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Cersei & Sariel — Devil's backbone

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Cersei Lannister

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cersei & sariel

Le rythme effréné de Port-Réal se faisait de plus en plus oppressant. Le royaume tout entier s'exhaletait en prévision du grand tournoi qui se profilait à l’horizon, organisé pour célébrer la treizième année de l’héritier, ce lionceau impétueux qu’était Joffrey. Nobles et seigneurs de toutes les régions affluaient vers les portes de la capitale, transformant les rues animées en un tourbillon de faste et d’ambition. Tandis que les plus honorables parmi eux se pressaient dans les couloirs du Donjon Rouge, cherchant à s’attirer les bonnes grâces de la couronne, les plus débauchés se livraient sans retenue à leurs appétits dans les antres sordides de Culpucier, ces bordels infâmes où la décadence se confondait avec la misère, où la luxure elle-même semblait corrompue par la fange environnante.

Entre deux cérémonies d’accueil fastidieuses, où elle devait, aux côtés de son époux, accueillir ces émissaires d’ambitions déguisées, Cersei parvint enfin à échapper aux obligations étouffantes de la cour. Elle trouva refuge dans les jardins royaux du Donjon Rouge, un havre de paix relatif au milieu du tumulte incessant de la ville. La végétation y était luxuriante, presque sauvage. Les chemins de gravier crissaient sous ses pas tandis qu’elle se promenait avec une grâce nonchalante, sa robe brodée de fil d’or frôlant délicatement le sol, ignorant les nobles en quête de faveur qui, comme des vautours, rôdaient à proximité, espérant capter l’attention de la reine. Elle les esquivait d’un regard hautain, refusant de se laisser distraire de ses pensées, préférant se concentrer sur la symphonie discrète du vent caressant les frondaisons.

Accompagnée de quelques gardes, dont l’armure brillait sous la lumière éclatante du soleil, et de servantes fidèles, toujours prêtes à courir au moindre signe, Cersei avançait, une main effleurant machinalement les pétales délicats d’un rosier tandis que son esprit s’aiguisait, calculateur. Elle s’arrêta, ses yeux émeraudes se plissant légèrement. D’un geste précis, elle fit signe à l’une de ses suivantes d’approcher. Le murmure de sa voix ne laissait place à aucune ambiguïté quant à l’urgence de son ordre : « Faites dire à l’époux de Lady Kenning, Sariel Adarys, que sa reine désire un entretien immédiat. Qu’il me rejoigne sur-le-champ ». Le ton était impérieux, porteur de cette autorité innée qui ne souffrait aucune contestation. La servante, rompue à l’exercice de l’obéissance silencieuse, s’inclina profondément avant de se détourner, ses pieds glissant rapidement sur le chemin gravillonné tandis qu’elle s’éloignait pour accomplir l’ordre reçu.

☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Cersei s’abandonnait nonchalamment à la douce langueur d’un espace soigneusement aménagé au cœur des jardins royaux, un coin de sérénité qu’elle avait fait sien. La lumière dorée de l’après-midi inondait les lieux, tamisée par les ramures des arbres imposants, tandis qu’une brise légère se faufilait entre les feuillages, portant avec elle le parfum capiteux des roses et des hémérocalles. La chaleur accablante naissante était atténuée par l’ombre bienveillante des arbres, offrant à la reine un refuge parfait où elle pouvait se prélasser sans être incommodée par l’ardeur du soleil. À l’entrée de cette alcôve végétale, ses hommes en armure montaient la garde, leur posture rigide témoignant de l’interdiction tacite de toute intrusion. Aucun importun ne viendrait troubler la quiétude de ce sanctuaire, où même le chant des oiseaux semblait s'accorder au silence majestueux qui régnait en ces lieux.

