L’austère forteresse de Fort-Terreur voit naître l’enfant unique de Bradyn & Kaela Bolton. Satisfaits avec un seul héritier masculin, le couple ne cherchera pas à procréer à nouveau. Dès son plus jeune âge, le garçon reçoit une éducation stricte et sévère, marquée par la discipline et le contrôle. Bradyn Bolton était un homme tout aussi froid que les murs de la sordide demeure, et méprisait les tentatives de Kaela d’apporter une once de chaleur au foyer. Fort-Terreur n’était pas un endroit pour les faibles, et Roose y grandit en comprenant que la survie et le pouvoir étaient les seules lois qui régissent réellement le monde.

A l’âge de quinze ans, Roose est envoyé comme écuyer aux côtés de Ser Dorgan Dustin, tout récemment adoubé. Rôle dans lequel l’héritier Bolton ne absolument brille pas. Indifférence naturelle à l’honneur chevaleresque, combinée à une habileté médiocre en tant qu’écuyer feront de lui un serviteur terne et sans éclat, désireux de rentrer chez lui, qu'on lui enseigne plutôt l'histoire du Royaume et l'art de la guerre. Roose n’aimait pas servir. Malgré tout, ce court séjour lui apprendra des choses.

Jusqu’au jour où la fin prématurée de son service arrivera, alors incapable de prévenir une chute mortelle de Ser Dorgan à cheval, les paysages du Val étant bien trop impardonnables pour espérer y avoir survécu. L’erreur venait de Roose tout comme de Ser Dorgan. Tous deux trop inexpérimentés dans leurs domaines respectifs. Seulement un des deux en paiera le prix fort. Le jeune Bolton est quant à lui renvoyé dans le Nord, à Fort-Terreur, où son paternel lui fera comprendre que l’échec et la faiblesse ne peuvent pas être tolérés, ni chez soi, ni chez les autres.

Les fiançailles étaient prévues depuis des années depuis leurs maisons, Roose a alors 19 ans quand il est marié à Melarie Whitehill. Bien plus douce et effacée que lui, elle accepte son rôle avec docilité, stoïque. Le mariage fut consommé, mais malgré plusieurs tentatives, la jeune femme ne parvint pas à donner à Roose un héritier. Il ne lui en tiendra pas rigueur, du moins certainement pas autant que son propre paternel, bien déterminé à voir le nom Bolton perdurer. Roose le surprendra à la battre, un soir.

Il ne le tolère pas. Il n’aimait pas Melarie, et n’avait pas besoin de l’aimer. Son incapacité à enfanter avait même fait naître un certain ressentiment silencieux mais présent envers elle. Mais elle ne lui avait jamais tenu tête, n’avait jamais rien fait d’autre qu’endurer son rôle avec calme, modestie et respect. Et si quelqu’un avait un jour à lever la main sur elle, ce ne serait certainement pas Bradyn Bolton. Par colère et volonté de s’affirmer, Roose fait empoisonner son père par un serviteur muet, peu loyal et avide de liberté, que le nouvel héritier Bolton fera pendre avant qu’il ne puisse tenter de révéler la vérité. Si sa mère le soupçonne, elle n’en dira pas un mot autour d'elle.

...

( Depuis quelques jours, il régne à Fort-Terreur une morosité encore plus sinistre qu’à son habitude. En cause, la mort inattendue du seigneur de la maison. Peu sont ceux qui le pleuraient réellement. Bradyn Bolton était un homme aigri et désagréable, ce qui semblait s’empirer avec chaque nouvelle année passée à ses côtés.

Roose, à présent maître de ces lieux, marchait avec lenteur à travers les couloirs familiers, son visage un masque de statue. La lumière grise de l'extérieur pénétrait à peine à travers les fenêtres étroites et créait des ombres mouvantes sur les murs de pierre. A vingt ans, il portait désormais le poids de la responsabilité de sa maison. Fardeau attendu ne l’effrayait pas. Au contraire, il l’avait accueilli comme un roi accueillait sa couronne.

Dans les jours qui avaient suivi la mort de Bradyn, les serviteurs avaient murmuré à voix basse, spéculant sur la fin mystérieuse de l’ancien seigneur. Un empoisonnement, disaient-ils. Une mort lente, mais implacable, qui avait emporté le Seigneur en quelques jours, ses forces déclinant sans qu’aucun mestre n’ait pu expliquer la cause exacte. Le poison avait fait son œuvre, sournois et invisible.

