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What was asked is given. The price is paid. ☽ ft. Gerold Dayne

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Iliyanna Dayne

Iliyanna Dayne

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Jour 1 de la Lune 4 de l’an 298, à Port-Réal.

Je n’étais pourtant pas si jeune, mais je ne parviens pas à me rappeler de la longueur du trajet entre Haut-Hermitage et Castral Roc, lors du tournoi après la rébellion des Greyjoy. Le tournoi en lui-même avait tant occupé mon attention, que le reste avait semblé futile, surtout le chemin du retour.

Alors forcément, le trajet jusqu’à Port-Réal m’avait semblé durer une éternité. Le voyage s’était fait en deux étapes : tout d’abord un convoi jusqu’à Lancehélion à cheval, où nous avons ensuite pris le bateau pour la capitale. Quelques autres dorniens semblent avoir pris la mer en même temps que nous pour le tournoi, mais mon attention n’était pas vraiment tournée sur ce genre de futilité. Ce qui m’importait là, c’était de savoir ce que j’allais trouver là-bas. J’avais accepté l’invitation et pris l’initiative de mener un petit cortège sans réellement savoir ce que ce tournoi pouvait m’apporter. Secrètement, j’aurais aimé participer et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle une armure supplémentaire avait été transportée, mais je savais pertinemment qu’il n’en serait rien. Mon intuition semblait me pousser à m’y rendre malgré tout, et mon envie de voir le monde, ou du moins la capitale, ne serait-ce qu’une seule fois était irrésistible.

Ce voyage m’aura au moins appris que je ne supporte pas les voyages en mer. Alors, à la vue lointaine du Donjon Rouge, facilement reconnaissable à sa couleur atypique, mon corps sembla finalement lâcher prise, rassuré. C’était le voyage des premières fois : première fois que je visitais Lancehélion, premier voyage en mer et première venue à Port-Réal. Elyse m’en avait souvent parlé, même si ses dires relataient principalement son expérience durant son noviciat. Elle m’avait conté une ville bruyante, sale, et pourtant si enivrante. Les histoires de ma tante, et seule véritable amie, m’ont souvent fait rêver. Il faut dire qu’elle pourrait me demander de la suivre jusqu’au bout du monde que j’en serais probablement capable. Sans surprise, elle avait décidé de me suivre jusqu’à la capitale, laissant derrière nous le Mestre et ma mère à la régence du fief. Cela ne signifiait pas que mon rôle s’arrêtait à nos terres. Si j’ai bien compris une chose le jour où Gerold m’a désignée en tant que régente, c’est qu’il ne comptait pas assumer ses responsabilités et qu’elles me revenaient, peu importe ce que j’en pensais.

Une part de moi avait espéré le croiser à Lancehélion, au moment du départ. J’ignorais s’il comptait lui aussi se rendre au tournoi. Après tout, malgré toute la haine que je pouvais lui porter, je ne pouvais nier son talent de chevalier. Comment cet homme pouvait-il être tout ce que je déteste et tout ce que j’admire le plus au monde ? Je ne l’avais pourtant pas aperçu au départ, sûrement se pensait-il trop occupé ou trop bien pour ce genre d’événement. Mais je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’il penserait en apprenant que sa maison ait fait tout le déplacement. Une maison dornienne pour l’anniversaire du prince mi-Lion, mi-Cerf, moi-même je me demandais si c’était une bonne idée. Je me souviens encore des tensions entre le prince Oberyn et les Lannister lors du tournoi de Castral Roc. Peut-être Gerold serait-il agacé de nous savoir ici, et ce serait une bonne chose. Je ne souhaite que le savoir agacé, car à peine oserait-il faire un commentaire sur ma manière de diriger sa maison, que je l’inviterais vivement à venir reprendre sa place.