Au centre d’une table en marbre des montagnes du Val d'Arryn finement ciselé, un buffet de fruits exotiques trônait, témoignage ostentatoire de l’opulence que la couronne se plaisait à afficher pour satisfaire les moindres désirs de la lionne de l’Ouest. Les grappes de raisin, les figues mûres et les grenades éclatantes s’étalaient en un tableau somptueux. L’une des servantes, obéissant avec une précision silencieuse, versa un verre de vin pour la reine, un cru rare venu de l’Arbor, aussi précieux que l’or, dont la robe ambrée captait la lumière. Le liquide glissait avec une lenteur délicate dans la coupe, exhalant un arôme sucré et subtil, fait pour caresser les lippes royales avec une douceur exquise.

Au loin, une silhouette s’ébauchait, se détachant progressivement du paysage. Le Tyroshien, Sariel Adarys, se rapprochait. Cersei, immobile dans sa posture altière, ne daigna même pas esquisser un mouvement pour accueillir l’homme de rang inférieur. Pourquoi aurait-elle dû se lever pour un tel homme, même vêtu des atours d’un noble par alliance ? Sa seule présence dans les jardins royaux était une concession de sa part, une faveur qu’elle entendait lui faire payer à sa juste valeur. « Vous avez mis du temps, » lança-t-elle d’une voix où perçait une pointe de venin. Les mots s’échappèrent de ses lèvres avec une froideur calculée, comme une lame de dague savamment maniée. « Il est aisé de se perdre dans le labyrinthe du Donjon Rouge, mais il faut savoir éviter cet écueil lorsque la reine en personne daigne vous convoquer ». La réprimande était cinglante, une manière claire et impitoyable d’établir d’emblée la hiérarchie dans cet échange, de rappeler à cet homme d’où venait le pouvoir et où il devait se courber. La reine reprit, d’un ton aussi glacé que courtois : « Compte tenu de votre nouvelle condition, suite à votre union avec Lady Ysold Kenning, il me semblait approprié de faire votre connaissance. Il n’est pas courant, après tout, d’assister à de telles alliances ».
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Sariel Adarys

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Port-Réal ◈ 298, lune 4, semaine 1, jour 5 ◈ ft. @Cersei Lannister  
◈ ◈ ◈
— Sa Majesté la Reine vous demande dans les jardins, mon seigneur.

La domestique s’incline, les yeux rivés vers le sol, et elle s’éclipse aussi vite qu’elle est venue. Sa robe de coton volette autour d’elle sous son pas empressé, le cuir de ses chaussures claque contre la pierre, puis elle disparaît au premier angle de couloir.

Un poids tombe sur l’estomac de Sariel, qui se contracte à cette nouvelle. Sa gorge se serre. Sa rencontre avec la reine, à son arrivée à Port-Réal, lui a suffi amplement - et il n’était même pas seul ! Ysold Kenning se tenait à ses côtés et a pris en main l’échange avec Cersei Lannister avec toute la dignité attendue d’elle. Elle a montré une part de ses talents en matière de politique, tandis que Sariel s’est contenté d’hocher la tête de temps à autres, ou de lâcher quelques mots passe-partout lorsque la conversation l’exigeait. Il est resté bien soigneusement dans l’ombre de la ouestrienne, espérant passer entre les mailles du filet.

Et voilà que la reine le somme de s’entretenir avec elle, en tête-à-tête.

Un frisson remonte le long de son échine alors que les questions se pressent dans sa tête. Pourquoi ? Que lui veut-elle ? A-t-il fait quelque chose de déplacé ? A-t-elle eu vent de ses escapades incognito, notamment celle de la veille ? Gaebril l’a ramené par la peau du cou ou presque à leurs quartiers, mais Sariel le connaît assez pour savoir qu’il s’est assuré que personne ne les voyait. Cet homme ne ferait rien qui puisse contrevenir à la réputation des Adarys. Ou souhaite-t-elle tout simplement reprendre leur conversation de leur arrivée, pour mieux le presser comme un citron ? Même après plusieurs jours, il ne se sort pas cette idée de la tête. La reine lui a collé cette maudite impression, et à présent, il redoute cette confrontation. Sa grand-mère lui a toujours reproché son incapacité à bien se tenir ou à jouer double jeu. Il est l’héritier raté, elle n’a jamais caché son opinion sur le sujet. Et si avec les années Sariel a appris à jouer double jeu pour le bien de ses petites arnaques, il doute que ce “talent” lui soit d’un grand secours face à la Reine des Sept Couronnes.