Roose était resté de marbre face à ces murmures. Il savait que la vérité résidait en lui seul. C’était son choix, sa volonté, qui avait conduit son père à cette fin. Un choix nécessaire. Bradyn Bolton n’avait jamais été un père aimant, et un seigneur peu respecté. Il avait été plus grand, fut un temps. Plus réfléchi. Mais les choses avaient changé, sa cruauté, son mépris, et sa rage incontrôlée avaient toujours empoisonné l’air de Fort-Terreur bien avant que Roose n’ait décidé de précipiter sa fin.

Voir Bradyn lever la main sur Melarie avait été la goutte de trop. Elle ne méritait pas son affection, mais elle ne méritait pas non plus d'être un souffre-douleur. Il avait pris la décision dans un moment de froide clarté : son père devait mourir, et il était le seul à pouvoir en garantir l’issue.

Ce soir-là, alors que Roose se retirait dans ses appartements, il croise sa mère au détour d'un couloir. Son visage était aussi pâle que le sien, ses traits marqués par les années de silence et de résignation qu’elle avait passées aux côtés de Bradyn. Les yeux de Kaela se posèrent sur son fils, et Roose perçut immédiatement ce que peu auraient pu deviner. Un éclat de compréhension, une lueur dans ses yeux sombres, comme si elle voyait à travers lui, à travers le masque impénétrable qu'il portait.

“Roose,” sa voix est douce mais ferme, rompant le silence du couloir. “Les mestres disent que c’était un poison. Un poison que nul n’a su détecter jusqu’ici.”

Il s'arrête, ses yeux perçant les siens. La lumière moribonde de la torche vacillante projetait des ombres sur leurs visages. Roose ne répondit pas tout de suite, laissant le silence peser.

“Le poison, mère, se trouve partout,” il répond finalement. “Il est insidieux. Comme un secret bien gardé.”

Kaela le regarda, son expression impassible. Elle avait toujours été une femme intelligente, plus perspicace que la plupart ne le croyaient. Elle savait que Bradyn était devenu un poids mort, un tyran vieillissant peu compétent que peu de gens regretteraient. Et à ce moment précis, Roose réalise que sa mère avait compris. Qu’elle savait, ou du moins, qu’elle soupçonnait la vérité.

Kaela fit un pas en avant, son regard scrutant celui de son fils. “Ton père n’était pas un homme facile,” elle murmure, comme si elle partageait un secret, secret dont trop peu connaissent l’existence. “Il y a des choses que j’aurais dû faire il y a bien des années, mais je ne l’ai pas fait.”

Roose reste impassible, attendant de voir où elle voulait en venir. Kaela Bolton était une femme de peu de mots, mais chaque mot était pesé avec soin, chaque parole contenait une vérité cachée sous une couche de désolation.

“Je n’aimais pas ton père,” elle continue. “mais je l’ai enduré, parce que c’était mon devoir.” Elle marque une pause. “Tu as fait ce que je n’ai jamais osé faire.”

Il ne détourna pas le regard. Il n’y avait ni reproche ni accusation dans ses paroles, mais simplement une acceptation tranquille. Kaela connaissait la vérité, ou du moins, elle l’avait devinée. Mais elle n’en dirait rien. Le silence était sa façon de protéger son fils, de reconnaître qu’il avait fait ce qu’elle-même avait été trop faible pour faire.

“Mère,” voix aussi calme que la sienne. “Fort-Terreur est en sécurité, sous mon contrôle.”

Elle hoche doucement la tête, l’ombre de la fatigue passant sur son visage. “Je sais. Mais sache que tout ce que tu fais a un prix. Un jour, tu auras à le payer.”

Roose ne répondit pas. Kaela tourne finalement les talons, se rendant ses propres appartements, laissant son fils seul dans le couloir sombre. Roose la regarde partir. Il savait que sa mère ne dirait jamais rien. Elle n’avait jamais aimé son époux, et savait que Roose avait agi non seulement par colère, mais par nécessité. Voici là la loi de Fort-Terreur; survivre, même si cela signifiait tuer ceux qui se dressaient sur votre chemin, même si cela signifiait trahir son propre sang.

Et ainsi, la vérité restera enfouie dans les entrailles de la forteresse comme tant d’autres secrets avant elle. Kaela n’en parlerait jamais. Roose, de son côté, régnerait avec la même froide détermination.