Enfin, après avoir pénétré dans la baie de la Néra, le bateau accosta le long d’un quai du port de la capitale. Après avoir été amarré, je m’empressai de descendre pour retrouver la terre ferme. Elyse ne m’avait pas menti, l’odeur de la ville est infâme et je n’ai pas encore mis les pieds dans son enceinte. Je tente du mieux que je peux de protéger mon odorat. L’air est légèrement frais, le jour vient de se lever et au Nord de Dorne, il semblerait que les matins soient rafraîchissants. Mais je ne vais pas me plaindre, j’ai voulu me rendre à la capitale et je compte bien en tirer profit.

Je m’avance de quelques pas, n’apercevant personne pour nous accueillir, notre moyen de transport ne semble pas encore être arrivé. Il y a du mouvement au port, non loin semble se trouver le marché. Les habitants de la ville déambulent sans se soucier du tournoi qui approche. Nous sommes bien loin de l’ambiance de Haut-Hermitage qui est bien plus tranquille et qui me semble bien plus sécuritaire. Car c’est cela la première chose que je ressens : un sentiment d’insécurité. Il faut croire que mes pressentiments sont justes car je finis par apercevoir une chevelure qui m’est bien plus que familière, puis ce visage qui hante mes souvenirs.

Gerold.

Donc il est finalement là. Un hasard ? Ou bien attendait-il mon arrivée après avoir été mis au courant de ma venue ? Je maintiens son regard de là où je suis mais je ne l’approche pas. Je n’ai rien à lui dire. Non, en fait, je ne veux surtout pas m’aventurer sur des terrains glissants. Faire une scène familiale devant les habitants de Port-Réal serait malvenu.
Gerold Dayne

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Le frère et la soeur



Jour 1 de la Lune 4 de l’an 298, à Port-Réal.


"Je n'aimerai pas traverser ces bois avec une troupe.
Pourtant, ne nous sommes pas battu pour ce terrain des siècles durant ?
Non. Les Seigneurs des Marches voulaient mettre la main sur les cols... Nous nous sommes bien aventurés sur ces terres mais jamais pour y rester.

Gerold laissa son regard se porter sur la lande couverte de bruyère qui s'étendait à sa droite. Un beau paysage, bien plus agréable à l'oeil que les arides versants dorniens des Montagnes Rouges. Une rivière y coulait paisiblement, doublée de la route qui serpentait avec tout autant de paresse. Le paysage ne cessait de changer depuis qu'ils avaient dépassé les Osseux. Les ravins étroits et escarpés du col avaient peu à peu laissé place à un piémont plus facile à vivre. Collines, prairies et landes se succédaient encore et encore. De grands forêts de conifères les séparaient, source du soucis de Gerold à la vue des lieues et des lieues de fougères à perte de vue. A peine la forteresse de Wyl derrière eux, le chevalier ne s'était plus senti chez lui, comme si il avait traversé une frontière mystique. Cette vallée, entre deux branches des montagnes, avaient tellement vu de sang coulé. Au delà il voyait les prairies s'abaisser pour se noyer dans la mer de Dorne. Quant au nord, il n'y voyait que l'ennemi éternel au débouché de la route des Osseux.

Vêtu de toute sa plate de chevalier, car il savait que leur voyage venait à sa fin, Gerold soupira. Il se demanda encore quelle mouche l'avait piqué de s'engager dans pareille aventure. Sa fierté le trahissait à nouveau. Fait rarissime, il se l'avouait. Avec une petite troupe, ses chevaliers, Jaekar et une vingtaine de gens, il était sur la route depuis près de deux lunes. Les dunes de Dorne furent bientôt remplacées par les regs et les buttes aux pieds des Montagnes Rouges. Ensuite la route lui avait paru courte. Repassé par les territoires qui l'avaient vu naître d'une certaine façon emplissait le chevalier d'une profonde nostalgie. Une époque révolue, qu'il ne regrettait pas mais qui faisait parti de son existence. C'était dans ces rocs, parfois désolés, parfois abondants de richesse, qu'il s'était forgé. Bonne expérience de terrain pour Jaekar, il ne s'était pas fait avare de parole pour son écuyer. Il lui relatait durant leur chevauchée les nombreuses histoires - principalement des conflits entre orageois et dorniens - qui entouraient les lieux. Le soir, lorsqu'ils s'exerçaient, Gerold forçait l'écuyer à établir des plans de bataille en utilisant les avantages du terrain. Jaekar était brave, bravache et ne manquait pas d'idée. Il n'en restait pas moins un piètre stratège encore poussé par la fougue de la jeunesse. Passé les Marches de Dorne, ils s'étaient enfoncés dans le forêts de l'Orage avant de déboucher sur la plaine de la Néra.