— Habille-toi. Hors de question que tu te présentes devant la reine comme le dernier des pouilleux.

La voix de Gaebril claque dans le salon tandis qu’il lui jette son regard noir. S’il se défile, son chaperon le rattrapera par la peau du cou une fois encore et lui fera regretter l’envie de reprendre ses petites escapades en ville.

— T’attends quoi, le rappel ?

Sariel secoue la tête mais ne rétorque rien. Discuter avec Gaebril ne rime à rien - même une mule entendra raison avec cet homme qui n’a en tête que le serment qu’il a prononcé envers Isilys Adarys. Il récupère plutôt le bac d’eau pour faire ses ablutions rapides, de quoi se débarbouiller le visage et surtout se tirer de cet état végétatif où il n’arrive pas à aligner deux pensées cohérentes entre elles. Il s’essuie avec une serviette, puis jette un coup d’œil sur le portant. Une moue se dessine sur ses lèvres, mais l’air de Gaebril lui cloue le bec. Il récupère les vêtements pour se changer derrière un paravent. Il ne comptait pas sortir de leurs quartiers initialement - aussi parce que Gaebril ne l’aurait pas laissé faire, après son escapade de la veille -, alors il a enfilé au réveil des frusques confortables, certes peu convenables pour un noble.

Non sans râler dans sa barbe - pas assez fort pour que Gaebril l’entende -, il s’habille avec un ensemble noir et orange, les couleurs de la maison Kenning. Avant qu’ils ne quittent Kayce, Ysold a insisté pour qu’il ait des tenues au couleur leur maison - et surtout appropriées au luxe de la noblesse de la capitale. Une attitude qui ne dépareille pas avec les exigences des Adarys, à Tyrosh, et qui déplaît toujours autant à Sariel.

Après un énième soupir, il rejoint Gaebril qui l’attend devant la porte, tapant du pied contre le sol. Son chaperon lui adresse l’un de ses regards dont il a le secret et qui lui donne toujours envie de disparaître. Sans un mot, Sariel abandonne les quartiers réservés aux Kenning et parcoure d’un pas rapide les couloirs du Donjon Rouge, son “épée-lige” sur les talons. Une chance qu’il ait déniché les jardins peu après leur arrivée à Port-Réal ; au moins, il n’a pas besoin de se hasarder dans les longs corridors au petit bonheur la chance.  

Après quelques volées d’escaliers, la pierre des murs laisse place à un océan de verdure nimbé par la lumière du soleil. Les arbres ombragent les chemins de gravier, colorent l’horizon de leurs fleurs et cassent la monotonie rouge du château.

— Tiens-toi droit. Ta mère te l’a pas assez dit ?

Sariel grince des dents au rappel de Gaebril, mais ne pipe mot. Il se redresse bon gré mal gré, puis s’avance dans cet écrin de douceur qui perdra bien trop vite son aura accueillante une fois face à la Reine. La présence de gardes et de domestiques l’aide d’ailleurs à repérer sa destination. Une alcôve se dessine entre les arbres, un abri végétal qui ne lésine pas sur le faste et le confort. La table à elle seule lui paraît plus onéreuse encore que toutes ses possessions, mais à dire vrai, Sariel remarque avant tout les fruits entreposés qui lui rappellent ses années à Meereen. Il réprime l’once d’un sourire - ne parler que de Tyrosh, jamais de Meereen.