Le serviteur muet qui avait administré le poison fut retrouvé et accusé, puis pendu. Roose avait officiellement prit la place de son père en tant que seigneur de Fort-Terreur, et le château reprit son rythme.

Kaela Bolton, quant à elle, continua à vivre dans le silence, veuve complice des ténèbres qui s’épaississaient autour de son fils, tout en sachant qu'elle avait engendré l'ombre qui s'étendait désormais sur Fort-Terreur. )

...

Le début de l’an 267 fut amer. Après une grossesse inattendue pourtant saine, Melarie meurt en couche et emporte avec elle leur premier et unique enfant, une fille qui ne vécut pas assez longtemps pour pousser son premier cri. La perte de son épouse laisse Roose terriblement frustré et agacé. Quant à celle de leur fille, plus troublante encore, il la perçoit comme un échec personnel.

Peu de temps après la mort de Melarie, Roose parvient à un accord avec la maison Ryswell, et épouse Bethany, une femme tout aussi sobre et réservée que lui. Union à nouveau arrangée, plus fonctionnelle que passionnée. Les deux époux se tolèrent, parviennent même à s’apprécier dans de rares moments. Bethany est une femme robuste, et endure plus d’une fausse couche sans ouvertement se plaindre. Les décès prématurés des enfants qui naîtront se font plus frustrants, jusqu’à ce que Roose vienne à se demander si le problème ne venait pas simplement de lui. Semence maudite, potentielle punition pour les erreurs d’un ancêtre. Chaque petit être sera froidement enterré dans les sols feu fertiles déjà morbides de la demeure.

Puis viendra finalement la naissance de Domeric. Jeune bambin bien plus vigoureux que sa défunte fratrie n’ait jamais pu l’être, l’accomplissement d’années de persévérance. Bethany y est férocement attachée et en prendra grand soin. Roose est quant à lui fier et peut-être même un peu reconnaissant.

Il n’aurait pas pensé que l’incident du moulin fin de l’an 276 puisse avoir de telles conséquences sur sa vie. Bien qu’interdite depuis plus de 200 ans, Roose se permet de pratiquer la sombre coutume de la Première Nuit. Suffisamment pour s’en satisfaire et maintenant un climat de vague terreur sur ses terres, trop peu souvent pour que ce soit rapporté à la maison Suzeraine des Stark. Lors d’une chasse au renard sur ses terres, Roose tombe sur la jeune épouse d’un meunier, dont le mariage s’était déroulé sans que le sire de Fort-Terreur n’ait été prévenu, sans son autorisation. Roose fait pendre le meunier et viole la jeune femme répondant au nom de Brielle, pas qu’il ne s’en soit pas enquit. Non pas par réel désir, ni aucune passion, mais par volonté d’affirmer son pouvoir, rappel brutal que ses terres n’avaient beau ne pas s’étendre aussi loin qu’il le souhaiterait, elles lui appartenaient.

Mais plusieurs mois après les faits, la jeune veuve se manifeste à Fort-Terreur, chassée du moulin par le frère de son défunt époux, et dans ses bras, un bambin braillard aux yeux presque identiques aux siens, pâles, froids. S’il arrivait parfois à Roose d’éprouver un sentiment paternel envers Domeric, alors âgé de trois ans, ce n’était pas le cas quand il observait le solide bâtard. Il consent tout de même à accorder le contrôle du moulin à la jeune femme déboussolée, fait couper la langue de son beau-frère pour l’avoir mise à la porte et pour que les faits ne soient pas rapportés, et leur fait annuellement envoyer vivres et argent, qu’elle puisse l’élever à sa guise. Ramsay était une conséquence, et jusqu’ici, rien de plus.

Roose suivra Eddard Stark dans son soutien à la rébellion de Robert Baratheon, durant la bataille du Trident. S’il a toujours été meilleur stratège que combattant, il s’en sortira sans cicatrices profondes, suffisamment réaliste et capable d’évaluer un conflit et s’y soustraire quand nécessaire. Robert l’emporta, et à la mesurée déception de Roose, ne consentit pas à faire exécuter Barristan Selmy, alors grièvement blessé. Incompréhension et exaspération face à la miséricorde, en particulier pour un homme aussi fort physiquement que l’aîné Baratheon. Même s’il avait toujours su que la force physique ne valait parfois pas grand chose, si couplée à une faiblesse intellectuelle.