Ser Gerold ! Est ce le Donjon Rouge ?

Au cri surexcité de l'écuyer, Gerold leva les yeux et aperçut la dite forteresse. Avec ses murailles cramoisies, le siège du pouvoir royal portait bien son nom. Le chevalier se demanda si Peyredragon en paraissait aussi inquiétant, perché sur son rocher. Tandis qu'ils approchaient, il demanda de l'eau qu'il versa dans sa main. Après s'être rafraîchi la nuque, il se recoiffa légèrement, laissant son heaume attaché à sa selle. Il ne servait à rien d'arriver tout en armes à la capitale surtout pour un un tournoi. Ruminant ses pensées, Gerold garda le silence jusqu'à atteindre la porte de la Rivière après avoir traversé la Néra. Avec un petit sourire, le chevalier regarda par dessus son épaule et lâcha :

Au moins, si on me démonte par trop fort, l'eau amortira ma chute.

Les chevaliers éclatèrent de rire alors qu'ils passaient sous la poterne où les attendait des gardes. Aussi Jaekar fit les présentations protocolaires, sur ce quoi Gerold s'avança. Ils attendirent quelques minutes que le capitaine des défenseurs se présente à eux. Le chevalier déclina son identité une nouvelle fois puis on les fit entrer dans la ville. Sans surprise, la capitale puait. Bien plus que Port Lannis ou Lancehélion, pourtant réputé pour ses vagues olfactives, Port-Réal dégageait d'intenses remugles fécaux et animaux mêlés à la tout les métiers les plus horribles du monde. Acides et urine des tanneries se mêlaient à la lourde senteur du charbon et du métal surchauffé des forges, sans compter la fragrance métallique ruisselant des flots de sang venus des boucheries et autres poissonneries.

Messire !

Le ton alarmé de Jaekar tira Gerold de son aventure olfactive et il se tourna vers son écuyer. Intrigué par son air alarmé et le rouge lui montant aux joues, il suivit son regard. Et la vit.

Les Sept me maudissent ! Que fait elle là ?

Il ne l'avait pas reconnue. Il ne le voulait pas et ne le pouvait pas. Comment aurait il pu le faire ? Ce n'était qu'une étrangère. Tandis qu'il fondait au travers de la foule sur le dos de son hongre, il ruminait de sombres pensées. Les questions se bousculaient dans sa tête. Jaekar, dans son amour enfantin, l'avait prévenu. Elle était fière, impétueuse, dangereuse. Elle tenait tête à Mestre Isembard, à Septa Elyse et à leur mère. Jusqu'à son enfance où elle n'avait pas hésité à harceler leur père pour apprendre l'art de l'épée. Un sang dornien turbulent coulait dans ses veines. Il n'aurait pas du être surpris. Mais il lui avait confié un devoir. Et comptait bien qu'elle s'explique.

Iliyanna Dayne ! Maudite sois tu, que fais tu ici ?

Tout en criant ses paroles, Gerold fit passer sa monture pour entraver la marche de sa soeur. D'un geste fluide et félin, il se laissa glisser au bas de sa selle et empoigna Iliyanna avec dureté pour la forcer à lui faire face.

