même si cette vision était enrobée de tristesse.
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« Cela est un bon signe que vous soyez à la tête de votre maison », murmura Cersei, chaque mot émanant de ses lèvres avec la précision tranchante d’une dague affûtée. Derrière son regard perçant, des pensées insidieuses tourbillonnaient, s’enchevêtrant dans son esprit toujours en alerte, toujours en quête d’un avantage à saisir, d’une faiblesse à exploiter. La Reine considérait la jeune héritière avec une acuité glaciale, sondant en elle la force latente que la douleur peut parfois insuffler, mais qui, chez d’autres, se dissipe comme la brume sous le soleil. Dans le silence qui suivit, Cersei se perdit un instant dans ses propres réflexions, s’interrogeant sur la nature de sa propre résilience. Elle, qui avait été forgée par la force des lions, qui avait grandi sous l’égide d’un père implacable, se demandait comment elle affronterait la perte d’un de ses enfants. Serait-elle consumée par un chagrin si dévastateur qu’elle en deviendrait l’ombre d’elle-même, condamnée à revêtir éternellement les atours funestes du deuil ? Ou bien, tel un lion blessé, se dresserait-elle plus féroce encore, trouvant dans la douleur une nouvelle source de vigueur, une rage froide et indomptable, semblable à celle qui animait jadis son père à la mort de sa mère bien-aimée ?

La mort d’un enfant est une épreuve contre-nature, un fardeau que peu peuvent porter sans sombrer. Cersei connaissait l’indicible vérité : les enfants sont bien plus que la chair de notre chair. Ils sont les prolongements mêmes de notre être, les incarnations vivantes des espoirs, des ambitions, des amours, et des regrets qui jalonnent une existence. Ils sont le point de jonction entre deux âmes, l’entrelacement de ce qui fut et de ce qui pourrait être, la promesse d’un avenir mais aussi la certitude d’une fin. La simple pensée de perdre Joffrey, Myrcella ou Tommen éveillait en elle des émotions contradictoires : une terreur viscérale, mêlée d’une résignation glacée, car elle savait que la douleur d’une telle perte pourrait aussi bien la briser que la rendre plus redoutable encore.

« Entourez-vous des âmes loyales, de ceux dont les intentions sont limpides et qui aspirent à préserver ce qui vous revient de droit, plutôt que de vous voir dépouillée par un usurpateur avide de s’approprier vos biens ». Ces paroles, aiguisées par la méfiance et la dureté d'une existence marquée par les trahisons, Cersei les livrait avec une gravité qui n’admettait aucune contestation. Elle, qui n’avait jamais accordé sa confiance qu’aux siens, savait mieux que quiconque que la loyauté est une denrée rare, souvent feinte, toujours précaire. Seuls ceux arborant le lion de sa maison, se disait-elle, avaient à cœur ses véritables intérêts, bien qu’un nom partagé ne soit pas toujours gage de fidélité, surtout lorsqu’il s’agissait de ce gnome qu’elle avait le malheur de compter parmi les siens, ce frère honni qu’elle rêvait de voir enterré sous terre, loin des dorures de Castral Roc.

« Notre foyer », poursuivit-elle, avec une amertume soigneusement voilée, « nous manque sans cesse. Castral Roc me manque, tout autant qu’à vous, sans doute, vous manque votre terre natale. Mais, tout comme vous, j’ai un rôle à jouer ici, un devoir impérieux qui m’attache à ces lieux. Je me surprends parfois à rêver d’y retourner, de fouler à nouveau le sol sacré de ma demeure, mais c'est ici que l'on à besoin de moi ». D’un geste absent, elle laissa son regard errer vers l’horizon, là où les vagues tumultueuses venaient se briser contre la pierre, où les navires faisaient voile vers le port, où la végétation s’inclinait sous le souffle du vent. Un tableau d’une beauté sauvage qui contrastait cruellement avec l’atmosphère oppressante de la capitale. « Connaissez-vous la symbolique des delphiniums ? » demanda-t-elle, sa voix empreinte d’un ton qui se voulait léger, presque anodin, mais qui dissimulait mal l’intention plus profonde de ses paroles.