A peine s’est-il avancé dans l’alcôve végétal pour saluer la Reine que celle-ci l’apostrophe avec des mots aiguisés et trempés dans le venin. Sariel encaisse l’attaque sans broncher, même si la ressemblance cinglante avec sa grand-mère, la matriarche Isilys Adarys, lui arrache des sueurs froides. Elle aussi rappelle avec une précision chirurgicale les rapports de force.

— Toutes mes excuses, Votre Majesté. La révérence appropriée accompagne ses excuses ; le regard de Gaebril, resté à l’entrée de l’alcôve auprès des gardes, lui brûle la nuque pour le dissuader de commettre le moindre faux pas. Comme si c’était aussi simple ! Le Donjon Rouge est bien plus grand que tout ce que j’ai pu connaître.

Cette mauvaise foi lui donne envie de rire, mais il enterre tout sentiment contraire aux excuses présentées à la Reine. La demeure des Adarys, à Tyrosh, n’a certes rien d’un château, mais elle n’a pas à rougir par sa taille. Et surtout, il a arpenté les grandes pyramides de Meereen, qui donnent un tout autre sens aux mots “grand” et “labyrinthe”.

Mais si Sariel parvient à se dépatouiller sans trop de mal de cette attaque directe, la suite le précipite directement sur ce fil où il doit jouer les équilibristes sans trop savoir comment faire.

Pour une fois, il aurait aimé qu’Ysold soit à ses côtés.

— Je vous remercie pour votre invitation, Votre Majesté. D’abord, les politesses de circonstance - Gaebril l’a trop souvent bassiné avec ces derniers jours pour qu’il les oublie maintenant. Mais je ne crois pas qu’il y ait grand chose d’intéressant à cette alliance, si ce n’est l’intérêt commercial entre la maison Kenning et la famille Adarys.
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« La destinée est une garce

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Cersei Lannister

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cersei & sariel

Les excuses sont l'adage des vaincus, des âmes qui, avant même que l'affrontement ne débute, ont déjà capitulé. Cersei, implacable dans son analyse, déploie son regard scrutateur sur l'homme qui se dresse devant elle. Son inspection est minutieuse et perçante, balayant l'individu de la tête aux pieds, puis de pieds à tête, scrutant chaque mouvement hésitant, chaque regard fuyant qui refuse d’affronter le sien. L’homme est d'une simplicité presque banale, en proie à une maladroite tentative de s’adapter aux exigences d’un rang qu'il peine à maîtriser. Cersei, malgré sa connaissance approfondie des enjeux politiques de Westeros, n’a jamais posé les pieds à Tyrosh, une île au nord des Degrés de Pierre, dont les échos sanguinaires ont atteint les rivages de son royaume. Son ignorance des terres au-delà de la mer de Myrth est telle qu’elle ne connaît que les vagues rumeurs et les récits fragmentaires sur ses cités, ses peuples et ses coutumes.

« Asseyez-vous », ordonne-t-elle d’une voix tranchante, mais l’invitation, bien que formulée avec une rigueur presque militaire, conserve une teinte de courtoisie calculée. Cersei lutte pour maintenir un voile de diplomatie en cette rencontre, une tâche qui ne lui est guère aisée. Son rang et sa stature lui permettent de manier la langue avec une précision acerbe, sans être contrainte de ménager les susceptibilités. L’invitation n'est rien moins qu'une invitation à se soumettre, une démarche méthodique pour percer les secrets que cet homme, rencontré récemment et silencieux lors des échanges avec sa nouvelle épouse, pourrait dissimuler. Cersei se remémore le temps où elle fréquentait Castral Roc, avant son accession au trône, époque où son père, alors Main du Roi Aerys II Targaryen, l'avait conduite à Port-Réal. Ces années, bien que désormais reléguées dans les brumes du passé, avaient été formatrices, lui inculquant l'art de la discussion et la maîtrise des subtilités nécessaires pour obtenir des réponses révélatrices. Dans son regard, se mêle une étincelle de curiosité froide, tandis qu’elle attend que l’homme se conforme à son ordre. Cersei, dont la rigueur dans la conduite des affaires politiques n'a d'égal que son ambition, perçoit chaque détail comme une pièce d'un puzzle plus vaste.