( Alors que Roose comptait se retirer dans ses quartiers pour s’abandonner à ses réflexions solitaires, des éclats de voix parviennent à ses oreilles. Semblent venir de sa chambre, de leur chambre, et il pensait reconnaître la voix de son épouse, bien que teintée d’une colère inhabituelle.

Il franchit le seuil de la porte et trouve alors Bethany, debout prêt de sa coiffeuse, visiblement folle de rage, la mine déformée par le dégoût. Devant elle, à genoux et tremblant, un serviteur que Roose pourrait reconnaître les yeux fermés tant son odeur était pestilentielle. Heke, Schlingue. Le seigneur de la maison ne se souvenait plus de qui lui avait trouvé ce surnom si réaliste et seyant. “Roose,” la voix sifflante de Bethany le tire de ses pensées, ses yeux noirs d’une fureur qui lui était peu familière. “mon parfum- Cet immonde chien était en train de me voler mon parfum ! Que tu m’as offert !”

Aucune idée de si Bethany tenait réellement à ce parfum. De mémoire, elle les avait toujours aimés, et Roose lui permettait cette fantaisie au sein de leur habituelle monotonie. Elle a ses parfums, il a ses sangsues. Rares sont les cadeaux qu’il a pu faire au cours de sa vie. Peut-être la colère de son épouse venait-elle de là, peut-être s’attachait-elle à ces rares moments teintés d’un semblant de considération. “Comme s’il pouvait espérer masque sa puanteur !” qu’elle scande, Schlinge se recroquevillant un peu plus sur lui-même.

“Pitié, ma Lady, je ne voulais pas..”

“Silence,” Roose demande d’un ton plat, las de l’agitation de la soirée. Dans les mains crispées de Schlingue, le précieux flacon, presque vide. Il lui arrache des mains, et le tend à sa propriétaire qui s’en éloigne, prise d’un haut-le-coeur. Il dépose alors le flacon sur la coiffeuse. “Heke,” Roose reprend, lentement, comme s’il pesait chaque mot. “tu as commis un crime. Contre la Dame de la maison Bolton, contre moi-même. Tu as volé ce qui ne t’appartenait pas. Comprends-tu ?”

“Mon Seigneur, je ne le referai plus, je..”

“Non, tu ne le referas en effet plus. Tu ne saliras ni ce château, ni ma femme, ni mon nom.” Son regard se porte alors sur deux gardes qui se tenaient à l’entrée de la chambre. “Emmenez le dans la cour et attachez le à un poteau.” Une demande, non pas une question, et les deux hommes s'exécutent sans broncher. Bethany semble satisfaite, les bras croisés, mais Roose ne la remarque pas et se rend dans la cour, effectuer son châtiment.

L’homme sera flagellé publiquement, humilié. Que Heke serve d’exemple, que ceux qui servent à Fort-Terreur se rappellent de leur place. Que l’ordre soit maintenu sans qu’on ait à défier le maître des lieux sans souffrir des conséquences. )


Domeric est jeune quand son père l’envoie comme page chez Barbrey Dustin, la sœur cadette de Bethany. Elle se prend d’affection pour le garçon, plus calme et cultivé qu’on ne pourrait l’imaginer, féru de littérature à huit ans déjà, avec un esprit qui ne cessait de s’affuter avec l’âge. Important pour Roose, le fait que son héritier soit instruit. Après quatre ans aux côtés de Lady Dustin, sur ses conseils, Domeric sera envoyé à Lord Horton Rougefort en tant qu’écuyer, domaine où il brillera au contraire de son paternel bien des années avant lui. Roose n'est pas jaloux, ce serait aussi inutile que puéril.

Quelques années passent, et la mère du bâtard de Roose se manifeste à nouveau. Ramsay, alors rendu à 12 ans, se fait de plus en plus compliqué et imprévisible. Elle espère le voir légitimé, mais il n’en n’est rien. S’il ne le dit pas, Roose trouve la demande audacieuse et impertinente.

...

( La brume du matin enveloppait Fort-Terreur comme une chape de plomb, réduisant la demeure à une silhouette indistincte sur fond de ciel gris. Le vent froid du Nord sifflait à travers les murs épais, apportant avec lui un parfum de pourriture et de bois humide. Ce matin-là, comme tant d’autres avant, il se tenait dans la grande salle, observait les flammes du feu de cheminée lécher paresseusement les bûches.