Alors qu’Elowen contemplait la vue qui s’offrait à elle, probablement la plus belle qu’elle n’ait jamais vue depuis les hauteurs du Donjon Rouge, Cersei continuait sur un ton faussement détaché : « Ces fleurs délicates incarnent, selon certains, la vérité, mais aussi la protection. La vérité doit être le socle sur lequel se fonde votre relation avec votre Reine. Quant à la protection, elle vous sera assurée si vous demeurez fidèle à cette vérité ». Elle se tourna alors vers la jeune femme, lui prenant les mains avec une douceur feinte, et plongea son regard d’acier dans celui d’Elowen. « Ne décevez pas votre Reine, ma douce fleur », murmura-t-elle avec une tendresse empreinte de menace. En son for intérieur, cependant, Cersei n’était pas dupe. Toutes les fleurs finissent par se faner, se dit-elle, leur éclat s’éteint, et elles meurent, inévitablement. La beauté d’Elowen, sa fraîcheur juvénile, n’étaient que des illusions éphémères, destinées à périr comme tout ce qui est fragile. Cersei en était bien consciente, et cette pensée lui arrachait un sourire imperceptible, car elle savait que lorsque viendrait le moment, elle n’hésiterait pas à laisser cette fleur se flétrir pour mieux protéger son propre jardin.

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Un bon signe que je sois à la tête de ma maison ? Non, cela était au contraire signe d’une faiblesse telle qu’une maison n’ait plus assez de fils pour tenir. Qu’elle soit obligée d’avoir une femme à sa tête. Enfin, c’était sans aucun doute ce que pensaient des hommes et certaines femmes. Je savais bien que certains devaient se gausser de ma situation, parier sur combien de temps je tiendrais avant de me faire déposséder de mes propres terres. Combien de temps. La question se posait. Et la réponse était : je tiendrais jusqu’à ma mort. Je tiendrais jusqu’au bout. J’étais la seigneuresse légitime, je ferais briller notre soleil, cela même si j’étais terrorisée, angoissée, si je sentais des regards des autres me ronger, tenter de percer mon masque, tenter de voir derrière les portes closes qui masquaient mes secrets les plus détestables, mes faiblesses que je ne pouvais avouer. Je préférais sourire légèrement en hochant avec tout autant de légèreté la tête. Je ne préférais pas discuter de ce que disait Cersei, non, c’était hors de question.

Des amis loyaux. Le visage de mon mestre, de mon intendant et de Dandelion se dessinèrent dans mon esprit. Mais le regard braqué sur moi réclamait avoir ce titre. Avoir cette confiance. Des intentions limpides ? Elle était une reine, elle n’aurait pas d’intentions limpides que jusqu’à ce qu’elles me tombent dans les bras. Pouvais-je lui faire confiance ? Réellement ? Je la regardais toujours silencieusement. Je pris la parole d’une voix très basse :

« Puis-je vous considérer comme amie de confiance, majesté ? »


Elle qui m’offrait visiblement cela, qui profitait de qui ? Toutes les deux profitions de l’autre, j’ignorai en quoi je pouvais servir à la reine, après tout, techniquement son époux avait le sang de mon frère sur les mains, je pourrais le haïr, et la haïr. Cela ne ferait pas revenir Bry. Ni tout le reste. La guerre datait d’il y a quinze années, nous ne pouvions rester tournés sur le passé, n’est-ce pas ? Il fallait avancer. Tout simplement. Je la rejoignis à la fenêtre pour regarder Port Réal. C’était magnifique comme vue, mais je préférais celle de Cendregué… Sans doute était-ce à cause de l’amour que j’avais pour mes terres. J’interrogeais un peu la reine sur ce qu’elle pensait. Elle semblait l’avoir très mal pris… en quelque sorte. Je hochais la tête sans insister à ses mots sur ce qu’elle ressentait. La reine s’éloigna et je la suivis du regard. Delphiniums ? Elle connaissait le langage des fleurs ? Intéressant.

« Je suis Bieffoise. Le langage des fleurs est quelque chose que je maîtrise. »


Tout comme celui de l’éventail ou la langue du commerce. J’écoutai ce qu’elle me dit avec attention. Si j’additionnais toutes les fleurs du bouquet, j’obtenais le message suivant, enfin c’était ce dont j’avais l’impression : La renaissance et la longévité de la protection et de la vérité. Le Delphinium voulait après tout aussi dire la joie et le bonheur… Je frémis lorsqu’elle prit mes mains et je refermais mes doigts sur les siens.