« J’ai entendu dire que Tyrosh se distingue de manière frappante des réalités que nous connaissons à Westeros. Vous sentez-vous épanoui en ces contrées lointaines, loin de vos racines et de votre lignée ? » La question, bien qu’apparente en son innocuité, est l’artifice d’une stratégie subtile, destinée à désarmer la réserve de l’homme et à l’inciter à dévoiler les secrets qui se cachent derrière sa façade. La curiosité, mêlée d’un intérêt plus profond, guide ces paroles. En s’intéressant à ses origines lointaines, Cersei espère percer le mystère entourant ce personnage énigmatique, tout en découvrant les subtilités de ses terres natales, dont elle ne connaît que les échos lointains et exotiques. « Je m’interroge sur le motif qui a poussé votre famille à rechercher une alliance aussi éloignée, au-delà des confins de l’Ouest. Quelle est l’origine de cette décision ? » Il est évident que la mise en place de ce mariage a nécessité une préparation méticuleuse, orchestrée avec un but précis en tête. Les démarches pour unir ces familles ont dû être lentes et délibérées, visant à atteindre un objectif qui, en apparence, semble devoir servir les intérêts des deux parties.

« Il est clair que votre famille doit posséder une certaine influence pour avoir orchestré une telle union jusqu’ici, ainsi qu’un intérêt stratégique qui mérite d’être exploité. Je me trompe ? » Ses doigts effleurent les raisins qui reposent en abondance sur la table, oscillant entre leur forme naturelle et leur incarnation liquide dans le vin. Elle apprécie particulièrement la sensation des fruits entre ses lèvres, un plaisir simple qui contraste avec la situation. « Servez-vous à votre convenance, je vous en prie. Prenez un rafraîchissement, si cela vous chante ». Son invitation, bien que polie, résonne avec une pointe de hauteur. Cersei maintient son regard perçant, s’assurant que l’homme, tout en se servant, ne perde pas de vue la nature de leur échange. Le ton de sa voix, délicatement teinté de cordialité calculée, sert à dénouer les fils d’un interrogatoire déguisé en conversation amicale.

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Entre le marteau et l’enclume ; voilà qui résume bien la situation de Sariel. Il n’a d’autre choix que d’affronter la Reine qui n’a qu’une envie, le presser comme un citron. S’il se défile, Gaebril ne se contentera pas de lui frictionner les oreilles - et toute la maison Kenning souffrira de cet impair majeur. Alors il reste suspendu à ses lèvres, à se demander s’il ne commet pas un faux pas avec ses réponses, à subir le regard de Gaebril qui lui brûle la nuque - comme si son regard suffisait pour l’empêcher de se ridiculiser ou de faire une erreur ! Il n’a qu’une envie, lui faire ravaler son petit air suffisant et le jeter en pâture à la Reine pour voir s’il s’en tire aussi bien qu’il le prétend.

A l’invitation de la Reine, Sariel se fend d’un hochement de tête en guise de remerciement, puis s’assoit sur la chaise à côté de lui. Il prend sur lui pour ne pas se tortiller dans tous les sens, incapable de trouver une position confortable, et il conserve le dos bien droit pour garder un semblant de tenue. Rien dans cette scène ne lui correspond ; ni cette attitude, si ces vêtements. Les lieux à eux seuls le font se sentir comme un étranger - ou plutôt, comme un lapereau perdu au beau milieu du terrier des renards. Même les grandes pyramides de Meereen lui paraissent bien plus accueillantes, et ce n’étaient pas des enfants de chœur qui les habitaient. Même les arènes de Meereen, qui recèlent  de combattants aguerris, lui semblent bien moins dangereux - et il a pourtant écopé de blessures qui ont failli le tuer.