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@Gerold Dayne | Iliyanna Dayne
Je prétendais ne pas avoir vu celui que j’étais censée appeler mon frère. J’ignorais comment il comptait m’accueillir. La dernière fois que nous avions échangé, il m’avait chargée de diriger Haut-Hermitage, une tâche qui ne m’avait guère réjouie mais pour laquelle je n’avais pas failli un seul instant. Et encore là, je ne me considérais pas comme étant en échec. J’essayais de trouver du regard notre escorte. Nous n’étions pas assez renommés pour loger au donjon rouge, bien évidemment, mais comme beaucoup d’autres maisons, nous devions rejoindre le camp où les festivités auront lieu et où la plupart installeront leur pavillon. Personne. J’avais pourtant reçu un corbeau confirmant la réception de notre réponse positive et qui nous indiquait que nous serions accueillis. Il devait y avoir un contre temps. Toutes les affaires de mon cortège étaient presque entièrement débarquées.

Mais alors que je pensais pouvoir m’en tirer sans attirer l’attention de Gerold, ce dernier entrava ma marche à l’aide de sa monture, me maudissant en guise de salutation. Non, il ne pouvait être mon frère. Je ne veux croire que nos parents aient pu élever leur fils et héritier de la sorte. Il était surpris de ma présence à Port-Réal. Bien. C’était là le but. Il souhaitait me refiler sa charge pour vivre la vie la plus paisible possible ? Alors j’allais tout faire pour lui rendre la vie impossible. Je ne veux pas qu’il puisse dormir sur ses deux oreilles en pensant que tout est sous contrôle même lorsqu’il n’est pas là, même si cela doit le conduire à la colère.

« C’est donc ainsi que tu salues ta sœur, Gerold ? »

Je sais tout aussi bien que lui que notre lien n’est qu’une façade. Il n’a rien d’un frère pour moi, et je n’ai rien d’une sœur pour lui. Je suis de sa famille lorsque ça l’arrange, comme lorsqu’il m’a désignée régente, mais il n’est qu’un inconnu, un étranger.

« Tu ne croyais tout de même pas que la maison Dayne de Haut-Hermitage allait manquer le tournoi en l’honneur du prince Joffrey ? Père aurait fait de même. Mais qu’en sais-tu ? Tu n’as jamais été présent pour savoir ce que père voulait et ne voulait pas. »

C’étaient peut-être des mots durs d’emblée, mais ils étaient sortis seuls, et ils étaient honnêtes. Cependant, je ne souhaite pas créer un conflit bien plus important que nécessaire avant même d’avoir pu installer mes quartiers.

« J’ignorais que tu serais présent, mais maintenant que tu es là, tu vas pouvoir représenter dignement la maison, n’est-ce pas ? »

Je sais parfaitement qu’il trouvera la moindre occasion pour s’éclipser, je ne serais même pas surprise s’il décidait dans la nuit de disparaître et de ne pas participer au tournoi simplement pour nier ses responsabilités. Je ne suis pas venue pour qu’il représente notre maison. Lui mettre des bâtons dans les roues, oui, mais contrairement à ce qu’il pourrait penser, l’intérêt de notre maison… non, de ‘ma’ maison, compte bien plus qu’il ne pourrait l’imaginer. D’après mes derniers entretiens avec Mestre Isembard, les finances de la maison et les échanges commerciaux de nos ressources sont en plein déclin et ce parce que les échanges hors Dorne se sont arrêtés depuis la mort de notre père. Le Mestre m’a conseillé de tenter de renégocier certains accords pendant mon voyage et je compte bien essayer de m’y plier. Je ne suis juste pas née pour ça, je n’ai jamais été élevée dans cette optique, on m’a bien fait comprendre pendant toute ma jeunesse que je n’étais qu’une femme et que ce n’était pas mon rôle. Pourtant, même si je ne suis que régente, j’ai bien compris que mon frère ne comptait pas s’occuper de quoique ce soit en son absence, et je refuse de voir ma maison décliner tant que je vivrai à Haut-Hermitage.