« Si je traduis votre bouquet, bien qu’il puisse y avoir d’autres significations, il signifie : renaissance et longévité de la vérité protectrice. Si je devais répondre avec un bouquet de ma composition, je ferais un bouquet d’aster, de pensée blanche, d’anémone, avec sans doute quelques reine-marguerites. »

Aster, pour la fidélité et confiance, pensée blanche signifiant littéralement « je pense à vous avec respect », les anémones affection et confiance, et les reine-marguerites, confiance, estime et persévérance. En traduction : Je pense à vous avec respect et estime, et je vous promets la fidélité et ma confiance. ». Je lui offris un sourire en baissant la tête jusqu’à ce que mon front touche ses mains.

« La vérité et la confiance seront le socle de notre relation majesté. »


Je gardai la tête basse sur ses mains pendant quelques secondes avant de me redresser.


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« Vous pouvez me considérer comme une oreille attentive, prête à vous prêter son écoute lorsque le besoin se fera sentir », prononça Cersei, avec une subtilité marquée qui trahissait autant l’hypocrisie que l’impérieux besoin de cette soumission qu’elle attendait. Ce n'était pas simplement une question d'écoute, mais un appel à une obéissance docile, un acquiescement silencieux aux désirs de la Reine. Dans l'arène impitoyable où se rencontrent une Reine et une Lady, l'une commande avec l'autorité souveraine, l'autre obéit, souvent bien loin du choix personnel. Maintenant, tout en conservant la main de l'autre femme dans la sienne, Cersei la tenait comme on garderait précieusement un bijou rare, tout en scrutant l'horizon à travers la fenêtre ornée.

« Les fleurs ont toujours été porteuses d’un langage secret », déclara-t-elle, le ton riche d'une gravité discrète. « Un langage que nous, femmes, savons déchiffrer, mais qui demeure trop subtil pour les hommes ». La Reine écouta la composition florale avec un regard qui alternait entre fascination et introspection, un léger frémissement aux coins de ses lèvres laissant place à un sourire à peine perceptible. « Nous comprenons notre relation sous ce même prisme ». Cersei, avec une maîtrise impeccable de ses émotions, maintenait son regard fixé sur la jeune femme, cherchant à pénétrer les profondeurs de son âme et à sonder la sincérité de ses promesses. Dans le monde impitoyable où elle évoluait, chaque geste, chaque parole était une pièce dans un jeu complexe de pouvoir et de loyauté, un jeu où la moindre erreur pouvait être fatale. La Reine savait que les fleurs, bien qu'élégantes et parlantes, cachaient souvent des épines acérées, et elle se tenait prête à les utiliser si nécessaire.

« Je vous suis reconnaissante d'avoir répondu à mon invitation », déclara Cersei avec une courtoisie glaciale. Elle continua à tenir la jeune femme par la main, les doigts effleurant la peau avec une délicatesse calculée, tout en la guidant à travers la somptueuse chambrée ornée des armoiries entrelacées des Lannister et des Baratheon. Chaque mouvement de Cersei était empreint de la majesté et de la grâce que l'on attend d'une souveraine, la porte s'ouvrant sous ses doigts avec une précision élégante, comme si chaque geste était une partie d'un ballet chorégraphié pour impressionner.

Avec une élégance mesurée, Cersei déroba un instant sa robe de soie pour permettre à la jeune femme de passer, avant de relâcher les mains délicates de porcelaine qui se dégageaient de son étreinte. « Faites attention à vous, douce fleur », ajouta-t-elle, le ton de sa voix ondulant entre une douceur séduisante et une menace voilée. Les mots flottaient dans l'air comme une brume perfide, conçus pour laisser une empreinte indélébile sur la mémoire de la jeune femme, afin qu’aucun détail de leur échange ne s’efface.