Et quand la Reine Cersei abat le marteau sur l’enclume, toutes ces impressions se confirment d’un seul coup. Il manque de lâcher un “pardon ?” d’incompréhension tandis que la question met du temps à s’intégrer dans sa tête. Il n’a qu’une maigre expérience des jeux politiques, trop infime pour être tangible et utile dans ces circonstances. Il dévisage un instant la reine avant de se ressaisir - il s’imagine à proximité des beaux quartiers de Braavos, en train de secouer ses dés truqués pour appâter le chaland. Il a toujours su tirer son épingle du jeu lorsqu’il est question d’arnaques.

Il aurait pu s’imaginer sur la scène du Bateau Guignol, à endosser le rôle d’un noble pour une pièce, mais les arnaques ont l’avantage de lui conférer un semblant de connaissances.

— Je ne suis pas là depuis assez longtemps pour avoir un avis tranché, je découvre encore les richesses de Westeros.

Une réponse simple, concise, mais sa voix manque d’assurance. Il joue à un jeu qui ne lui ressemble pas, et si ses habitudes d’arnaqueur l’aident pour l’instant à sauver les meubles, il n’a en rien la carrure d’un politicien aguerri. Ses sentiments contraires ne jouent pas non plus en sa faveur. Il aurait pu apprécier Westeros - ce continent bannit l’esclavage, ce qui est un très bon point pour lui plaire ; et autrement, il apprécie tout ce qui n’est pas Tyrosh - mais les circonstances de sa venue entachent toutes les beautés du continent.

— Je ne sais pas. La franchise prend le pas sur le reste, et Sariel se maudit pour sa stupidité. Il tente de se rattraper, mais il sait que le mal est fait. Je ne suis pas l’héritier de ma famille, et cette décision a été prise par la matriarche. J’ai fait ce qu’elle m’a demandé.

Ces mots lui donnent la nausée. Croquer dans un kaki pas mûr lui causerait le même dégoût. Il n’a même pas eu son mot à dire dans cette décision, Isilys s’en est assurée - et Gaebril s’en assure encore.

— Ma famille a toujours été influente dans la confection et le commerce de spiritueux d’Essos. Gaebril lui a rabâché les oreilles avec cette information jusqu’à ce qu’il puisse la réciter sans la moindre hésitation. Je suppose qu’exporter nos produits en Westeros fait partie de la suite logique.

En tout cas, c’est la raison officielle avancée, et Sariel ne tient pas à découvrir les dessous de table.

Il remercie poliment la Reine qui lui propose de servir, et il choisit une grenade qui lui rappelle ses années à Meereen. Il ne se sert toutefois aucune boisson - s’il commence à boire de l’alcool, il n’est pas certain de finir cet entretien en un seul morceau.
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« Il ne faut que quelques instants pour comprendre ce que Westeros peut vous offrir, mais aussi ce qu’il vous arrachera sans scrupules, » murmura Cersei, un léger sourire carnassier se dessinant à la commissure de ses lèvres. Ses mots, doux en apparence, portaient la dureté du marbre, l’éclat tranchant d’une lame dissimulée sous les soieries. Elle maîtrisait l’art des échanges voilés, ceux où l’on croyait mener une simple conversation, alors qu’il s’agissait en réalité d’un interrogatoire. Un jeu subtil auquel elle excellait, car elle savait que chaque mot, chaque pause, chaque regard, révélait plus qu’il ne le devrait.