« Maintenant que tu sais que nous sommes présents et que tu as montré aux habitants de Port-Réal que tu es mécontent, vas-tu me laisser passer ? Notre escorte ne devrait tarder à arriver et je suis fatiguée du voyage. »

Peut-être allait-il me mettre de force dans le prochain navire pour Lancehélion mais dans ce cas-là, il accepterait d’assumer son rôle. Ce serait peut-être un échec pour moi que d’être venue d’aussi loin pour peu, mais ce serait également un succès que le voir obligé de faire ce dont il redoute le plus.

Je n’ai jamais su pour quelle raison il avait désavoué Père, quelques rumeurs qu’Elyse m’avaient partagées, mais rien de concret. Père et Mère ont toujours tout donné pour leur fils, si bien que je n’étais que là pour faire joli, ma naissance était satisfaisante car ils avaient une fille qu’ils pourraient marier un jour. J’ai si peu connu Gerold que je ne peux comprendre ses choix, et parfois j’aurais aimé que malgré son absence, il voit en moi une confidente, une amie, un soutien. Je subis le contrecoup d’une histoire que je ne comprends pas et je ne peux m’empêcher de le haïr, ce frère que j’ai pourtant tant admiré, cet étranger. Et pour les Sept, l’Etranger est un synonyme de mort, ou du moins de quelque chose qui n’est pas souhaitable.

Un long soupir m'échappe, balayant mes autres paroles.

« Que comptes-tu faire ? Me renvoyer d’où je viens et expliquer à la famille royale les raisons de mon absence ? Ou bien comptes-tu fuir encore ? »

Je suis peut-être un peu trop insolente, je teste ses limites, mais au fond je crois que ce que j’aimerais lui demander c’est de faire une trêve, pour une fois. Je crois pourtant que je risquerais plus gros en lui demandant une telle chose.
Gerold Dayne

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Le frère et la soeur



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« C’est donc ainsi que tu salues ta sœur, Gerold ? »

Les mots frappèrent durement Gerold qui se hérissa. Les mâchoires serrées, il attrapa le menton de sa soeur et la força à le regard. Dans l'étau de ses doigts, il ne pouvait nier leur parenté. Sa peau pâle mais tannée par le soleil donnait un aspect iridescent à sa chevelure argentée tandis que ses yeux le foudroyaient du regard. De ce qu'il avait vu au loin, sa soeur portait bien et fièrement. En d'autres circonstances, il aurait pu être fier. Mais ce furent des mots bien plus cinglants que ceux d'amour qui sifflèrent entre ses lèvres :

Es-tu seulement ma soeur ? Je n'ai que faire d'un sang vicié et incapable de tenir son rôle dans la famille.

Le chevalier sauta à bas de selle et confia les rênes de sa monture à Jaekar. Le jeune écuyer, rougissant et mal à l'aise devant l'altercation, grommela quelques mots et s'éloigna rejoindre la suite de Gerold. Aux sourires goguenards de ses amis, il comprit que déjà les pièces changeaient de main pour qui du frère ou de la soeur dominerait la joute verbale. Il ne comptait pas se défaire devant sa cadette. La formation et le cynisme de Septa Elysa transparaissait à travers les mots durs d'Iliyanna. Mais ses crocs pouvaient bien cracher leur venin, Gerold n'en avait cure. Il avait été sevré de cette boisson. N'importe quelle petite vipère pouvait bien essayer de le mordre de sa verve, elle le regretterait. Gerold lâcha enfin le menton de sa soeur d'un geste désinvolte et se rapprocha d'elle.

Ce que Père voulait de moi ne te regard en rien. Des morts, on ne dit que du bien ou on ne dit rien. Je suis bien vivant et toujours le maître de notre maisonnée. Tu n'as rien à faire ici ma soeur.