Un dernier sourire, à la fois condescendant et calculé, fut offert en guise d'adieu, avant que la porte ne se referme avec un chuintement léger, coupant le lien entre les deux femmes. Cersei se détourna alors, son esprit déjà en ébullition. Elle avait obtenu de précieuses informations sur les ambitions de Varys, dont les manœuvres étaient désormais confirmées dans ses suspicions. Ce savoir devait être manié avec prudence ; il était impératif qu'elle discute de ces enjeux avec le maître des chuchoteurs tout en masquant son propre degré de connaissance. En contemplant Elowen, Cersei réalisait avec une clairvoyance acerbe que cette jeune fille, à peine éclose, manquait cruellement d'ambition. Une autre fleur fragile destinée à se faner au premier souffle de vent, comme tant d'autres avant elle.
(c) DΛNDELION
Elowen Cendregué

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Une oreille attentive. Non, ma reine. Tu es une oreille réclamant que je te confie mes doutes, mes peurs et toutes mes faiblesses pour mieux t’en servir contre moi. Néanmoins, dans ce jeu cruel de la politique, je venais d’attirer ton attention sans le vouloir et sans aucun doute devrais-je continuer à te sembler soumise, douce et trop candide pour toi.Le jeu des masques avait ainsi commencé bien plus fort que ce que je ne pensais. Je n’avais pas demandé cela, nullement. J’avais demandé à simplement exister et qu’on me laisse faire de mon domaine un carrefour commercial et un lieu de paix. Mais soit. La reine était une dague à double tranchant, je pouvais rester dans ses bonnes grâces et avoir de nombreux avantages, mais au moindre doute elle me ferait trancher la tête. Elle était fine, très fine dans son rôle des masques, mais il y avait quelque chose dans ses yeux qui me hurlait d’être très prudente avec elle.

« Je vous remercie infiniment de votre bonté majesté. »

Caresser la lionne dans le sens du poil ne serait clairement pas assez. Il faudrait que je manœuvre autrement pour éviter de finir raccourcie. Vraiment. Lorsqu’elle me questionna sur le langage des fleurs, je répondis par l’affirmative, combien de messages pouvaient être passés par des broderies florales ? Par des bouquets laissés sur une table ? Assez pour qu’avec Garreth, nous jouions à cela. Ainsi qu’avec ma septa. J’inclinai doucement la tête.

« Les milles et une nuances des fleurs sont comme celles de l’âme, les yeux des femmes les comprennent et les analysent mieux que ceux des hommes.»

Elle me transmit un message, je lui offris le mien en composant un bouquet et je notais sans doute pour la première fois, une lueur réelle de satisfaction sincère dans ses yeux. Elle aimait l’intelligence. La question était : est-ce qu’elle s’estimait la plus intelligente et donc qu’elle sous-estimait tout le monde ? Ou alors mesurait-elle mieux cela ? J’inclinai la tête à nouveau à ses mots. Une relation basée sur ma soumission et que je lui rapporte tout ce que je pouvais savoir ou entendre.

« J’en suis heureuse dans ce cas majesté. »

Elle me promenait das ses appartements, je sentais sa peau glisser sur la mienne, douceur trompeuse… On disait des fleurs qu’elles cachaient leurs épines, mais la lionne avait du mal à cacher ses griffes et ses crocs. Elle avait les mains froides. Je souris.

« Tout l’honneur et le plaisir était pour moi. »

Elle me reconduisit à la porte et l’ouvrit, je la franchis en faisant devant elle une profonde révérence. Je réprimai de justesse un frisson à ses derniers mots.

« Je vous souhaite une excellente journée majesté. »

Dandelion se glissa à nouveau dans mon ombre et m’escorta rapidement jusqu’à mes appartements. Il m’ouvrit la porte et la referma derrière moi. J’eus juste le temps de faire trois pas, attraper une bassine, que le nœud dans mon estomac se desserra brutalement et que je rendis de la bile avec douleur. C’était tellement habituel… Dandelion me soutient, le temps que la crise passe et m’aida à m’asseoir sur le canapé, il me tendit une coupe d’eau et je me rinçai la bouche, avant qu’il ne trempe une serviette dans de l’eau fraîche pour que je puisse me rafraîchir un peu. Je lui racontais tout et il plissa le nez, dans ses yeux la flamme de l’inquiétude brillait fort alors que j’eus une deuxième crise de vomissement à peine supportable. Je dus me rincer à nouveau la bouche et me passer de l’eau sur le visage avant de pouvoir respirer à nouveau. J’inspirai plusieurs fois par le nez pour m’apaiser… Bientôt je rentrerais. Ce n’était qu’une question de jours et de semaines.
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