Un message l’avait tiré de sa méditation. Brielle, la mère de son bâtard, avait demandé audience. Il accueillit cette requête avec une habituelle indifférence toutefois teintée d’irritation. Brielle. Elle n’avait jamais compris la nature de la vie, une paysanne croyant pouvoir manier la noblesse comme on manie le blé. La visite l’exaspère, mais il accepte néanmoins de la recevoir, par curiosité et par un sens du devoir perverti.

La grande porte de la salle s’ouvre dans un grincement, et révèle Brielle, vêtue de vêtements simples mais propres. Son visage était marqué par les années et les épreuves, mais il restait quelque chose de fier dans son maintien, une étincelle de détermination qu'il aurait pu trouver amusante s’il n’avait pas mieux à faire. Derrière elle, Ramsay. Roose détaille son fils avec détachement.

“Mon seigneur,” commence Brielle, inclinant la tête avec une insupportable déférence indéniablement forcée. Sa voix tremblait légèrement, elle ne peine pourtant pas à supporter son regard. “Je viens pour Ramsay…”

Une main se lève pour l’interrompre. Le silence s’installa, lourd et oppressant. Roose le laisse durer quelques secondes encore. “Qu’y a-t-il encore à dire sur Ramsay ?” demande-t-il, son ton à la limite du cassant. La jeune femme se raidit, consciente de la situation épineuse dans laquelle elle se trouve.

“Il.. Devient de plus en plus difficile à élever… Il…” Elle hésite, regarde son fils, puis se lance enfin. “Il mérite mieux que cette vie. Je pensais… Peut-être… Que vous pourriez le légitimer, en faire votre héritier…”

Les mots résonnèrent dans la grande salle, emplie du crépitement des flammes. L’audace de la requête tira un sourire aux lèvres de Roose. Légitimer Ramsay ? Faire de lui l’héritier de Fort-Terreur ? Une pensée absurde, une insulte envers Domeric, celui qui avait été tout ce que Ramsay ne serait jamais. Un héritier devait être un outil de pouvoir, une lame correctement forgée. Ramsay, lui, n’était qu’une lame diablement émoussée, dangereuse pour son propre maître. Bethany, alors présente, ne peut s’empêcher un souffle, amusé ou exaspéré. Son départ de la pièce fait penser à Roose qu’il s’agit plus d’exaspération.

“Tu es fort audacieuse, Brielle,” répond-il enfin, ses yeux fixés sur la femme. “Audacieuse et imprudente. Parce que cet enfant porte mon sang, il aurait une place de choix à Fort-Terreur ? Ce n’est pas ainsi que fonctionne le monde.” Le ton est presque condescendant, et il ne prend pas la peine de regarder le sujet de la discussion.

Brielle, elle, baisse les yeux, ses espoirs s’effritent. Roose laisse le silence s’étirer avant de poursuivre. “Tu rapportes qu’il devient difficile à élever,” il reprend, d’une voix toujours plus calme, presque douce. “Peut-être cela pourrait-il être corrigé.” Il se détourne lentement, contemple les flammes, pensif. Puis, d’un geste mesuré, il fit signe à un serviteur qui s’approche. Une fois son ordre reçu, l’homme s’incline profondément avant de disparaître, laissant Brielle et Ramsay seuls face à l’impassibilité de Roose.

Quelques minutes plus tard, le serviteur revint, accompagné d’une silhouette misérable. Un homme à l’allure dépenaillée, vêtu de haillons sales, s’avance dans la salle, une odeur nauséabonde précédant chacun de ses pas. Ses cheveux sont emmêlés, et sa peau marquée par la crasse et les cicatrices. Il s’agit de Heke, Schlingue.

“Heke,” Roose appelle d’un ton plat, “Voici Ramsay, mon fils. Tu resteras à ses côtés et t'assureras qu’il soit correctement encadré. Apprend lui à se battre si besoin il y a.”

Schlingue hoche la tête, un sourire grotesque déformant son visage. Probablement que cet ordre était pour lui un honneur pervers, une mission qui lui offrait l’opportunité de déverser toute sa bassesse et sa cruauté sur un esprit déjà tordu. Roose se tourne alors à nouveau vers Brielle. “Voilà ton fils avec un serviteur à la hauteur de ses talents. Prends soin de ne plus formuler de telles demandes, Brielle. La prochaine fois, je pourrais ne pas être aussi clément.” Brielle baisse les yeux, et quelques secondes passent avant que Roose ne retrouve sa tranquillité.