Epuisé par les longues heures de chevauchée de la journée, et plusieurs lunes de voyage, le chevalier sentait déjà sa patience s'effilocher sous le pâle soleil de la Couronne. Il hésita pendant de longues secondes à la renvoyer sans façon à Dorne. Même pour lui cela aurait été cruel et un danger inutile pour son héritière. Désarçonné par la haine qui transparaissait chez sa soeur, il ne pouvait que voir rouge. Toute autre personne sur cette terre se serait déjà vu lancer un duel par Sombre Astre et son sang tâcherait déjà le sol. La famille restait pourtant la famille et Gerold n'éprouvait aucun ressentiment face à Iliyanna. Seul le choc et la surprise se mêlaient au déplaisir de voir de tels propos dans une si jolie bouche.

Crois tu que je me trouve ici par plaisir et pour écumer un autre tournoi ? Je n'ai pas besoin de briller. Je suis Sombre Astre, tout Dorne me craint. Je n'ai pas besoin de voir quelques têtes de clou de l'Orage ou du Bief pour me le prouver. Evidemment que je suis ici au nom des Dayne et de Haut Hermitage. Or toi tu n'as rien à faire ici.

Même Gerold devait bien s'avouer qu'elle pouvait. En sa qualité de régente, elle le représentait. Rien ne lui interdisait de venir à un tournoi royal à moins que son frère ne le fasse expressément. Or ce qui se passait à Haut Hermitage... Et bien il était plus au courant des dernières nouvelles de Winterfell. Gerold grogna et enfonça un doit viril dans l'épaule de sa soeur.

Au moins tu as plus d'entrailles que notre défunt père. J'ai faim, je suis fatigué et j'ai soif. Allons nous restaurer et tu m'expliquera cette haine alors que tu devrai me baiser les pieds de t'avoir fait régente. Allons y.

Gerold fit signe à sa troupe de s'approcher puis se tourna vers sa soeur :

Tu as laissé notre tante derrière à Haut Hermitage ?

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Il m’est difficile d’appréhender les réactions de celui que je n’ai jamais connu. La haine que je lui voue est surtout une rancœur liée à son abandon. Le fait qu’il m’ait abandonnée moi, mais également toute la famille. J’aimerais que mes sentiments envers lui soient plus nuancés, mais comment le pourrais-je lorsque sa première approche se fait de manière aussi froide et presque violente.

Les mots de Gerold étaient comme des lames alors qu’il maintenait mon menton entre ses mains. Etais-je bien sa sœur, me demandait-il ? J’aurais préféré que ce ne soit le cas. Ses mots étaient tranchants et pourtant, c’était à se demander s’il ne s’adressait pas à lui-même ? Je ne dis rien sur l’instant, mais me reprocher de ne pas tenir mon rôle alors qu’il était celui qui avait fui.

Je remarquai Jaekar qui ne disait rien face à la scène, probablement trop effrayé à l’idée de se mettre entre nous, puis lorsque mon aîné relâcha enfin son emprise sur moi, j’osai évoquer père et sa volonté, un sujet que je savais délicat. Il prétendait que ce que voulait père ne me regardait pas mais ô combien il était dans le faux. Si je n’avais pas été nommée régente, alors non, ce ne serait pas mon affaire, mais mon frère semblait ne vouloir que les avantages de son rôle de seigneur de Haut-Hermitage et m’en laisser que les restes. Qu’avais-je fait de si grave pour mériter tel châtiment ? Etait-ce de mon fait qu’il n’ait aucun héritier ou qu’il souhaite voyager où sais-je ? Pas une seule missive, pas une seule directive, j’étais censée diriger notre maison seule sans même savoir quelles étaient ses attentes.