Sariel, lui, n’était qu’une proie vulnérable, un novice à peine conscient des pièges tendus devant lui. Son comportement trahissait cette anxiété palpable, comme un poids invisible qu’il portait sur ses épaules. Il pesait chaque mot avec une minutie maladroite, tâchant de dissimuler ce que, sans doute, on lui avait expressément ordonné de ne jamais révéler. Sa lenteur à répondre n’était pas due à une méconnaissance de la langue commune — cela, elle en était certaine. Non, il la maîtrisait, chaque nuance, chaque inflexion. C’était plutôt cette réflexion, presque laborieuse, de celui qui redoute de s’égarer dans une phrase imprudente, qui pourrait signer sa chute.

Cersei, quant à elle, se délectait de cette joute verbale, bien que l’adversaire ne fût qu’un faon tremblant dans l’ombre d’une lionne. Elle jouait avec lui, savourant la lenteur de ses réactions, l’hésitation qui se peignait dans son regard. Pour elle, c’était un exercice routinier, presque banal, une partition déjà jouée maintes fois avec d'autres, plus habiles, plus retors. Et pourtant, ce plaisir sadique de voir l’autre vaciller, de sentir qu’à tout instant elle pouvait abattre sa sentence d’un mot, d’un seul regard perçant, la fascinait toujours autant.

« Westeros ne vous semblera peut-être pas si déroutant, bien que les coutumes ici diffèrent sûrement de vos contrées lointaines. Ici ce sont les patriarches tiennent les rênes du pouvoir d’une main ferme, sans prêter l'oreille aux volontés de leur progéniture ». Les mots glissèrent de la bouche de Cersei, calculés et précis, teintés d’une fausse douceur. Elle observait chaque mouvement, chaque infime réaction chez Sariel, cherchant à déceler ce qui se cachait derrière son masque de retenue. Il était clair qu’il obéissait, non pas par choix, mais par nécessité, peut-être même par contrainte. Que pouvait bien dissimuler une telle docilité apparente ? Avait-il été exilé, rejeté par sa propre famille, son comportement jugé trop frivole ? Ou pire encore, était-il ici pour échapper à un destin funeste, un échappatoire à quelque intrigue familiale trop lourde à porter ?

« Bien, nous verrons ce que votre famille espère retirer de cette alliance… et de vous ». L'intonation de sa voix se fit plus tranchante, pesant sur Sariel comme une sentence à peine voilée. Si ce dernier avait été envoyé si loin de chez lui, c’était qu’il devait avoir une utilité pour sa lignée. Aucun père n’aurait consenti à sacrifier un fils, si ce n’était pour en tirer quelque avantage, songea-t-elle. Cersei prit un instant pour se redresser, un raisin entre ses doigts qu'elle fit éclater entre ses dents, scrutant son interlocuteur d’un regard où se mêlaient curiosité et calcul. « Un lien ancien relie les Kenning et les Lannister. Ma famille, en des temps reculés — ce que l’on appelle aujourd’hui l’âge des Héros —, a reconquis la ville de Kayce avec l’aide de Sarocq Kenning, fondateur de la lignée de votre épouse ». Elle savourait cette petite leçon d’histoire, non seulement pour rappeler à Sariel sa place dans le grand échiquier de Westeros. Kayce était un fief sous la domination du Roc, et tout comme jadis les Kenning avaient servi leur cause, il était de son devoir, à lui, de s’en montrer digne.

« La loyauté est une vertu cardinale ici, et je présume qu'elle l'est tout autant dans vos terres ? » demanda-t-elle, feignant une légèreté qui dissimulait un sous-entendu des plus graves. Car au-delà de cette union, Sariel devait bien comprendre que son allégeance, désormais, appartenait avant tout à Tywin Lannister, et par conséquent, à elle, la reine. Elle marqua une pause, laissant ses paroles s’imprégner dans l’esprit de son interlocuteur. Puis, avec une insistance délicatement appuyée, elle reprit : « Avez-vous déjà quitté vos terres pour en visiter d’autres avant de fouler le sol de Westeros ? » Sous cette question anodine, Cersei cherchait à évaluer son expérience du monde, à comprendre s’il était vraiment un voyageur, ou simplement une âme jetée en pâture à la cour.

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