Il savait qu’il venait de commettre une erreur. Il le savait, mais il ne l’admettrait jamais. Offrir Schlingue à Ramsay, c’était jeter de l’huile sur un feu déjà incontrôlable. Il ne fallait pas être devin pour savoir que cette alliance ne ferait qu'exacerber la cruauté visiblement naturelle du garçon, nourrirait ses penchants les plus sombres. Mais Roose s’était laissé guidé par son amertume, par ce besoin impérieux de rappeler à cette pauvre meunière où était sa place. Punir son audace.

Peut-être que, d’une certaine manière, il avait forgé un monstre. Peut-être que Ramsay ne serait jamais que la somme de ses mauvaises décisions. Mais Roose Bolton n’était pas un homme à regrets. Il est un homme qui s’adapte, qui survit, qui attend. Toujours avec la certitude glaciale que, d’une manière ou d’une autre, on finirait par lui donner raison. )

...

Les travers de Ramsay parvenaient parfois aux oreilles de son père, et si leur horreur ne le faisait pas frissonner, il s’en trouvait agacé. Trop insouciant, trop peu discret, si ses méfaits étaient connus de Roose, c’est qu’il ne faisait pas les choses correctement. À nouveau, il commet une erreur, celle de ne pas suffisamment s’en soucier, parce qu’il n’est pas comme ça, parce qu’il se permet de compter sur son unique héritier.

Les années passent et Bethany souffre d’une violente fièvre face à laquelle les mestres ne parviennent pas à faire quoique ce soit, autre que d’apaiser sa douleur. Par respect pour sa loyauté et sa présence à ses côtés depuis presque trois décennies, Roose vient parfois à son chevet et lui rapporte les nouvelles de la semaine, mais ne la traite pas différemment. Même s’il avait été capable de réelle compassion et de gentillesse, il sait bien qu’elle l’aurait envoyé paître. Elle s’endormira en début de soirée, après que Roose lui ait lu un parchemin envoyé par Domeric, qui s’inquiétait de son état de santé. Elle ne se réveillera pas.

Roose pensait que le retour de son fils dans le Nord était motivé par la simple envie de rendre hommage à sa génitrice. Roose l’avait lui-même fait il y a quelques années pour sa propre mère malgré le manque d’affection qu’il pouvait ressentir à son égard, et il savait Domeric particulièrement proche de Bethany.

Quand il apprend que Domeric rend régulièrement visite à son demi-frère, il est déjà trop tard. Roose ne peut le sermonner, ne peut le lui déconseiller ni lui interdire. Parce que le jeune homme est déjà gravement malade, et si le mestre blâme une infection naturelle, Roose n’y croit pas. Il pense, il sait son bâtard coupable. Il regrettera la perte de son héritier, principalement parce qu’elle est inconvenante, mais aussi parce que la situation a échappé à son contrôle, qu’il a laissé une conséquence de ses actions impacter sa vie sur un point aussi considérable. Et pourtant Roose n’enquêtera pas plus sur lui, et ne le blâmera pas. Après tout, n’avait-il pas lui-même empoisonné un parent ?

Roose fait venir Ramsay à Fort-Terreur, mais ne le légitime pas encore. Il lui accorde cependant des libertés qu'il ne devrait selon certains pas lui permettre, et n’exclut pas la possibilité d’en faire son héritier légitime, avec le faible espoir de faire de ce chien fou un fils loyal.

Te voilà validé !

Félicitations !

Tu vas bientôt être ajouté au groupe de ta région, ce qui te donnera accès à l'intégralité du forum. Tu vas donc pouvoir commencer à RP mais aussi découvrir une partie secrète de NTK, le Passage Secret. Tu y auras d'ailleurs un sujet dédié à ta famille/organisation, créé par le MJ : il s'agit de l'espace dédié aux complots et autres manœuvres politiques, mais lis bien les règles avant toute chose. Aussi, une fois que tu verras ce sujet créé, il faudra poster (sous balises hide) pour lire le message !

Si ce n'est pas déjà fait, tu peux également rejoindre le Discord du forum pour venir papoter avec la communauté, et trouver toujours plus de RPs !

Avant de jouer, il te faudra créer le registre de ton personnage, qui recensera sa chronologie, ses liens, ses RPs... Bref, tout ce qu'il y a à savoir sur lui. Tu peux également créer des personnages précréés si tu le souhaites.

Si tu as des questions, tu peux bien entendu les poster dans la section invités ou sur le Discord, on viendra y répondre au plus vite !

En te souhaitant de belles aventures sur NTK !