Je déversais mes mots et ma haine sans même pouvoir m’arrêter. Des piques lancées à droite à gauche, c’était un risque que je prenais et je ne m’en rendais compte qu’après coup. J’ai toujours eu cette tendance à parler avant de réfléchir, mais au moins il ne pouvait ignorer ce que je pensais. Il disait ne pas être là par plaisir, qu’il le faisait pour notre nom, notre maison, par devoir et que moi, en l’occurrence, je n’aurais pas dû être là.

« Tu aurais pu m’informer de ta venue malgré tout. »

Je ne peux deviner ses intentions, si je dois rester à Haut-Hermitage pour être régente, je dois être mise aux faits, je dois avoir de ses nouvelles et ce qu’il fait et ne fait pas. Quelle image va-t-on donner de notre nom si l’un agit d’une manière et l’autre d’une toute autre façon ?

Le ton changea radicalement et Gerold proposa d’aller se restaurer et de se poser. Il voulait que je lui explique cette haine. Il faut croire qu’il a les pieds loin d’être sur terre pour ne pas la comprendre et penser que, comme il l’affirme, je lui baiserais les pieds. Je ne dis rien pour l’instant, je suis également affamée et assoiffée. Je fais signe aux personnes qui m’ont accompagnées jusqu’à Port-Réal de suivre le mouvement. Puis, Gerold évoque tante Elyse, demandant si je l’ai laissée derrière nous à Haut-Hermitage. Je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire. Je ne l’aperçois pas, mais elle est bel et bien là.

« Crois-tu réellement qu’elle m’aurait laissée me rendre à la capitale sans m’escorter ? Je pensais que tu la connaissais mieux que cela. »

Je suis pour elle bien trop précieuse, m’a-t-elle souvent dit. Je n’ai même pas eu le temps de lui demander de m’accompagner qu’elle préparait déjà ses affaires. Je n’aurais pu me passer d’elle et de sa connaissance de la capitale.

« J’ai besoin de comprendre ce que tu attends de moi, mon frère. »

Dis-je pour reprendre le fil de notre conversation de manière plus posée, alors que nous marchons en direction du camp où nous pourrons nous restaurer.

« Lorsque tu m’as nommée régente, tu ne m’as donné aucune directive, tu es parti et l’image que tu m’as donnée est celle d’un homme qui fuit ses devoirs. Comment aurais-je pu savoir que tu représenterais notre famille pour ce tournoi quand l’invitation royale m’est arrivée directement. Aurais-je du m’abstenir de répondre et espérer que tu le fasses ? Je n’ai aucune idée de ce que tu fais, d’où tu es et je ne vais pas te faire la leçon sur ces choses-là, mais je te demanderai d’assumer ton choix. En tant que régente, il en va de mon devoir de prendre des décisions comme celle que j’ai prise en décidant de venir ici. »

Ce n’est pas facile pour moi d’assumer ce rôle. Lui baiser les pieds, a-t-il dit. Je n’ai guère voulu occuper cette fonction, et je n’ai encore moins été éduquée pour cela. Je suis certes bien entourée mais tout mon entourage m’aiguille sur les traces de mon père, et pas dans le sens où voudrait aller Gerold.

« Tu dis que ce que voulait Père de toi ne me regarde en rien, mais c’est là que tu te trompes, Gerold, cela me regarde depuis que tu as décidé de me donner le rôle qui t’incombait. Et tu parles de haine, mais je devrais t’accueillir avec un grand sourire et les bras grands ouverts quand tu ne m’as jamais accordé ne serait-ce qu’un regard fraternel de toute ton existence ? »
Gerold Dayne

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Ton audace est incroyable Iliyanna. J'aurais donc dû te prévenir de mon arrivée comme tu m'as prévenue de ton voyage ? Tu es régente, non seigneur. Il n'aurait été mestre Isembard, je n'aurai jamais rien su de Haut Hermitage. 

Gerold lisait à peine les rapports du mestre. Mais tant qu'il les recevait et que le ton de l'amant de sa tante n'était pas alarmé il considérait que son fief se portait bien. À vrai dire, tant qu'il pouvait subvenir à ses besoins à la cour des Martell, payer ses chevaux et ses armes, le chevalier n'en demandait pas tant. Lorsqu'il se tournèrent vers l'escorte de sa soeur, Gerold les observa d'un air dur et inquisiteur. Ce n'était pas la crème des soldats ou des domestiques de Haut-Hermitage mais ils convenaient parfaitement pour accompagner une noble dame à la capitale royale. Peut-être plus que d'autres, hautement allergiques à l'idée seule de quitter Dorne.

J'aurai préféré savoir Elyse à tes côtés. Elle connaît les moeurs de la Couronne et du Bief malgré ses idées délurées. Mais soit, je ne ferai pas pendre ton escorte.  

Son estomac commençait sincèrement à gargouiller, aussi il s'éloigna à grand pas. L'afflux de chevaliers, franc-coureurs, lavandières et autres putains de camp faisait ressembler les rues de Port-Réal à un immense charivari. Milles senteurs et saveurs se dégageaient de la foule où les accents se mêlaient aux patois. Les dorniens ne faisaient pas exception. Leur rue "attitrée" rassemblait à peine une centaine de membres, la plupart refusant de se mêler à ceux qui avaient assassiné leur princesse. Il fallut près de vingt minutes pour l'atteindre durant lesquelles Gerold resta silencieux. Il ruminait les paroles d'Iliyanna et réfléchissait à ce qu'il fallait faire d'elle. Le chevalier n'avait pas envie de s'embarrasser de sa présence dans sa suite mais il trouvait injuste de la renvoyer sans façon.  Le flot de ses pensées s'interrompit devant la bonne d'un ragoût de serpent, relevé d'épices et de piments. Gerold réclama deux bols avec une cruche de vin dornien, âpre et fort en bouche avant de montrer à sa soeur un banc où ils s'assirent tous les deux.

J'attends de toi que tu t'occupes de notre héritage et de celui d'Haut Hermitage. J'attends que tu me serves loyalement et me rendes fier. 

Le chevalier avala une première bouchée de ragoût et grogna de plaisir tandis que le brasier s'étendait dans sa bouche.

Je te trouve bien vive de me porter le blâme. M'as tu jamais mandé à Haut Hermitage ? As-tu seulement essayé de me rendre visite à Lancehélion ? Je t'ai nommée régente sans t'imposer de règles, je ne t'ai pas imposé de mariage. J'aurai pu rentrer dans notre demeure ancestrale, te trouver un vieux croûton des Conflans ou du Bief pour que tu épousailles et nommer notre tante et son amant de mestre régents avec la bénédiction de Mère. 

Gerold but une longue gorgée de vin avant de reprendre en agitant sa coupe en direction de sa soeur :

Notre Père était un imbécile, doublé d'un paresseux et d'un lâche. Notre oncle était le véritable homme de la maison, les Sept veillent sur son âme. Crois-tu que c'est Travan qui m'a envoyé chez les Wyl ? Non. Père aurait souhaité me garder à Haut-Hermitage, drapé dans un quelconque exil fantaisiste. Lors de ma première tournée en dehors des frontières de Dorne, dès que je me présentais les gens ne parlaient que d'une personne : Arthur Dayne, Chevalier du Matin. Même pas notre maison. Des Morru, des Rougefort et des Swyft sont plus connus que nous jusqu'à Lancehélion. Certains m'ont pris pour le jeune frère de notre cousine Allyria. Ai-je une tête à m'appeler Edric ? Alors, certes je ne te connais pas Iliyanna, je n'ai jamais fait cet effort. Ni ne le souhaite réellement. La réciproque est vraie. Sais-tu ce que l'on dit de moi et des Dayne de Haut Hermitage désormais ? Connais-tu seulement mon surnom et ce qu'on y associe ? 

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